Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 16:15

 

Dario Fo et sa femme Franca Rame

Dario Fo, qui souvent joue et met en scène ses propres pièces, a renouvelé par son style le genre Commedia

dell’arte et la farce médiévale en privilégiant l'improvisation, la performance verbale et physique de l’acteur et la profusion de gags ou de jeux de mots. Il utilise tous les langages dont il peur disposer, un peu comme les plasticiens détournent des objets usuels pour en faire des objets d’art. On trouve ainsi dans ses textes le recours à des parlers populaires mêlés d'accents régionaux, de formules idiomatiques et même de phrases murmurées parfois inaudibles. [1]

Son théâtre se caractérise par une esthétique brute –certains disent grotesque- basée sur des allusions, des références grivoises ou parfois scatologiques, un grand sens de l'économie de mise en scène. Très souvent, un même acteur interprète plusieurs personnages, plusieurs rôles comme dans le théâtre grec antique, utilise quelques accessoires, porte un masque ou un accoutrement quelconque et un simple maquillage volontairement trivial ou bouffon.

De cette façon, Dario Fo a voulu se libérer des contraintes classiques de la représentation scénique pour en donner une parodie et faire ressortir sa nature artificielle, refusant de se lier à la réalité de la vie quotidienne, privilégiant le recours à l’invraisemblable et à l’invention. Il tend ainsi à « extérioriser » sa pièce en inscrivant le spectacle dans un environnement global, les acteurs par exemple apostrophant le public, faisant des commentaires sur les objets du décor, critiquant sans fard les contraintes des répétitions ou la progression dramatique de la pièce.

A travers des formes de comique, de fantaisie et de satire, son objectif se veut une contestation radicale de la société de son temps : dénonciation des mœurs de la bourgeoisie, du rôle du libéralisme, [2] du clergé [3] et de l’armée, [4] ce qui lui valut d’être souvent victime de la censure et qui culmina en 1962 dans un véritable « lynchage médiatique » lors de l’émission télévisée, Canzonissima, dont l’audience fut autrement importante que celle de représentations sur de petites scènes de théâtre.

 

Notes et références

[1] Par exemple, sa pièce Mystère bouffe est un spectacle inspiré des mystères et des jongleries populaires du Moyen-Áge, utilisant le Gremelot, un langage fait de dialectes et d’onomatopées pour susciter le rire ironique de l’auditoire.

[2] Sa pièce Faut pas payer, qui inaugure son propre théâtre en 1974, est une satire haute en couleurs et ironique du monde industriel et de la société de consommation.

[3] Par exemple dans sa pièce Le pape et la sorcière (Il papa e la strega) en 1989, charge anticléricale sur le thème d’une loi anti-drogue très répressive.

[4] Comme dans Isabelle, trois caravelles et un charlatan, histoire revue et corrigée de Christophe Colomb, contenant nombre des répliques moqueuses sur l’armée.

 

Faut pas payer ! (Non si paga, non si paga !, connue aussi sous le titre On ne paie pas, on ne paie pas !), 1973

Comédie qui se situe dans l’Italie des années soixante-dix à Milan, une ville qu’il connaît bien. Le fil conducteur est l’histoire d’un groupe d’ouvrières qui ne supportent plus l’augmentation du coût de la vie et, au comble de l’exaspération, décident de dévaliser le supermarché de leur quartier. Mais tout le mode réagit et se ligue contre elles, de leurs propres maris. La confrontation provoque de nombreux quiproquos comme cette femme qui, cachant ses menus larcins sous ses vêtements,  affirme qu’elle est enceinte pour berner tout le monde.

 

La pièce passe par la farce sociale pour parler des problèmes de société comme la délocalisation industrielle et le chômage, la faim ou l’absence de logement, le poids particulier imposé aux femmes au quotidien, les difficultés imposées aux plus défavorisés dans nos sociétés développées, tous ceux qu’on range pour simplifier dans le groupe du « quart monde ».

http://p2.storage.canalblog.com/25/96/714221/50624099.jpg   Faut pas payer ! avec Julie Jézéquel , Pascal Destal, Lorène Guillemin...

                                                                             Théâtre de la gargouille - Bergerac

 

Mystère bouffe, (Mistero buffo), spectacle théâtral joué pour la première fois en 1969 en Italie et en 1973 au Festival d’Avignon par le collectif Nouvelle Scène Internationale, dans une mise en scène d’Arturo Corso.

Dario Fo, Mystère bouffe. « Jonglerie populaire », traduit et adapté par G. Herry, Paris, Dramaturgie Éditions, 1984, postface de J. Guinot et F. Ribes.

 

Ce « Mystère » s’inspire d’une tradition italienne datant des XIIIème et XIVème siècles, genre alors en vigueur qui avait périclité au cours du temps. En usant de longs monologues, l’acteur explique et commente le contexte du texte qu’il entend jouer, en s’aidant de manuscrits ou de peintures murales médiévales. On y rencontre au fil du spectacle de multiples personnages, un jongleur, un fou, des joueurs, un ivrogne ou un vilain se mêlent à des soldats, un chef des gardes, y croisent des personnages bibliques comme un ange ou la Vierge Marie et même le pape Boniface VIII, caricature du message biblique. Autant de figures bouffonnes sur fond de mystère christique.

 

Spectacle total, sans plus de distinction entre la scène et le public, Dario Fo le jouait en communion avec ce public, n’hésitant pas à faire appel à lui, à improviser pour rendre le spectacle unique, usant d’un langage qui n’est compréhensible qu’à travers l'intonation et la gestuelle qui l'accompagnent Fo en profite pour dénoncer la récupération de l'histoire populaire par le pouvoir, la confection d’une histoire officielle qui occulte révoltes et soulèvements populaires.

 

Théâtre Jacques Cœur - Lattes (34)

 

Histoire du tigre et autres histoires, 1978

 

Monologue théâtral d’un soldat, un homme du peuple,  qui raconte le rôle providentiel qu’un tigre a joué dans ses aventures. Le peuple s’identifie au monde animal –celui du tigre chez les chinois- contre le monde politisé des puissants.

