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20 août 2021 5 20 /08 /août /2021 05:51

 Référence : Jean-Marie Gustave Le Clézio, Hasard, éditions Gallimard, collection Blanche, 336 pages, janvier 2001

« Les deux courts romans (ou longues nouvelles) qu'on va lire, Hasard et Angoli Mala, sont séparés par quinze années. Il m'a semblé qu'ils parlaient du même apprentissage, de l'amour de la nature, du mal aussi. Mais au moment de les réunir, je ne sais plus très bien lequel est le miroir de l'autre. »

 

           
                                    Le Clézio à Saint-Malo en 1999

 

C’est ainsi que Jean-Marie Gustave Le Clézio présente ses deux "longues nouvelles" qui nous emmènent dans des univers lointains dont il a le secret. Le hasard fait bien ou fait mal les choses mais en tout cas, il agit, bouleverse les vies en jouant des tours  au destin.

Le Clézio aime bien les nouvelles, assez longues si possible, entre le roman et la nouvelle classique comme il le dit lui-même. Dans ses textes récents, on trouve aussi de ces Novellas comme on les appelle également, dans Tempête paru en 2014 qui contient aussi deux nouvelles (Tempête et Une femme sans identité), de même que dans Chanson bretonne paru en 2020, bâti de la même façon sur deux nouvelles intitulées Chanson bretonne et L'enfant et la guerre.

 

                     

 

"Hasard", c'est l'histoire de Nassima, une petite fille solitaire et rêveuse qui habite avec sa mère à Villefranche-sur-mer. Juchée sur le chemin de ronde, elle espère le retour d'un voilier, le Azzar qui appartient à un cinéaste aventurier Juan Moguer. Elle se retrouve une nuit incognito à bord de ce voilier mythique.

 

Et c'est pour elle l'aventure, dominée paradoxalement par de grands espaces, la solitude et le silence. Cependant, malgré le ciel immense, la présence des dauphins, de l'Italie à la Martinique, de la Colombie à Panama, la réalité gagne toujours et les rêves s'évanouissent.

 

           



Azzar est aussi pour Nassima l'espoir de renouer avec ce père absent ou à défaut, d'en trouver un autre à travers Juan, le cinéaste navigateur. Azzar comme le hasard, lieu justement où se noue le hasard des rencontres, qui parfois joue un grand rôle dans l'avenir des individus, leurs ouvrent des horizons ou les propulsent dans des situations impossibles. Juan Moguer y sera confronté avec son bateau fétiche pour son plus grand malheur.

 

"Angoli Mala" nous entraîne quant à lui dans la forêt du Darién, un espace naturel du Panama, resté très sauvage, à la frontière colombienne. Le Clézio est parti d'une légende indienne où le héros s'incarne dans un jeune orphelin, Bravito, qui revient chez lui. Il y découvrira les aléas de la vie, de la violence à l'amour avant de s'enfouir dans la forêt profonde où il s'engloutira.

 

               


Cette forêt parfois impénétrable, Le Clézio la connaît bien puisqu'il y a habité au début des années soixante-dix, partageant la vie difficile des indiens de cette région. Il écrira en 1971 un livre témoignage sur cette expérience, intitulé Haï. Cette fois dans cette nouvelle, l'auteur nous entraîne dans un conte, entre le merveilleux et la réalité, dans un lieu qui est aussi impénétrable pour un européen que la mentalité de ses habitants.

Ses histoires puisent ainsi aussi bien dans le réel que dans l'imaginaire comme par exemple dans la relation entre Bitna et Salomé, ses deux héroïnes de son roman Bitna, sous le ciel de Séoul.

 

« Les idées sont toutes objectives. C’est le réel qui donne naissance à l’idée, et non pas l’idée qui exprime ce qu’il y a de concevable dans la réalité. » J.M.G. Le Clézio, L’extase matérielle.

 

  
Le Procès-verbal (1963) et l’extase matérielle (1967)  JMG Le Clézio en 2019

 

À travers ses descriptions incomparables, Le Clézio nous parle aussi de la violence de l’homme, son arrogance doublée de sa cupidité. Il nous fait partager les difficultés des exploités, des miséreux, des toutes jeunes prostituées et de leurs riches clients dans les rues de Medellin en Colombie, des indiens expropriés et humiliés et des flics corrompus au cœur de tous les trafics qui sévissent dans les bouges de Yaviza, au Panama ou ailleurs.

Avec l’auteur, on vogue sur l’immense océan, on se balade dans les villes improbables de Panama et de Colombie, on sillonne aussi l’insondable forêt si belle et si redoutable où  se perd un peu comme l’homme se perd dans des villes à sa démesure.

 

                     
 "Faire de l'ici, du présent, du déployé, notre vraie demeure"

 

Voir aussi
*
Voyage au cœur du monde
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<< Christian Broussas, Le Clézio Hasard, 09/08/2021 © • cjb • © >>
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24 mai 2021 1 24 /05 /mai /2021 22:19

Rabindranath TAGORE

 

         
                                          Tagore à Calcutta vers 1909

 

Rabindranath Tagore (1861-1941), l'un des plus grands écrivains indiens du XXe siècle, a reçu le prix Nobel de littérature en 1913. Poète, romancier, dramaturge, musicien, acteur, peintre a lutté pour l'indépendance de l'Inde, contre la partition du Bengale, et a soutenu le mouvement de Gandhi.