Au temps de la Longue Marche, l’armée chinoise de Mao se replie et laisse derrière elle un pauvre soldat blessé à un pied, très mal en point, gagné par la gangrène. Réfugié dans une grotte, il est sauvé par une tigresse qu’il aide à son tour mais il préfère aller s’installer dans un village… suivi de la tigresse et de son petit. Après bien des péripéties, ils parviendront tous à s’entendre. Unis, ils repousseront les envahisseurs, des armées de Tchang Kaï-Chek à celles du Japon, et même les soi-disant représentants du peuple qui finissent par s'enfuir, laissant le village en paix.

 

 Mort accidentelle d’un anarchiste, 1970

 

Dans cette pièce tirée de faits réels, Dario Fo transpose deux défenestrations : celle de l’anarchiste italien Andrea Salsedo par la police de New York en 1920 et celle de Giuseppe Pinelli par la police milanaise en 1969. [1]

 

« A la première lecture de "Mort Accidentelle d'un Anarchiste", j'ai été totalement émerveillée par l'humour et l'ironie avec laquelle Dario Fo traite un fait divers terrible: un cheminot anarchiste fait une chute mortelle, du 4ème étage d'un commissariat.... Le sujet de la pièce qui laisse augurer un drame devient au contraire le prétexte à une farce satirique sur la police, le pouvoir et la justice, nul n'est épargné... »

Ivola Pounembetti, metteur-en-scène, La Rochelle, 2013-2013

Positions inconciliables : « Suicide » conclut la justice, « meurtre » insinue la rumeur publique. Un fou s'introduit dans un commissariat jouant successivement différents personnages, un enseignant, un juge, un capitaine... jusqu'à embarquer tout le monde dans des situations inextricables qui impliquent diverses fonctions de l'Etat. Son action va peu à peu saper la version officielle et pousser tout ce beau monde dans ses retranchements, renvoyant chacun à sa propre responsabilité.

[1] En 1969, une bombe explose dans la Banque Agricole, à Milan. Et immédiatement, on arrête l’anarchiste Giovanni Pinelli, pour constater quelques années plus tard que l'Etat italien était largement impliqué dans cet attentat.

  

   

Affiches de la pièce à La Rochelle  et à Arcueil, théâtre de l’épopée

 

Récits de femmes, Dario Fo et Franca Rame, 1970

Deuxième volet de la trilogie "Récits de femmes" composé de « Nous avons toutes la même histoire », « Une femme seule » et « Couple ouvert à deux battant »

 

Elles s’appellent Marie, Gina ou Antonia, sont émouvantes et parlent de leur quotidien avec conviction et justesse ; elles se sentent souvent seules et ignorées, niées même dans leur condition féminine, confiant ainsi leur détresse et leurs espoirs. Seul le rire libérateur de Dario Fo peut à son tour désamorcer le tragique et nous faire réfléchir.  

« Nous avons toutes la même histoire » : Gina a oublié de prendre la pilule et le soir venu, son petit ami insiste pour faire l’amour avec elle. Et bien sûr, ce qui devait arriver… On s’insinue dans les états d’âme de Gina prise dans des sentiments contradictoires, entre tentation, désir et volonté de résistance qui la conduiront à finalement accepter cette maternité non désirée. 

Etats émotionnels ambivalents, conflictuels entre son besoin de caresses et la peur de tomber enceinte, jusqu’à rouler en boule un tissu qu’elle tient contre elle comme un nouveau-né.

« Une femme seule » : Marie est une femme au foyer comme on dit, plus considérée dans son rôle traditionnel d’épouse, plus objet sexuel et robot domestique que comme femme épanouie. Une femme engluée dans sa situation, une impasse sans espoir, coincée entre un beau-frère obsédé sexuel, lourdement handicapé et la violence de son mari.

« Couple ouvert à deux battant » : Histoire assez sordide du trompeur trompé, où le mensonge sert de conduite. Antonia est affligée de Massimo, un mari effrontément volage qui culpabilise et lui joue une nouvelle fois la scène du suicide. A bout d’arguments, il lui suggère de faire la même chose et de prendre à son tour des amants. Mais quand elle lui annonce qu’elle le trompe… c’est une tout autre histoire…

 

recit de femmes - theatre funambule

 

 

 

 

 

 

Récits de femme au théâtre du funambule, Paris 18ème 

 

  <<<< Christian Broussas - Italo Calvino - 20 avril 2013 <<< © cjb © • >>>

Partager cet article
Repost0
18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 13:50

Dario Fo et Franca Rame

Prix Sonning en 1981, Prix Nobel en 1997 

 

Franca Rame, la complice de Dario Fo Dario Fo et sa femme Franca Rame

Avec Dario Fo, c'est un saltimbanque qui entre au pays du Nobel et reçoit le prix Nobel de littérature en1997. Un prix qui lui fut décerné pour avoir entre autres « dans la tradition des bateleurs médiévaux, fustigé le pouvoir et restauré la dignité des humiliés. » [1]

 

Doué en dessin et en peinture, il n'était pas spécialement destiné à devenir l'un des plus grands dramaturges italiens, un « homme de théâtre complet », l'égal de Goldoni, ce qui est pour lui le compliment suprême. Encore, et il l'a rappelé lors de son discours de Stockholm, il préfère entre tous un autre auteur italien Angelo Beolco dit Ruzzante, « un extraordinaire homme de théâtre de ma terre, peu connu ... même en Italie. Mais qui est sans aucun doute le plus grand auteur de théâtre que l'Europe ait connu pendant la Renaissance avant l'arrivée de Shakespeare. » 

 

Les sept premières années de sa vie, il les a relatées dans un roman picaresque dans le village de Mezaràt situé sur la rive italienne du lac Majeur."Mezaràt" signifie "chauves-souris" en dialecte lombard, surnom des contrebandiers et des pêcheurs qui vivaient la nuit, comme les chauves-souris justement, autoportrait «d'un Nobel en petit garçon, peint avec l'élan et le comique d'un grand maître, » écrira le journal  Repubblica delle donne. On y côtoie des souffleurs de verre et bien sûr la famille, un père cheminot et antifasciste, un grand-père horticulteur et truculent et une mère si sensitive, si affectueuse.

 

Il naquit en 1926 dans le village de Sangiano près de Varese en Lombardie du nord, où son grand-père qui était un "fabulatore" apprécié, l'initia très tôt au théâtre populaire et à la tradition orale mais il entreprit d'abord des études d'art et d'architecture à Milan avant de se lancer dans l'écriture. [2]

 

Sans elle, sans Franca Rame, il n'existerait pas, affirme-t--il.  [3]« Je dois mon Nobel à cette dame, sans elle je ne l’aurais pas eu ! » Il l'épouse en 1954 et depuis ils sont inséparables dans la vie, leur militantisme, ils assurent la mise en scène et  ont écrit plus de 70 comédies et quelque 300 monologues. [4] « Franca ne recule devant rien !  Elle a le courage d’exprimer certaines idées, certaines valeurs, la constance, le rationalisme, l’ordre au milieu de tout le désordre que j’organise à tout moment... » ajoute Dario Fo. Elle l'a payé cher puisqu'en 1973, elle est enlevée, torturée et violée par des militants d'extrême-droite, cachant cette terrible expérience jusqu'à ce qu'elle écrive et joue « Viol ».  

 

Pour faire bouger la société, ils refusent de poursuivre un rôle de bouffon de la bourgeoisie au pouvoir, ils jouent dans les usines et les maisons du peuple, s'inspirant de l'idée du TNP Théâtre National Populaire et des pièces de Bertold Brecht.

 

Pour éviter le plus possible les contrôles et la censure, -que la police arrache leurs affiches sur demande de l'église ou que leurs textes soient "expurgés"- ils s'organisent, les spectateurs deviennent des adhérents et chaque pièce est suivie d'un débat. Aux élections municipales de Milan le 29 janvier 2006, il obtient 23% des voix, restant conseiller municipal [5], « ce qui est certain, dit-il, c'est que je serai toujours là pour déranger.» [6]

Sur sa pierre tombale, il souhaite que l'on inscrive: «Le clown est mort. Riez ! »

 

   

      Le couple lors d'une manifestation en décembre 2005

 

Notes et références

[1] Voir sa présentation dans la Notice des prix Nobel

[2] Il travailla ensuite à la radio, y écrivant toute une série de monologues intitulée Poer nano ("Pauvre nain") et débuta comme acteur en 195.

[3] Franca Rame, issue d'une famille d'acteurs ambulants, est née à Parabiago, petite ville de la province de Milan

[4] Le 24 juin 1954, elle épouse Dario Fo à Milan dans la basilique Saint-Ambroise et de cette union naîtra leur fils Jacopo le 31 mars 1955.

[5] Sa femme Franca a été élue sénatrice du Piémont en 2006

[6]  Interview de Paola Genone en 2006

 

Bibliographie en français 

* Allons-y, on commence : farces, François F. Maspero, 1977
* Mort accidentelle d'un anarchiste, Paris, Dramaturgie, 1983
* Mystère bouffe : jonglerie populaire, Paris, Dramaturgie, 1984
* Histoire du tigre et autres histoires, Paris, Dramaturgie, 1984
* Récits de femmes et autres histoires, avec  Franca Rame, Dramaturgie, 1986
* Le Gai savoir de l'acteur, Paris, L'Arche, 1990
* Johan Padan à la découverte des Amériques, Paris, Dramaturgie, 1995
* Mort accidentelle d'un anarchiste ; Faut pas payer ! Paris, Dramaturgie, 1997
* Récits de femmes  : suite, Paris, Dramaturgie, 2002
* Le pays des Mezaràt : mes sept premières années ( et un peu plus),  avec Franca Rame, Plon, 2004

 

Voir aussi  

* Dossier sur Dario Fo  et Culture italienne

* Présentation de La parlerie grotesque

* Présentation de L'apocalypse différée

 

dariofo File:Dario Fo, Franca Rame, Jacopo Fo.jpg  

Char Dario Fo au carnaval de Viareggio                                            Naissance de Jacopo en 1955


       <<<< Christian Broussas - Italo Calvino - 18 avril 2013 <<< © cjb © • >>>

 

 

Partager cet article
Repost0
16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 11:08

Italo Calvin, San Remo et Rome

 

Italo Calvino entre fantastique et réalisme

 

   

              012_La panchina di san Remo012

  Calvino dans sa jeunesse à San Remo           Calvino San Remo 1942 (2ème à droite)

 

Des deux premières passées à Santiago de Las Vegas, près de La Havane où il est né en 1923, Italo Calvino n'en garde aucun souvenir. Il passe son enfance à San Remo dans l'Italie d'après-guerre, curieux de la nature que lui enseignent ses parents, Mario son père agronom et sa mère Eva Mameli botaniste, curieux aussi du "boom" de l'immobilier durant ces années et la spéculation qu'il décrit dans son roman "La spéculation immobilière". A travers l'histoire romancée d'un exode rural, il traitera dans "Marcovaldo" l'influence du monde urbain sur les individus et sa propension à modifier leurs rapports à la nature.

 

Son parcours sera celui de beaucoup d'intellectuels, antifasciste, il combat pour la libération de son pays, rejoint la Résistance, les Brigades Garibaldiennes en 1943 puis le Parti communiste. S'il publie son premier livre Le sentier des nids d’araignée en 1947 grâce à Cesar Pavese, c'est en 1951 qu'il publiera son oeuvre la plus célèbre intitulée la   « trilogie des Ancêtres »  Le vicomte pourfendu ", " Le baron perché " et  " Le chevalier inexistant ".