1-
À quatre voix, ou La raison et l'émotion, mai 2021


« Il fut un temps, m'expliqua-t-il, où je ne m'appuyai que sur la raison, pour découvrir ensuite que la raison ne pouvait supporter tout le fardeau de la vie. Il fut un autre temps où je ne m'appuyai que sur l'émotion, pour découvrir que c'était un abîme sans fond. La raison et l'émotion, vois-tu, étaient miennes. L'homme ne peut s'appuyer sur lui seul. Je n'ose rentrer en ville avant d'avoir trouvé mon soutien.
- Que suggères-tu donc ?
- Allez tous deux à Calcutta. »

Ce classique de la littérature bengalie, est une superbe réflexion sur la foi et le spirituel qui parle aussi d'histoire d'amour.


        

 

2- La maison et le monde, éditions Payot, avril 2018

Ce roman est une oeuvre précoce puisqu'il fut publié pour la première fois en 1915. Il se déroule au Bengale du début du XXe siècle, soumis à ce moment de son histoire à de graves troubles. Cette histoire d'amour qui brosse un bouleversant portrait de femme dans un univers qui s'inscrit dans une confrontation entre tradition et modernité, est aussi un texte à trois voix qui s'interpellent.
Le roman a ensuite fait l'objet d'une adaptation au cinéma du cinéaste indien Satyajit Ray.
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 3- Souvenirs d'enfance, éditions La République des Lettres, juin 2018

Cette édition présente un texte revu et corrigé suivi d'une biographie de Rabindranath Tagore. Durant l'été 1940, âgé de 80 ans, l'écrivain passe en Inde ses dernières vacances dans le village montagnard de Kalimpong, près de Darjeeling. Avec sa famille et des amis, il sent ses forces décliner, partageant avec eux ses souvenirs d'enfance.
Tous l'écoutent en prenant des notes, ce qui aboutira à cet ouvrage autobiographique dégageant une certaine nostalgie. C'est en fait le dernier livre d'un homme qui mourra un an plus tard, en août 1941.

Il y évoque la société indienne d'avant l'indépendance, son univers familial, le théâtre à domicile, ses premières publications en revue... dans un langage simple, plein de poésie et de sensibilité. Pour Romain Rolland, « Rabindranath Tagore est, pour nous tous, le symbole vivant de l'Esprit, de la Lumière et de l'Harmonie, le chant de l'Eternité s'élevant au-dessus de la mer des passions déchaînées » .

 

                  

 

4 - Chârulatâ, éditions Zulma, octobre 2013

Riche brahmane, Bhupati pourrait se satisfaire de lui-même mais il préfère se consacrer au journal anglophone et progressiste qu'il a créé. Accaparé par son travail, il délaisse sa femme, la belle et jeune Chârulatâ qui s'ennuie en compagnie de ses domestiques, maintenue dans la désinvolture de l'enfance, Chârulatâ s'ennuie.
Bhupati demande à son cousin Amal de la distraire avec des cours particuliers. Cette intimité, tolérée en général par la société, tourne peu à peu en une relation passionnée, partageant un besoin d'écrire sans être lus. 
Chârulatâ est paru pour la première fois en français aux éditions Zulma en 2009.

 

   Tagore et Einstein

 

5- Mashi, éditions La République des Lettres, octobre 2013
Recueil de nouvelles, première édition Gallimard, 1925, traduction H.Du Pasquier puis Gallimard, Connaissance de l'orient, 1991

« Le sentiment que m'inspirait la jeune veuve dont la demeure avoisinait la mienne, était un sentiment de vénération. C'est du moins ce que j'affirmais à mes camarades et ce que je me répétais. Nabin lui-même, mon ami le plus intime, ignorait mon véritable état d'âme. Et j'éprouvais une sorte de fierté à pouvoir conserver à ma passion toute sa pureté en la reléguant dans les recoins les plus profonds de mon coeur. Ma voisine ressemblait à une fleur de Sephali mouillée par la rosée et tombée prématurément. Trop pure et trop resplendissante pour la couche fleurie de l'hymen, elle s'était consacrée au ciel.

Mais semblable à un torrent qui descend de la montagne, une passion ne se laisse pas enfermer au lieu de sa naissance; elle cherche à se frayer une issue. C'est pourquoi je m'efforçais de traduire mes émotions en poèmes. Mais ma plume rétive refusait de profaner l'objet de mon adoration. »

 

               
Kumudini                          Quatre chapitres                 Chârulatâ

 

6- Kumudini, éditions Zulma, octobre 2013

Kumudini a dix-neuf ans, la grâce d'être bien née, de goûter les arts et de prier les dieux. Elle vit dans la tendresse de son frère aîné Vipradas, un humaniste accablé par l'énorme dette familiale. Jusqu'au jour où un mystérieux entremetteur vient demander pour son maître, un riche négociant soutenu par le pouvoir colonial, la main de Kumudini.
Se référant aux légendes sacrées de Krishna et à sa bien-aimée Radha, elle y voit un signe du destin et presse son frère d'accepter. Mais Madhusudan est vieux et despote et la belle Kumudini. va devenir l'instrument inespéré et malheureux d'une terrible vengeance.

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7- Quatre chapitres, éditions Zulma, 2010 et 2013

Révoltée depuis l'enfance, Ela étouffe dans le traditionalisme de la société indienne. Elle se passionne pour ses études avant de s'engager dans la lutte pour l'indépendance de l'Inde. Mais son amour pour le poète Atindra va largement impacter sa vie. Elle, la révolutionnaire va être tiraillée entre son idéal révolutionnaire et son amour pour Atindra et se laisser entraîner dans cette aventure à son corps défendant.

 

         

 

8- Kabouliwala, éditions Versilio, février 2014 et octobre 2015
Le marchand de Kaboul

Ce court récit de Tagore, écrit il y a une centaine d'années, a toujours sa fraîcheur naturelle et la petite aventure qu'il raconte est toujours d'actualité.
Installée à Calcutta au début du XXe siècle, Kabouliwala narre l'amitié compliquée entre une petite fille malicieuse, Mini, et un vendeur itinérant de fruits secs. Malheureusement, bien plus tard le Kabouli réapparaît inopinément et ces retrouvailles ne se feront pas sans dégâts.
À noter l'intéressante préface due à l'écrivain Jean-Claude Carrière.