 

Toujours comme beaucoup d'intellectuels, il rompt avec Parti communiste italien après l’intervention soviétique en Hongrie. Il vit ensuite ce qu'il appelle ses « années d'ermite » qu'il passe à Paris entre 1967 et 1980, rejoint le groupe l'OuLiPo [1] dirigé par son ami Raymond Queneau, se lie avec Georges Perec et Roland Barthes."Si par une nuit d’hiver un voyageur" est l’œuvre de Calvino la plus marquée par l’influence des théories de l’OuLiPo. Elle se compose de onze fragments qui constituent un vaste panorama  des formes romanesques, illustrant les mécanismes du rapport entre le lecteur et le roman. [2]

 

En tant qu’écrivain, Italo Calvino est à la fois un théoricien de la littérature, [3] un écrivain réaliste et, surtout pour le grand public, un fabuliste ironique, passant du néo-réalisme d'après-guerre à la recherche formelle puis à la littérature populaire. De l'esthétique de Calvino, Roland Barthes disait que ce qui transparaît est d'abord une sensibilité, dans ses notations « une ironie qui n’est jamais blessante, jamais agressive, une distance, un sourire, une sympathie. » [4]

 

Alors qu’il est en pleine préparation de ses Leçons américaines pour l’université d’Harvard, il meurt d'une hémorragie cérébrale à l'hôpital de Sienne le 19 septembre 1985 à l'âge de 62 ans. L’écrivain Salman Rushdie disait de lui : « Il met sur le papier ce que vous saviez depuis toujours, sauf que vous n'y aviez pas pensé avant." »

 
       Calvino et Jorge Luis Borges        

 

Quelques citations

«  Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire. » (Pourquoi lire les classiques ?)
«  C'est le propre de l'homme que d'attendre. De l'homme juste d'attendre avec confiance ; de l'injuste, avec crainte. » (Le Vicomte pourfendu)
«  Il mourut sans jamais avoir compris, après une vie toute entière consacrée à la foi, en quoi au juste il pouvait croire - mais s'efforçant d'y croire fermement, jusqu'à la fin. » (Le Baron perché)
«  Chaque fois que je cherche à revivre l’émotion d’une lecture précédente, j’éprouve des impressions nouvelles et inattendues, et je ne retrouve pas celles d’avant. » (Si par une nuit d'hiver un voyageur)
«  L'humain va jusqu'où va l'amour, il n'a d'autres limites que celles que nous lui donnons. » (La journée d'un scrutateur, page 94)
«  Je pense avoir écrit une sorte de dernier poème d'amour aux villes, au moment où il devient de plus en plus difficile de les vivre comme des villes. » (Les villes invisibles, préface)
«  Ils se taisaient: la buée parlait pour eux. » (Marcovaldo, page 59)

 

Notes et références

 

[1]  OuLiPo (ouvroir de littérature potentielle) : acronyme dû à l’essayiste Albert-Marie Schmidt, mouvement littéraire français comprenant notamment Raymond Queneau, Georges Perec, Jacques Roubaud, qui fit des recherches sur le formalisme littéraire et la notion de contrainte

[2] Dans la Mécanique du charme, Roland Barthes parle du « caractère réticulaire de la logique narrative ». Cette construction en réseau, faite de circuits, de chemins, de liens, est particulièrement à l’œuvre dans l’ouvrage de Calvino les Villes Invisibles, publié en 1972. Il dit lui-même de son livre : « Dans Les Villes invisibles… peu à peu ce schéma est devenu tellement important qu’il est devenu la structure portante du livre, l’intrigue de ce livre qui n’avait pas d’intrigue ».

[3] Voir par exemple ses deux articles : La mer de l'objectivité et Le défi au labyrinthe où il essaie de définir sa propre poétique dans un monde complexe et difficilement compréhensible.

[4] La mécanique du charme, préface du Chevalier inexistant  par Roland Barthes

 

Voir aussi

 "Dans la peau d'Italo Calvino", film documentaire réalisé par Damian Pettigrew avec Neri marcorè, produit par Portrait & cie, DocLab, participation de  ARTE et Yle. Une plongée dans la vie et l'œuvre de l'un des plus grands écrivains italiens du XXème siècle.
* Jean-Paul Manganaro, « Italo Calvino, romancier et conteur », éditions du Seuil, 2000
* Italo Calvino : La spéculation immobilière


      Calvino con la figlia Giovanna da piccola e la moglie Chichita  Calvino en famille

              <<<< Christian Broussas - Italo Calvino - 16 avril 2013 <<< © cjb © • >>>

 

Partager cet article
Repost0
14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 20:50

    Les Goncourt en mars 1861

 

 L'aîné Edmond de Goncourt naît à Nancy en mai 1822 et Jules son cadet de huit ans naîtra à son tour pendant les troubles politiques de 1830. Mais très vite, leurs proches disparaissent :  le père meurt alors qu'il sont tout jeunes et deux ans après, leur soeur est emportée par le choléra. En 1848, c'est au tour de leur mère de rejoindre son mari et sa fille. Edmond se sentira alors responsable de son jeune frère, « Ma mère, sur votre lit de mort, vous avez mis la main de votre enfant chéri et préféré dans la mienne, en me recommandant cet enfant avec un regard qu’on n’oublie pas. » dira-t-il avec émotion.

   La maison d'Auteuil

 Leur seule consolation, c'est de pouvoir abandonner un travail qu'ils ne prisent guère pour vivre assez confortablement de leur héritage et se consacrer pleinement à leur passion : l’art et la littérature. En fait, touche-à-tout des arts, ils s'essayent à différente formes d'arts,  le dessin et l'aquarelle, les techniques de l’eau-forte et de la gravure, s'improvisent tour à tour antiquaires -Edmond est un incorrigible collectionneur- historiens, journalistes et enfin...  romanciers.

 

 JPEG - 30.5 ko  

 

Le berceau familial

Le village de Goncourt    
 

 Goncourt est d'abord un village de Haute-Marne, "entre Champagne et Lorraine, sur les bords de la Meuse, c'est là que les frères Goncourt puisent leurs racines et passèrent toutes leurs vacances de jeunesse. La Papeterie acquise en 1786 par leur arrière grand-père, témoigne de ce passé familial à Goncourt et dans la commune voisine de Bourmont. C'est dans ce chef-lieu de canton qu'ont vécu leurs aïeux  Jean-Antoine Huot de Goncourt (1753-1832) qui sera magistrat de la Sûreté Impériale à Neufchateau, ses deux fils Pierre-Antoine Huot de Goncourt (1783-1867), officier d'artillerie sous l'Empire et député des Vosges aux Assemblées Nationales de 1848 et 1849, et Marc-Pierre Huot de Goncourt, père d'Edmond et de Jules. Les deux frères firent de nombreux séjours de 1834 à 1878 chez leurs cousins Labille à Bar-sur-Seine, qu'ils évoquent dans leur journal.

 

 Les deux frères se rendirent aussi souvent en vacances chez leur oncle qui habitait une superbe demeure du XVIIIème siècle, appelée maintenant La maison des Goncourt, située au n°2 de la place Jeanne d'Arc dans la petite ville de Neufchâteau dans les Vosges. 