 

         
Kabouliwala le marchand de Kaboul



Kabouliwala, version illustrée

Cette nouvelle comprend aussi une version comprenant le texte original en bengali ainsi que des photographies de la vie de Tagore.
On y trouve également une biographie et une bibliographie complètes de l'auteur sont également incluses.

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<< Ch. Broussas, Tagore 19/05/2021 © • cjb • © >
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17 décembre 2020 4 17 /12 /décembre /2020 18:29

Référence : Œuvres choisies Vie et Œuvre par Léocadie Handke, préface de Philippe Lançon, éditions Gallimard, collection Quarto, 1152 pages, novembre 2020

 

« Celui qui s’avance sur le champ de neige prendra garde à marcher d’un pas léger, sans peser », Handke, Les Frelons

 

         

 

Né en 1942 en Autriche, Peter Handke vit depuis longtemps du côté de Paris. Son œuvre composite comprend des romans, des pièces de théâtre, des poèmes, des essais, des traductions et des films, en a fait un des chefs de file de la littérature germanique et lui a valu de recevoir en 2019 le Prix Nobel de Littérature.

 

             

 

Peu à peu, Peter Handke bâtit une « œuvre influente (basée) sur l’expérience humaine ». On a beaucoup insisté sur sa puissance d'analyse de l'intériorité de ses personnages, à son approche intuitive de la Nature et à la prééminence du quotidien. Il se définit comme un "homme littéraire" qui sait tout ce qu'il lui doit : « Longtemps, la littérature a été pour moi le moyen, si ce n’est d’y voir clair en moi, d’y voir tout de même plus clair. Elle m’a aidé à reconnaître que j’étais là, que j’étais au monde. »

 

        

« Je vis pour raconter des histoires. » Peter Handke

 

Enfant de la guerre, il fut à la fois hanté par le bruit des bombes et choqué par la disparition sur le front, de ses deux oncles. « Mon premier paysage, écrit-il, c’est la cour de la ferme dans l’attente des bombardements américains en 1944»

Ce qui lui inspirera ce genre de réflexion : « Lorsqu’il sortit le pied gauche, le droit s’enfonça. Lorsqu’il sortit le pied droit, le gauche s’enfonça. Lorsqu’il se mit à courir, il s’enfonça des deux pieds. »

 

               

 

Très tôt, il part sillonner l'Europe et même une partie de l'Amérique. C'est une errance qu'on retrouve dans ses premiers romans aux personnages en proie à leurs démons comme L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty en 1972 ou L’Heure de la sensation vraie en 1977, quand il met en scène ces « secondes d’épouvante »« la conscience fait mal devant le grand vide qui s’y est installé ».

 

   
Timbre-poste autrichien             Peter Hanke à Paris en 1974

 

Le pessimisme qu'il professe dans ses premiers écrits va se prolonger dans « Le Malheur indifférent » en 1975  après le suicide de sa mère.

 

               

 

Le choix de ce titre, Les cabanes du narrateur, c'est Peter Handke lui-même qui s'en explique. Étant enfant, il était dit-il fasciné par les cabanes parsemant la campagne où les paysans prenaient leur repas. Tout ça n'existe plus à présent, pas même le buisson de sureau ou de noisetier qui faisait de l'ombre au banc qu'on plaçait à proximité. La cabane était minuscule, peut-être un mètre carré et demi, pas plus.

 

       

 

C'était le cas de celle de son grand-père, qui parlait à l'imagination du jeune garçon qui y voyait  « un lieu magique  » où un être se parle à lui-même et en même temps aux autres.  « Comme ce poète grec il y a 2500 ans, Pindare, qui a dit : " Moi l’idiot qui se trouve dans la communauté". Celui dans la cabane ne se sent pas idiot au sens négatif, mais comme un homme seul – et il parle au monde entier. C’est ça, la cabane du narrateur. »

 


Le  livre des fantômes de Peter Handke au théâtre de l’Odéon 

 

Évoquant son dernier roman, La voleuse de fruits, il dit que « la banlieue peut être bucolique, mais la campagne pas du tout. » La campagne, c’est la présence du passé, tout ce qui s’est produit "dans le temps".  Mais aujourd’hui, c’est le présent qui compte.  Et ajoute-t-il,  « l’aujourd’hui, ce n’est jamais seulement aujourd’hui. C’est cela qui est passionnant, qui me met en route, à pieds ou en vélo. » Maintenant, il manque  vraiment « des aventures de lecture.  C’est cela qui m’a mis en route pendant mes 78 ans de vie, qui m’a tenu en forme parfois même aussi. Le mouvement caché du monde, voilà la littérature. »

 

           
Peter Handke et son ami Wim Wanders    Peter Handke et Jeanne Moreau

 

Cet ouvrage arrive-t-il à point nommé pour faire le point et permettre de suivre son cheminement au fil de sa création, à travers un choix de textes qui allie les récits qui ont fait son succès dans les années 1970-80 et des textes plus récents qui prennent racine dans les paysages d’Île-de-France qui forment son quotidien et nous emmènent visiter l’une de ses cabanes.