 

       

La maison de Bar-sur-Seine                                La maison de Neufchâteau

 

Le Grenier des Goncourt à Paris XVIème

En 1868, à la recherche d’un peu de calme et de verdure, Les frères Jules et Edmond de Goncourt quittèrent la rue Saint-Georges dans le 9ème arrondissement pour aller s'installer dans la maison d’Auteuil située Boulevard de Montmorency. [1] Celle qu'on appela La maison des Goncourt  [2] se présentait comme un salon de peinture car chaque pièce correspondait à une collection spécifique. Edmond en fait le tour du propriétaire dans son livre La maison d’un artiste paru en 1880 avec grand souci du détail. [3]

 

 C'est un petit hôtel particulier sans confort les premiers temps, avant qu'ils fassent exécuter des travaux. Ils espèrent y trouver le calme au milieu de leurs œuvres d'art, notamment des bronzes japonais et des porcelaines de Chine. Le petit salon, tendu d'andrinople rouge, contenait des dessins, des lavis, des aquarelles d'Oudry, de La Tour, de Boucher, de Watteau et d'Hubert-Robert et Le grand salon, des terres cuites de Claudion. La salle à manger, permettait d'exposer des bronzes du XVIIème, l’escalier des albums japonais, le cabinet de toilette des porcelaines de Saxe et le boudoir, des tapis persans. Ils feront ensuite aménager le second étage pour exposer toutes leurs collections et recevoir le dimanche après-midi la brillante société littéraire formée notamment d'Emile Zola, Alphonse Daudet, Guy de Maupassant, Huysmans, Théophile Gautier, habitués du fameux grenier des Goncourt.

 

 Jules n’en profitera pas beaucoup puisqu'il meurt  de maladie en  1870, Edmond lui survivant jusqu'en juillet 1896, victime d'un bain trop froid, dans les bras d’Alphonse Daudet à Champrosay dans l'Essonne. [4] Il faudra attendre la vente de la maison et la première réunion le 26 février 1903 des sept premiers membres du groupe, Huysmans, Octave Mirbeau, Léon Hennique, Gustave Geffroy, les deux frères Rosny et Paul Margueritte,  dans un salon du Grand Hôtel, près de l’Opéra [5] pour que naisse L'Académie Goncourt et son célèbre prix.

 

 Notes et références

[1] au 53 de l'avenue de Montmorency, devenu aujourd’hui le numéro 67

[2] La maison est devenue le siège de la Maison des écrivains et de la littérature (Mel), qui a pour vocation de fédérer les écrivains et de les représenter, de les défendre et, à travers eux, de promouvoir la littérature.

[3] Les chapitres ont pour titre: Le Vestibule, La salle à manger, les salons, l’Escalier, le Cabinet d’Extrême-Orient

[4] Acquise quelques années après le mariage d’Alphonse Daudet avec Julia Allard, originaire de Draveil, la maison de Champrosay est le lieu de villégiature estivale de prédilection de l'écrivain

[5] Rejoints plus tard par Léon Daudet, Élémir Bourges et Lucien Descaves

 

  

L'un des premiers déjeuners chez Drouant en 1926 avec notamment les frères Rosny (à droite, debout et assis)

 

Voir aussi

* Magazine littéraire        La maison des Goncourt 

 * Terre des écrivains et les Goncourt : La maison de l'avenue de Suffren, La crèmerie de la rue Saint-Georges

 

 << Christian Broussas - Les Goncourt - 15 avril 2013 <<< © cjb © • >>

Partager cet article
Repost0
12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 16:40

L'ECRIVAINE TONI MORRISON : SULA

 

<<<< Voir aussi la fiche Toni Morrison écrivain avant tout >>>>

 

T Morrison.jpg

Référence : Toni Morrison, "Sula", édition poche 10/18, 188 pages, février 1993, isbn 2264021055

 

Ce roman raconte l'histoire d'une femme noire américaine, Sula qui vit alors dans un quartier réservé aux noirs dans l'état de l'Ohio, de 1919 à 1965, quartier noir nommé Le Fond dans la petite ville de Medallion.

 

Sula est indépendante et décide de quitter Medallion pour découvrir le reste de l'Amérique et quitte alors son amie Nel. Quand elle revient longtemps après, tout a changé -elle aussi bien sûr- et son amie Nel est mariée et mère de famille.

Nel Wright et Sula Peace, toutes jeunes filles filiformes, eurent douze ans en 1922. Nel était plutôt claire -couleur de papier de verre mouillé- échappant aux quolibets les plus acerbes et au mépris des vieilles femmes championnes des histoires de métissage de leur communauté. Sula était plus sombre, d'un marron brun avec de grands yeux paisibles, des yeux purs pailletés d'or.

 

À travers le parcours de Sula et la description d'une communauté noire mise à l'écart par les Blancs, qui couvre une grande partie du XXème siècle, Toni Morrison développe ses thèmes favoris et le racisme propre à cette époque. Ses personnages sont à l'image de ces deux communautés antagonistes, qui s'ignorent le plus souvent, Sula, fille puis femme noire libre et donc à part, rejetée, Nel qui fait le choix contraire de se fondre dans les règles de sa communauté et de devenir épouse et mère conventionnelle.

 

Elle traite également la vie des femmes noires, vie d'autant plus difficile qu'elles sont femmes représentant le "sexe faible" et noires, c'est-à-dire considérées comme étant de "race inférieure". Elle décrit ainsi le racisme quotidien, insidieux, parfois brutal, où la peur et la solitude sont des composantes essentielles de la vie dans cette petite ville typique des Etats-Unis, où les femmes doivent lutter à la fois contre l'"ennemi", le blanc, mais aussi contre leur propre communauté qui leur a assigné une place qu'elle ne doivent pas quitter sous peine d'être rejetées.