 

Voir aussi mes fiches
* Biographie de Peter Handke -- et Handke Prix Nobel de Littérature --

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<< Ch. Broussas, Handke Cabanes 16/12/2020 © • cjb • © >>
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5 décembre 2020 6 05 /12 /décembre /2020 18:33

Référence : JMG Le Clézio Le flot de la poésie continuera de couler, Éditions Philippe Rey, 208 pages, novembre 2020

 

« Dans les périodes difficiles nous avons besoin des poètes (...) qui essayent de combattre par les mots cette épouvantable situation et j'admire beaucoup la poésie pour ça. »

 

        

 

Jean-Marie Gustave le Clézio a une appétence particulière pour la poésie chinoise et l'époque Tang du VIIIème siècle. Selon lui, pour bien communier avec la Nature, il est nécessaire d'avoir « un passeur qui est le poète. » Et c'est justement la poésie de cette époque qui nous permet d'être en accord avec l'univers et de savoir mieux se comporter en société avec les autres êtres vivants sur terre.

Déjà au temps de sa jeunesse, cette civilisation le séduisait car disait-il, « je crois que c’était l’idée du faible qui l’emporte sur le fort, la force du non-agir. J’imagine que dans notre esprit [de lycéens], cela rejoignait l’idée de non-violence, pour nous très importante à l’époque de la guerre d’Algérie. »

 

              
Le processus de création dans l’œuvre de Le Clézio
Le Clézio à Saint-Maloen en Betagne, 1999



Il pense que, surtout « dans les périodes difficiles, nous avons besoin des poètes (...) qui essayent de combattre par les mots cette épouvantable situation. »
Ce n'est pas pour rien que l'époque Tang a été appelée l'âge d'or de la poésie chinoise dont les principaux représentants sont de Du Fu, Li Bai, Wang Wei, Li Shangyin et Meng Haoran. [1]

 

               
Li Bei                                         Du Fu                               Li Shangyin

 

C’est Li Bai (701-762, poète chinois du VIIIe siècle [2], qui a révélé à JMG Le Clézio toute la beauté de la poésie chinoise. Un poème qui confronte l’homme à la montagne, décrivant « un lieu d’immobilité et de majesté devant lequel l’être humain, dans sa faiblesse et son impermanence, ne peut que s’asseoir et regarder. »

« Je cours et je cours sans aucun but
Fuyant vers le sud à la poursuite des étoiles et des lumières. »
Li Bai

 

                      

 

Adolescent, il devient le disciple d'un ermite, Zhao Rui, sur le mont Omei où il s’initie au taoïsme et où il s’extasie devant la nature sauvage qui imprègnera ensuite toute sa poésie. Vers la fin de sa vie, reparti par les routes, il rencontre à Loyang où il réside, le poète Du Fu, rencontre extraordinaire entre ceux qu’on considère comme les deux plus grands poètes de la période Tang.

Ces poètes, qui ont évolué dans une époque troublée, étaient des bons vivants qui aimaient vivre dans un environnement naturel en communion avec la faune et la flore.

 

             

 

C’est une poésie qui déconcerte un occidental comme Le Clézio qui est confronté comme il dit et qui lui apporte « une plénitude, une paix intérieure. » Il ajoute que « la poésie Tang est sans doute le moyen de garder ce contact avec le monde réel, elle nous invite au voyage hors de nous-mêmes, nous fait partager les règnes, les durées, les rêves. »
L'ouvrage a également été illustré par Dong Qiang, de calligraphies et de peintures chinoises.

 

         
Spectacle "Le temps qui nous sépare de la foudre" sur des textes de Prévert et Le Clézio

 

Pour Le Clézio, l’homme contemporain a trop tendance à se mettre à l’abri des sentiments, se préserve et la poésie Tang apporte par sa simplicité même une profondeur essentielle qui nous manque tant aujourd’hui car dit-il « cette itinérance, tous inventent une liberté. »   

 

Notes et références
[1] Voir l'ouvrage Les Trois Cents Poèmes des Tang nommés aussi l'Anthologie de trois cents poèmes des Tang, compilation des poèmes de cette époque, datant de 1763.
[2] Li Bai est appelé aussi Li Bo ou encore Li Taibai, son nom de plume.

Voir aussi
* Anthologie de la poésie chinoise classique --

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<< Ch. Broussas, Le Clézio Chine poésie 01/12/2020 © • cjb • © >>
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2 juillet 2020 4 02 /07 /juillet /2020 22:12

Je vous invite à un petit tour d’horizon de l’œuvre de José Saramago marqué par quelques romans qui ont marqué son époque et dérangé aussi certains de ses contemporains.
 

      

Un triptyque : L’aveuglement, Tous les noms et La caverne

L’aveuglement

Une épidémie se propage soudain à une vitesse extraordinaire, rendant aveugles des quantités de gens qui tentent désespérément  de survivre. Seule une femme y a échappé qui parviendra peut-être à les guider hors des ténèbres répandues sur le monde.

Tous les noms
On entre de plein pied dans le monde bureaucratique avec monsieur José, un solitaire, modeste employé qui gère, dans un grand bâtiment impersonnel, les archives des vivants et des morts.  Tout un programme. Il a quand même un passe-temps : réunir des infos sur les gens les plus célèbres du pays. Par hasard, il va s’intéresser à une inconnue qui  le lancera dans toutes sortes d’aventures.
Tout à sa nouvelle lubie, Il fouille la nuit dans les archives de l’État civil, falsifie des autorisations, entre par effraction dans une école… mais l’inconnue se dérobe, une chimère.
Mais cette recherche de l’impossible le conduira, en suivant un chemin semé d’embûches, au dépassement de soi,   le ramenant à lui-même.

La caverne
Fin du triptyque, après L’aveuglement et Tous les noms.
Dans cet endroit, c’est la fin de quelque chose, la ville avale les derniers bouts de terre, inéluctablement, sans que personne n’y puisse rien.
Lui, Cipriano Algor âgé de 64 ans, en fait il s’en fiche : son univers, c’est son atelier, la terre cuite, ses petites figurines,  clowns, bouffons, esquimaux, mandarins, infirmières, assyriens barbus… Un mode à lui. L’extérieur par contre se rétrécit, laissé à l’appétit des engins de chantier.

     
 

Relevé de terre
Une grande saga portugaise qui s’étend du début du XXème siècle jusqu'à la Révolution des œillets en 1974, qui relate à travers la vie de trois générations, l'histoire des Mau-Tempo, famille de travailleurs agricoles de l’Alentejo, région déshéritée dominée par d’immenses propriétés foncières, les latifundiums.

Rien n’avait vraiment changé ici, toujours l’exploitation, la misère, l’analphabétisme, la dureté du travail et de la vie, la dictature des propriétaires, de l’Église et de l’État jusqu'aux premières prises de conscience, des premières grèves, des premières révoltes.

C’est un roman réaliste d’un style très personnel, fresque historique et politique qui part de la condition paysanne, d’un monde qu’on croyait immuable mais qui va s’enfoncer dans ses contradictions.
 

La lucarne
C’est la vie des habitants d’un immeuble dans une petite ville portugaise. Des gens ordinaires, des couples qui se haïssent, une femme entretenue, une jeune fille ambitieuse qui devient sa rivale, quatre couturières amoureuses de Beethoven et de Diderot, un cordonnier philosophe et son locataire qui ressemble à l’auteur.
Un roman posthume écrit en 1953 qui contient déjà tout son univers littéraire et où on retrouve bien des personnages de ses futurs romans.

 

 

La lucidité
Au lendemain d’élections municipales organisées dans la capitale d’un pays quelconque, c’est la stupeur : 83 % des électeurs ont voté blanc. Ce ne peut être raisonnablement un rejet de la démocratie mais le produit d’une manipulation d’une minorité ou même un complot anarchiste.


Il faut d’urgence fuir la capitale et décréter l'état de siège pour éliminer les coupables, car il faut bien qu’il y ait des coupables.
Mais au fait, n’y aurait-il pas un lien entre cette épidémie de votes blancs et cette femme qui il y a quelques années, a survécu à une épidémie de cécité. Oui, ce ne peut être qu’elle, il faut lâcher la presse et organiser la répression. Tout semble en ordre mais le commissaire chargé de la répression est prêt à trahir le pouvoir.
 

L’année de la mort de Ricardo Reis
Il fallait bien que les deux écrivains Fernando Pessoa et José Saramago se rencontrent d’une façon ou d’une autre.

L’action se situe à Lisbonne en 1936 où un médecin  nommé Ricardo Reis vient de rentrer du Brésil après avoir appris la mort du grand e poète portugais (1888-1935) Fernando Pessoa dont il est l’hétéronyme, une espèce d’homonyme. Il s’installe à l’hôtel Bragança où il aura une liaison avec une employée  Lidia Martin et une autre avec Marcenda.


Il va alors souvent rencontrer son double  sous la forme du fantôme de Fernando Pessoa. Lors de ces occasions, ils en profitent pour parler de leur vision du monde, évoquant aussi le Portugal de Salazar, le début de la guerre civile espagnole ou la situation de  l’Allemagne et de la France.
 

Dans une Lisbonne changeante, qui semble parfois irréelle dans les reflets du Tage, Ricardo Reis se livre à une quête d'identité ambivalente qui se joue à travers un mystérieux jeu de miroirs.
En choisissant le thème du double, José Saramago interroge les relations entre le mensonge et l'Histoire, la littérature et le mythe.
 

     
 

Le Dieu manchot
Dans cette première moitié du XVIIIe siècle, au temps de l'Inquisition, le roi Jean V (1706-1750) fait construire un magnifique couvent dans la ville de Mafra pour remercier les dieux de lui avoir enfin donné un héritier.

Ce projet grandiose fut un calvaire pour les malheureux chargés des travaux. Une application du droit divin qui vaudra à José Saramago des inimitiés durables C’est un couple, Baltasar et Blimunda, qui narre cette histoire d’un petit peuple d’opprimés aux ordres des puissants. Blimunda apparaît comme une grande figure d’humanité, un des personnages les plus forts de Saramago, qui a reçu le don de voir à l'intérieur des êtres, symbole d’une lucidité qui est aussi le titre d’un autre roman de Saramago. Comme d’autres figures féminines de l’auteur, elle se dresse contre le mur du silence et la soumission des femmes dans ces sociétés.

C’est à la lumière de cette incursion dans le Portugal du XVIIIe siècle que Saramago s’interroge sur  l’évolution de la société, à travers des techniques utilisant réel et merveilleux, banal et magique.

 

De l’Évangile à Caïn
L’Évangile selon Jésus-Christ

Même si l’on n’est plus au Moyen âge, décider une lecture rigoureuse d’un texte sacré et matrice de notre civilisation, relève encore d’une démarche osée, même si son auteur ne craint plus le bûcher.

José Saramago fait ici de Jésus fils de Dieu, une victime expiatoire, bouc émissaire instrumentalisé pour servir le pouvoir religieux et la gloire de Dieu. On est plongé dans l'enfance et la vie privée de Jésus mélangeant la réalité de l’Histoire, le mythe religieux et la fiction propre au romancier. On est aussi entraîné dans une joute entre Dieu, le Diable et Jésus, qui n’apparaissent pas forcément dans le rôle qu’on leur prête.
 

 On assiste à la crucifixion de Joseph, hanté par le Massacre des innocents, le départ de Jésus travaillant avec un berger (à la fois ange et démon). Sur le chemin du retour à Nazareth, il tombe amoureux de Marie de Magdala, une prostituée.