 

      

 

Commentaires critiques
- "Sula, c'est l'histoire d'une amitié féminine, puis d'un désamour ; le portrait d'une paria qui invente avant l'heure, et pour son seul usage, la liberté brûlante de la femme moderne."
Manuel Carcassonne, Le Figaro littéraire 1993

- "Sula, c'est aussi le récit des passions et des liens qui se tissent et se brisent autour de trois femmes, trois générations, qui choisissent leur vérité contre celles des autres, affichent leur différence et se créent un espace de liberté."
La Quinzaine littéraire 1994

 

 

Liens externes
Femmes écrivains     Bebook         Zoom sur son œuvre

 

Mes fiches sur Toni Morrison
* Toni Morrison écrivain avant tout -- Love -- L'origine des autres --
* L’œil le plus bleu - Sula -- Home -- Délivrances -V1-Délivrances V2 --


<<< Ch. Broussas - Feyzin, 5 août 2012 - © • cjb • © >>>> 
Partager cet article
Repost0
12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 13:44

Ernest Hemingway vécut dans sa maison de Key West, 907 Whitehead Street , située dans le sud-est des États-Unis, dans l'état de Floride. [1] entre 1927 et 1939. [2] C'est dans cette demeure de style colonial  franco-espagnol, dans ce lieu d'inspiration, qu'Ernest Hemingway a écrit  quelques-uns de ses plus romans les plus connus, comme « Mort dans l’après-midi » en 1932. [3] Auparavant, Hemingway avait occupé une chambre au-dessus du garage Ford de la rue Simonton.

 

En général, il réservait la matinée à son travail d'écriture dans un bureau aménagé au second étage de la maison où ont grandi ses deux  fils Patrick et Gregory. Là-bas, il fit notamment la connaissance de Charles Thompson et Joe Russell, un tenancier de bar, qui l'initièrent à la pêche au gros. [4] Il semble bien que ce dernier ait fortement inspiré le personnage de Freddy dans "En avoir ou pas", roman largement marqué par le Key West des années de crise,

 

Il fallut attendre l'année 1964 pour que la résidence soit transformée en musée et classée ensuite National Historic Landmark.

 

     le salon du deuxième  Le salon

Maison de Pauline et Ernest Hemingway, rue Whitehead à Key West

 

L'intérieur est surtout constitué de meubles que sa deuxième femme Pauline avait achetés lors d'un séjour en Europe, surtout de belles antiquités espagnoles du XVIIIe siècle. Il y recevait ses amis, en particulier l'écrivain John Dos Passos ou l'artiste peintre Waldo Peirce et sa famille. On y trouve aussi beaucoup d’objets et d’affaires personnels, son fauteuil fétiche venant de Cuba, des photos anciennes et des coupures de journaux, ainsi que sa célèbre machine à écrire Royal; les livres décorant les murs rappellent ses séjours à l’étranger.

 

A l'extérieur, on peut se promener dans les magnifiques jardins luxuriants ponctués de statues d’éléphants autour de la piscine d’eau salée, la première de Key West qui lui coûta si cher, disait-il, que son "dernier" penny y est  incrusté dans le ciment.

 

Les chats polydactyles qui entourent la maison "Hemingway" proviendraient de son chat nommé Snowball.  Après son divorce en 1940, il abandonna la maison de Key West et y revint rarement, séjournant alors surtout à La Havane.

 

Hemingway Days, Key West   

Hemingway à Key West             A son bureau                                  avec sa femme Pauline                      

 

[1] Hemingway Home and Museum, 907 Whitehead Street, Key West, FL 33040 – USA

[2] Il écrivit à Key West les trois-quart de ses œuvres, notamment L'adieu aux armes, Les neiges du Kilimandjaro, Les vertes collines d'Afrique ou Pour qui sonne le glas.
[3] C’est l’oncle de Pauline, Gus Pfeiffer, qui acheta en 1931 la maison de la rue Whitehead et l'offrit au couple comme cadeau de mariage

[4] Voir son roman "Le vieil homme et la mer"

 

la piscine à l'eau salée             vue du jardin

La fameuse piscine d'eau salée          Vue des jardins luxuriants

 

Voir aussi sur Hemingway :

* Hemingway à Paris ----  Ses lieux préférés  ----  1921-1923


Voir aussi mes fiches sur les écrivains américains :

* Toni Morisson, L'oeil le plus beauToni Morrison, Sula

* Saül Bellow, Ravelstein,


Hemingway et "Sloppy" Joe Russell

 

<<< Christian Broussas - Feyzin, 5 avril 2013 - << © • cjb • © >>>> 
Partager cet article
Repost0
2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 15:11

Dans la famille Robin, Hadrien Robin (1591-1666), prototype tourangeau des grandes familles de financiers, fut l’un des plus importants financiers du XVIème siècle et fit partie de ceux qu’on appelait « Ces Messieurs des Gabelles ». [1]

        

 

Avec son ami Claude Chatelain [2] et son parent Thomas Bonneau, il exerça un véritable monopole financier entre 1630 et 1660, participa largement à l’effort de guerre pendant la guerre d’Espagne –dite guerre de Trente ans- jusqu’à la signature du traité des Pyrénées en 1659 et sut aussi rejoindre à temps Mazarin et le pouvoir royal pendant La Fronde. Comme investisseur, il intervint en particulier dans les Fermes générales, participant aux Grandes Gabelles entre 1632 et 1663 et au Convoi de Bordeaux [3] entre 1641 et 1652. [4] De même, son autre tante Catherine Robin épousa un Charles Quentin qui n'est autre que le frère de Bonaventure Quentin, tourangeau lui-aussi, grand financier, fermier général des Gabelles de France de 1632 à 1655 et l'un des fondateurs de la compagnie de la Nouvelle-France. [5]

         

Hadrien Robin représente le symbole même des liens et alliances qui existaient entre les grandes familles qui alimentaient le pouvoir royal en liquidités. Sa tante Suzanne Robin (marié à Thomas Bonneau père) fut la mère des frères Jacques et Thomas Bonneau. Ses deux frères, alliés à Hadrien dans les affaires financières, illustrent bien ces interconnexions et interdépendances entre grandes familles. [6]  Le premier Charles-Daniel Robin épousa Madeleine Scarron, la cousine germaine de Michel-Antoine Scarron, grand financier lyonnais et principal fermier général des Gabelles de France en 1632. [7] Son second frère Daniel Robin, contrôleur des décimes de Touraine,  épousa Geneviève Colbert [8], petite cousine de Jean-Baptiste Colbert, le contrôleur général des finances,  et dont la sœur Marie Colbert épousa le financier Nicolas Camus. [9]