Face à l’incrédulité de ses compatriotes, Jésus part vivre avec Marie et devient pêcheur sur le lac de Tibériade. Il y accomplit ses premiers miracles, reçoit la visite de Dieu et du Diable, Dieu lui demandant de fonder le christianisme, quel que soit le prix à payer. Jésus est sceptique mais finira par s’incliner et deviendra ainsi un prophète, prêchant la « bonne nouvelle » avec ses disciples.  Même s’il est angoissé, il accepte son sort. Il meurt en demandant pardon aux hommes de l’implacable volonté de Dieu.

 

 
 

Caïn
Dans la veine de L’Évangile selon Jésus-Christ, en 2011 Saramago a écrit un autre roman sur la geste de la Bible, centré sur Caïn. Selon les textes sacrés, c’est l’envie qui aurait poussé Caïn à tuer son frère Abel. Saramago pense au contraire que c’est contre Dieu qu’il a agi parce qu’il est coupable de tout ce qui arrivé à l’humanité et dont il a été le témoin.
 

Lui le mal aimé de Dieu, Il a assisté sans comprendre à des événements terribles contre lesquels il s’est insurgé, impuissant. Il a arrêté le bras d’Abraham prêt à sacrifier son fils, a vu les innocents périr dans le brasier de Sodome et la colère de Moïse tuant les adorateurs du veau d’or, a aussi observé massacres et pillages des tribus d’Israël contre les Madianites, la prise de Jericho, la souffrance de Job.

Alors quand il a rejoint Noé sur son Arche, il décide de sacrifier lui aussi Abel pur défier ce dieu cruel et sans pitié.

 

    
 

Un Saramago plus intime
Terminons cette revue littéraire de l’œuvre de Saramago par ses écrits sur le Portugal. J’avais déjà consacré un article à ses souvenirs de jeunesse qu’il retrace dans son livre Menus souvenirs mais on peut aussi partir avec lui à la découverte de son pays à travers son  ouvrage Pérégrinations portugaises.
 

Voyager, connaître un pays veut dire être sensible à ses paysages, sa culture et ses habitants. Il nous entraîne dans son pays, des rives du Douro à l'Algarve, de Lisbonne à l'Alentejo, à la recherche des impressions, des traditions, d’une histoire qui en font toute la saveur.  En 1979, Saramago entreprend un périple de six mois, sillonnant le pays quelques années après qu’il se fût libéré de la chape de plomb salazariste.
Il nous offre un récit, une vision personnelle de son pays, très différente de la neutralité d'un guide touristique. 

 

Voir aussi mes articles :
Document utilisé pour la rédaction de l’article José Saramago, Menus souvenirs --  Biographie --
Document utilisé pour la rédaction de l’article José Saramago, Hommage 2020 -- Saramago & son oeuvre --

Document utilisé pour la rédaction de l’article Pessoa et l'intranquillité --

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<< Christian Broussas • Saramago/œuvre © CJB • 13/06/ 2020  >>
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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 22:28

Une enfance aux terres mêlées

 

        

La guerre est aussi un confinement nous suggère JMG Le Clézio dans une nouvelle de son dernier livre que je viens de terminer.
Cinq jours avant le début du confinement, le 12 mars 2020, Le Clézio publie deux textes autobiographiques dont celui-ci, la vie d’un enfant du côté de Nice, par temps de guerre. Un récit d’enfance, un "conte", parce qu’il est d’abord question de destruction. L’enfant et la guerre remonte à sa prime enfance, avant le langage, quand la guerre va bouleverser sa vie.
 

         

 

C’est aussi cinq années de séparation avec le père, bloqué en Afrique, passées derrière les fenêtres opacifiées, années de faim et de débrouille à Nice, puis dans l’arrière-pays, à Roquebillière, confrontés aux occupants italiens et allemands. Dans son esprit, l’événement essentiel est l’explosion d’une bombe et un cri, qui « ne sort pas de ma gorge » mais « du monde entier ».

 

     Nice avenue Masséna le 28 août 1944

 

Voici un court extrait de cette nouvelle, L’enfant et la guerre, où Le Clézio évoque l’histoire de sa famille quittant Nice et confinée dans le village de Roquebillière au printemps 1943 :

« Dans un pays en guerre les enfants ne sortent pas. Ce sont de longues journées à l’intérieur, dans l’unique salle qui sert de réunion à la famille, mon grand-père assis près de la fenêtre pour lire, ma mère, ma grand-mère occupées à cuisiner, à ravauder, et les deux enfants jouant comme ils peuvent, avec tout ce qu’ils trouvent, comme tous les enfants du monde.

 

         

 

Une fois par jour, nous accompagnons ma grand-mère aux courses, nous descendons vers le vieux village, de l’autre côté du pont. La route de la Vésubie est vide d’autos, nous marchons au beau milieu, la poussette est devenue une sorte de brouette pour rapporter les légumes, les pommes de terre, le bois de chauffage.
… Les sorties du matin, à la recherche de nourriture, étaient les seules distractions pour les enfants. […] Dans une guerre,  les enfants ne savent rien de la réalité, ils écoutent des mots, ils construisent leurs histoires.
… À Nice, nous n’allions pas à l’église. Trop loin, trop dangereux. Les occupants italiens puis allemands ont camouflés l’église du port… en prévision des bombardements… et le port est encombré de chicanes…

 

La guerre, c’est gris… couleur de l’air confiné de la remise au-dessus de laquelle nous allions vivre. »

Mais il se demande aussi quelle pertinence il faut accorder à ses souvenirs car écrit-il, « la mémoire est un tissu fragile, facilement rompu, contaminé. Je me méfie des livres de souvenirs… »

 

 