 

Ainsi fonctionne alors le maillage étroit entre familles de robe et patriciennes dont Hadrien Robin fut l’une des chevilles ouvrières, au centre de la toile financière avec les frères Bonneau. La parentèle avec les  "colbertides" explique aussi qu’il échappa largement aux foudres de la Chambre de justice de 1661. [10]

Le Coeur de l'État

Notes et références

[1] Voir le livre de Daniel Dessert, « L’argent du sel », chapitre II "Messieurs des Gabelles", Fayard, 2012
[2] Claude Chatelain (1610-1686), cousin de Marion de Lorme et parent du grand financier Etienne Pavillon, il deviendra secrétaire du Conseil des finances du roi.
[3] Voir la présentation du Convoi de Bordeaux
[4] Voir références Archives Nationales, MC, XVI, 261 bis, 01/08/1648
[5] Voir Jean-Pierre Surrault, Histoire de la Touraine, le rôle des grands financiers tourangeaux, L’Académie de Touraine, pages 135-137
[6] On pourrait continuer cette liste avec Bonaventure Quentin qui épousa Cathérine Paviillon, autre lignage ligérien, soeur du grand financier Etienne Pavillon, fondateur de la Compagnie du Cap Nord et Nicolas Pavillon, financier des Fermes générales, connu comme abbé d'Alet et ami intime de Saint-Vincent-de-Paul.
[7] Proche aussi du pouvoir par son parent Jean-Baptiste Scarron, gérant de l’abbaye de Cluny pour le compte de Richelieu.
[8] Voir François de Colbert, "Histoire des Colbert du XVème au XXème siècle", 2001, isbn 2-00-071101-4, page 56.
[9] Ibidem page 51 à 53. On trouve aussi dans les textes les deux patronymes de Camus ou de Le Camus
[10] Voir Inventaire d’Hadrien Robin, Archives Nationales, LI, 199, 19/01/1668

 

Jean-Paul Charmeil - Les trésoriers de France à l'époque de la Fronde - Contribution à l'histoire de l'administration financière sous l'Ancien Régime.

     Les trésoriers de France

 

Bibliographie

* L’histoire des Colbert et Daniel Dessert, Jean-Baptiste Colbert : le royaume de monsieur Colbert (1661-1683), édition Perrin, 2007, isbn 978-2-262-02367-6

* Michel Antoine, "Le cœur de l’Etat, surintendance, contrôle général et intendance des finances", 1552-1791, Fayard, 2003

* Françoise Bayard, Le monde des financiers au 17ème siècle, Flammarion, 1988

* Martine Bennini, Les conseillers à la cour des aides, 1604-1697, éditions Honoré Champion, isbn 978-2-7453-1916-6, 2010

* Christian Bouyer, Les finances extraordinaires de la France, 1635-1648, 736 pages, Université Paris-Sorbonne, 1978

* Jean-Paul Charmeil, Les trésoriers de France à l’époque de la Fronde, éditions Picard, 1964, isbn 2-7084-0176-9

 

Voir aussi : le financier Paul de Sève


Christian Bouyer   

                Christian Bouyer                                            Michel Antoine
   

         Françoise Bayard                           Daniel Dessert

 

 <<<<< Christian Broussas - Feyzin - 2 avril 2013 © • cjb • ©>>>>>

 

Partager cet article
Repost0
29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 17:19

La vraie vie est ailleurs est un ouvrage du sociologue et ancien député socialiste Jean-Michel Bélorgey, président à l’Assemblée Nationale de la Commission des affaires sociales et culturelles.


La Vraie Vie Est Ailleurs Histoires De Ruptures Avec L'occident de Jean-Michel Belorgey

 

Référence : Jean-Michel Bélorgey , "La vraie vie", éditions Jean-Claude Lattès, septembre 1989, 7-82-709-60718-6, 412 pages
Couverture Francesco Renaldi "La famille Palmer"

 

Sommaire
1- Quand le mythe se fait chair La nostalgie de l’état sauvage, La fascination de la Royauté primitive, Noces orientales, L’Orient des Sages
2- Un voyage initiatique Rituel de désertion et d’enracinement, Les étapes de l’initiation, Radioscopie d’une métamorphose, Impasses ou accomplissements.

 

Présentation
Le sous-titre de cet ouvrage est très révélateur des intentions de l’auteur : "Histoires de ruptures avec l’Occident". Il commence par citer un texte de Gobineau extrait de ses "Souvenirs de voyage" : « Un anglais seul est capable de ces choses-là… Dans les pays les plus lointains du globe, et préférablement dans les plus excentriques, on est presque assuré de rencontrer un de ceux-ci, établi bravement au sein de la solitude la plus complète que les circonstances locales ont pu lui permettre de trouver… En recensant des souvenirs, je pourrais dresser une liste de ces déserteurs du beau monde… »

Ces déserteurs, ceux qui ont quitté le douillet de la civilisation, cherchent autre chose, ce sont les ‘découvreurs’, les aventuriers d’un monde occidental qui n’offre plus à sa jeunesse que des plaisirs convenus.

Bélorgey ( à droite) avec M. Rocard et P. Séguin

 

Résumé et contenu
Quelles que soient leurs raisons profondes, des hommes, des occidentaux ont quitté leurs racines de façon définitive. Refusant leur culture d’origine, ils se sont fondus dans leur tribu ou leur société d’adoption, qu’ils se soient faits nomades, au service de maharadjahs ou de l’empereur de Chine. Ils représentent les héros par excellence », ceux qui hantent les romans d’aventure de Ségalen, de Melville ou de Ruyard Kipling.

 

Ce sont d’une certaine façon les 'vrais' aventuriers des siècles passés, ceux qui ne cherchent rien à démontrer, qui ne sont pas partis pour des raisons mûrement réfléchies mais pour échapper à une société trop prévisible sans qu’ils aient eu l’intention d’analyse ces raisons. Partir pour partir, pourquoi pas, à la rechercher de ce 'supplément d’âme' qu’intuitivement, ils ressentaient. Ni baroudeur, nu missionnaire. Ils sont les héritiers, ni dignes ni indignes, d’un Rimbaud qui, abandonnant à tout jamais l’art poétique pour rejoindre la ‘vraie vie’, la réalité, disait : « La vie est ailleurs ».