 Voir aussi
* Le Clézio, Chanson bretonne --
* Itinéraire de JMG Le Clézio --

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<< Christian Broussas • Le Clézio Nice © CJB  ° • 30/05/ 2020  >>
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12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 10:05

Référence : José Saramago, Menus souvenirs, éditions Le Seuil, traduction Geneviève Leibrich, septembre 2014, 176 pages


    
« Le monde de chacun dépend des yeux que l’on a reçus en partage », Le Dieu manchot, 1982

Retour sur le passé dont il dit « L’enfant que j’ai été n’a pas vu le paysage tel que l’adulte qu’il est devenu serait tenté de l’imaginer du haut de sa taille d’homme. L’enfant, pendant tout le temps qu’il le demeura, se trouvait simplement dans le paysage, il en faisait partie, il ne l’interrogeait pas, il ne disait ni pensait, avec ses mots. »  

Ses souvenirs, ce sont comme il dit lui-même, « Certaines images, flashs ou illuminations […] vous reviennent, on ne les convoque pas, elles sont simplement là  ».
Bruts en quelque sorte, ne venant pas forcément par ordre chronologique, même s’ils ne sont que bribes qui ne reconstituent pas l’ensemble, ils en restituent l’essentiel.

 
José Saramago à côté de sa statue à Azinhaga


Même s’il a grandi à Lisbonne, sa terre c’est Azinhaga  au nord-est de Lisbonne, la terre familiale, celle où il est né, celle de ses grands-parents. Il nous livre ses souvenirs comme ils viennent à son esprit. Sa vie là-bas était difficile, des paysans pauvres, une grand-mère analphabète, un père qui deviendra policier.
Il court dans les oliveraies, se balade d'un village à un autre, rêve sur les rives du Tage ou le nez plongé dans un livre, narre ses premiers tourments amoureux ou marche de longues heures avec son oncle Manuel pour aller vendre des cochons à la foire.


        
Relevé de terre                     Saramago à Lanzarote en 2011


Jamais il n’oubliera d’où il vient, cette terre ce sont ses tripes qui nourriront son œuvre et son combat aux côtés des opprimés. Il suivit cet exode inéluctable des paysans déracinés poussés vers les villes par la misère.

On retrouve cette ambiance dans son roman Relevé de terre où on suit le parcours des  Mau-Tempo durant les trois-quarts du XXè siècle, une famille de travailleurs agricoles de l’Alentejo, région très pauvre dominée par les propriétaires d’immenses propriétés foncières. Il y décrit les dures conditions de vie du peuple, la misère et l’exploitation qu’il avait largement puisées dans sa jeunesse.


             José Saramago dans sa prime jeunesse


Il se remémore des parties de pêches, des séances de films muets, la mort de son frère aîné à l’âge de 4 ans, la veille de Noël… Il aime cette anecdote de son nom de famille,  « de Sousa » à l’origine, devenu "Saramago » (signifiant « radis sauvage ») par la grâce d’une erreur d’état civil.



La mémoire est chose capricieuse, fugace. Il en est d’autant plus conscient qu’il a du mal à en cerner les contours, des anecdotes échappent et parfois, c’est le contraire, des images qu’on croyait oubliées reviennent sans crier gare et s’accrochent avec pugnacité.

Ce qu’il exprime ainsi : « Très souvent nous oublions ce que nous aimerions pouvoir nous rappeler, d’autres fois, récurrentes, obsédantes, réagissant à la moindre stimulation, des images nous viennent du passé, des paroles isolées, des fulgurances, nous ne les convoquons pas mais elles sont là. Et ce sont elles qui m’informent que déjà en ce temps-là pour moi, mais plus par intuition, évidemment, que par connaissance suffisante des évènements, Hitler, Mussolini et Salazar étaient faits du même bois, qu’il étaient des cousins de la même famille, égaux dans la même main de fer, la seule différence résidant dans l’épaisseur du velours et dans la façon de serrer ».


José Saramago à différents âges


Les images, ce sont également de vieilles photographies de famille, annotées par l’auteur.
Bien des années plus tard, avec les mots de l’adulte qu’il était avant l’heure, l’adolescent écrivait un poème consacré à une rivière, « source » de son enfance qu’il avait appelé Protopoème :
« De l’écheveau embrouillé de la mémoire, de l’obscurité des nœuds aveugles, je tire un fil qui me semble isolé. Je le libère lentement, de peur qu’entre mes doigts il ne se désagrège. C’est un long fil vert et bleu, avec une odeur de vase et une douceur tiède de boue vivante. C’est une rivière. »
Cet écheveau de mémoire dont il parle, il a essayé dans ce récit d’en démêler les brins qui l’ont formé, tous ces éclats réminiscents qui ont éclairé son œuvre.



Extrait de son discours lors de son Prix Nobel en décembre 1998
« Plusieurs années après, alors que j'écrivais pour la première fois à propos de mon Grand-Père Jerónimo et de ma Grand-Mère Josefa, j'ai eu conscience du fait que j'étais en train de transformer les personnes communes qu'elles avaient été en personnages littéraires. Que c'était probablement la manière de ne pas les oublier en les décrivant et en faisant leur portrait d'un crayon qui change avec les souvenirs, colorant et illuminant la monotonie d'un quotidien terne et sans horizon... »

« En peignant mes parents et grands-parents avec l'encre de la littérature... je traçais, sans le comprendre le chemin par où les personnages que je venais d'inventer, les autres, les littéraires, allaient me fabriquer et m'amener les matériaux et les outils pour le bon et le moins bon..., l'excès et le manque, qui feraient de moi la personne en laquelle je me reconnais aujourd'hui : Créateur de ces personnages mais aussi créature d'eux. Dans un certain sens, on peut même dire que... livre après livre, j'en suis venu successivement à implanter dans l'homme que j'étais, les personnages que j'ai créés. »