 

Bibliographie

  • JM Bélorgey, "La politique sociale", éditions Seghers
  • JM Bélorgey, "La gauche et les pauvres", éditions Syros, collection Alternative

<< Christian Broussas - JMB - Feyzin - 19/04/2012 -  © • cjb • ©>>

Partager cet article
Repost0
28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 10:05

Les cinq commandements de l'homme (ou de la femme) prudent(e) :

 

1- L'argent ne fait pas le bonheur mais il est plus confortable de pleurer en Mercedes qu'à vélo.

2- Pardonne à ton ennemi mais n'oublie jamais le nom de ce con.

3- Aide ton prochain quand il est dans la merde et il se souviendra de toi quand il y sera à nouveau.

4- Beaucoup de gens sont en vie parce qu'il est illégal de les supprimer.

5- L'alcool ne résout pas les problèmes dit-on... mais l'eau et le lait non plus.

 

Autres règles importantes à respecter impérativement :

 

1- Il ne faut pas avoir peur des chevaux sous le capot d'une voiture mais de l'âne qui est au volant.

2- Ce ne sont pas les enfants sur la banquette arrière d'une voiture qui font les accidents mais bien plutôt les accidents sur la banquette arrière qui font les enfants...

3- L'argent dit-on n'a pas d'odeur mais quand on n'en a pas, ça ne sent souvent pas très bon.

4- Règles grammaticale : Quand on s'adresse à une femme, il faut un sujet, verbe et un compliment.

5- Les femmes qui se vantent de leurs nombreuses conquêtes devraient se souvenir que les produits à bas prix attirent beaucoup de clients...

 

6- Pour les riches : des couilles en or et pour les pauvres, des nouilles encore...

7- Un comprimé n'est pas forcément un imbécile récompensé. (emprunté à Pierre Dac)

8- Un individu vous croira plus facilement si vous lui affirmez qu'il y a 300 milliards d'étoiles dans l'univers que la peinture du banc derrière lui n'est pas sèche. (il aura besoin de s'en assurer)

9- Certains jouent aux échecs, d'autres les collectionnent.

10- Mieux vaut se taire et passer pour un imbécile que l'ouvrir et ne laisser aucun doute sur le sujet.

11- C'est parce que la vitesse de la lumière est supérieure à celle du son que tant de gens paraissent brillants avant d'avoir l'air bête.

 

Et pour terminer, une petite blague d'une profonde réflexion

 

Un mauvais élève rejoint une école privée catholique et effectivement, miracle, il se met à bien travailler, rapporte des bonnes notes à la maison, au grand étonnement de ses parents.

 

Curieux, ils l'interrogent et obtiennent cette réponse : "Quand j'ai pénétré dans la classe et que j'ai vu qu'ils en avaient déjà cloué un sur une croix, j'ai tout de suite compris qu'ici les profs ne rigolaient pas!"

 

      &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 16:16
William Wordsworth, poète romantique anglais

 

Le vendredi 25 mai 2012 par Christian Broussas.*

 

William Wordsworth naît le 7 avril 1770 à Cockermouth dans l'ancien comté de Cumberland (aujourd'hui comté de Cumbria). Sa poésie inaugure, avec celle de son ami le poète Samuel Taylor Coleridge, le romantisme dans la littérature anglaise, avec la parution de son recueil Lyrical Ballads en 1798 et plus tard avec son œuvre maîtresse Le Prélude, poème autobiographique centré sur ses jeunes années. Il sera toujours très lié à sa sœur, la poétesse Dorothy Wordsworth.

C'est en 1764 que John Wordsworth, son père, fut muté à Cockermouth et emménage dans une magnifique "maison géorgienne" appelée maintenant "Wordsworth House". Elle a été sauvée de la démolition en 1938, inscrite au National Trust et ouverte au public l'année suivante comme "mémorial de Worsdworth". Plus récemment en 2033-2004, elle a été entièrement réhabilitée dans son style du 18ème siècle. [1] 

 

Dove Cottage situé à Grasmere abrita William Wordsworth et de sa sœur Dorothy de 1799 à 1808, où il écrivit nombre de ses poèmes et où sa sœur tint son journal. En 1802 Wordsworth épousa Mary Hutchinson où naquirent leurs trois premiers enfants. Ils y recevaient souvent leurs amis, en particulier Walter Scott, Charles et Mary Lamb et Samuel Taylor Coleridge, l'ami intime. Dove Cottage est construit avec la pierre locale, des murs extérieurs blanchis à la chaux pour éviter l'humidité, un toit d'ardoises et des cheminées avec un dispositif anti-fumée. La maison fut préservée en 1891 par son inscription au "Wordsworth Trust" puis on créa en 1981 un musée et une bibliothèque consacrée au romantisme anglais.

 

Rydal Mount, dans le superbe site de Lake District, surplombant le lac Windermere et la rivière Rydal, fut sa dernière demeure qu'il occupa de 1813 à 1850. Cette demeure est d'autant plus intéressante qu'elle est toujours habitée par ses descendants et qu'elle a ainsi gardé son atmosphère initiale. On peut visiter la salle à manger située dans la partie de l'époque Tudor (1574) offrant un grand contraste avec les pièces rajoutées en 1750, ainsi que les chambres des parents, des enfants et son bureau aménagé dans le grenier.

A la mort de sa fille Dora en 1847, William et sa femme Mary plantèrent des milliers de jonquilles dans un champ appelé depuis le "Dora's Field" où les jacinthes succèdent aux jonquilles.
 

Références 

[1]  On peut y admirer la cuisine du 18ème siècle, les chambres d'enfants, le bureau de Wordsworth ainsi que le jardin et sa terrasse surplombant le fleuve Derwent où jouaient les enfants.

 

Repères bibliographiques

- "Ballades lyriques", suivies de Ode, pressentiments d’immortalité, éditions José Corti, 2012  

- "Le prélude et autres poèmes", éditions Gallimard, mai 2001, 289 pages, isbn 207032799X
- Poèmes de Wordsworth
-
William Wordsworth et ses 3 résidences principales : Cockermouth, Dove Cottage et Rydal Mount

 

Voir aussi

   --------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Partager cet article
Repost0