  Sa maison natale à Azinhaga

Voir aussi
*
Saramago, Quatre poèmes
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<< Ch. Broussas, Saramago Souvenirs 02/05/2020 © • cjb • © >> 

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1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 20:57

Référence : JMG Le Clézio, Chanson bretonne suivi de L’enfant et la guerre, éditions Gallimard, collection Blanche, 154 pages, 2020

 

         

Lors de ses rares entretiens, Le Clézio a souvent dit que son désir d’écrire venait de son enfance, marquée par l'occupation et par l'exil, les lieux où il a vécu alors ont dans son œuvre une place importante.
La Bretagne et le village de Sainte-Marine, c’est d’abord l’image de la mère. Simone Le Clézio aimait particulièrement cette région où son futur mari l’avait demandée en mariage, où elle avait  accouché de son frère et était venue se réfugier pendant la seconde guerre mondiale.

 

Nostalgique, Le Clézio ?
Ce serait bien mal le connaître. S’il lève un coin du voile sur sa jeunesse, de ses vacances en Bretagne dans les années 1948-1954, à Nice, sa ville natale, sous l’Occupation, c’est pour comme l’indique le sous-titre  « Deux contes », pour raconter comme on le faisait jadis lors des soirées pendant la mauvaise saison.
Ce qui lui plaît, c’est ce décalage avec un temps qu’il n’a pas connu, qu’il découvre dans les détails de ces vies, dans celles qui ont disparu, qu’on a oubliées, les manières de faire ou de s’habiller…

 

                      
Le Clézio par Cortanze    Bitna, sous le ciel de Séoul   Explorateur des royaumes de l’enfance

 

Maintenant, c’est son tour de transmettre, de raconter, c’est-à-dire pour lui « inventer, imaginer, revenir en arrière… »
Il déplore en tout cas la drastique régression de la langue bretonne, et de bien d’autres langues locales, situation qui  lui semble une régression, un appauvrissement linguistique. « Notre monde, remarque-t-il dans une interview, devient de plus en plus univoque, convenu, ordinaire… » Cette Bretagne, qu’il a connue enfant tout de suite après la guerre, il s’y est « inventé les racines » qu’il n’a pas, sans doute par la liberté qu’il y a ressentie, les légendes et les images  reçues, la douceur de ses habitants…

 

Son petit coin de Bretagne, c’est Sainte-Marine, dans l’estuaire de l’Odet, en face de Bénodet. Contraste entre Bénodet, petite cité ouverte sur le tourisme et Sainte-Marine, petite cité en retrait, qui ne s’offre pas facilement. Mais en quelques années les choses ont bien changé, il ne reconnaît plus « son » coin de Bretagne, le grand pont a défiguré l’estuaire de l’Odet, « l’estuaire sauvage s’est transformé en parking à plaisanciers. »

 

                  



D’une façon plus générale et au-delà de son autobiographie sur son enfance bretonne, Le Clézio propose aussi  une réflexion sur les changements de la géographie bretonne et ses effets, évoque la magie disparue dont il fut témoin, rendant compte à travers des mots empruntés à la langue bretonne.
Maintenant, cette Bretagne "authentique", Le Clézio la trouve plutôt du côté de la pointe du Raz ou d’autres pointes comme celles de Luguenez, Kastel Koz, Brezellec, Leydé, Kermeur... Autant de souvenirs intimes sans nostalgie et sans discours écologiques.

 

     

 

Ton différent dans le second conte où il raconte un événement qui l’a marqué, les bombardements de Nice et l’explosion d’une bombe dans le jardin de son immeuble, confronté subitement à l’atrocité de la guerre pour les civils et son aversion pour toute forme de guerre.


Il se considérait alors comme un réfugié, et comme tel, il pense en avoir gardé une attention aux autres quand on est dépendant d’eux et de leur soutien.  Ça lui aide à comprendre ces migrants qui comme lui, passent par les chemins des hautes vallées des Alpes du sud.
L'auteur nous confie que son enfance fut « une peur sans visage, sans nom, sans histoire » et « les enfants ne savent pas ce qu'est la guerre ».

 

   Carte postale de Sainte-Marine

 

Ce récit sur la Bretagne de son enfance n'est ni une confession, ni un album de souvenirs, pas davantage une quelconque autobiographie ou une chronique car sinon « les souvenirs sont ennuyeux, et les enfants ne connaissent pas la chronologie ». C’est ce qu’il appelle une "chanson bretonne", une petite musique qui trotte dans la mémoire, récurrente et  entêtante qui ramène au mystère de l'enfance.
Pour lui, la mémoire n'est pas faite que de mots et d'histoires,  « c'est le temps qui ne passe pas... et la fin de la guerre, cela ne signifie rien pour un enfant. L'enfant ne vit pas dans l'Histoire » 

 

L'immédiat après-guerre, c'est pour lui une répulsion, une réaction du corps avec un début de tuberculose et les crises de colère incoercibles. Il compare son cas aux enfants immigrés venus de pays en guerre.
L'Afrique où il est allé rejoindre son père au Nigéria, lui apparaît comme un havre de paix où il va pouvoir se reconstruire.  « C'est l'Afrique qui va nous civiliser, écrit-il, nous faire connaître la liberté et le plaisir des sens. » 

 

 
Au temps du bac entre Sainte-Marine et Bénodet

 

Balade à La Torche

La Torche, sur la côte dans la pointe de Penmarch, qui a la forme d'un coussin, est pour lui « un endroit où la beauté de la mer éclate. » Il se souvient de la vieille "Monaquatre" bringuebalant sur les routes en terre, l'arrivée dans la lande rase, les arbres rabougris par le vent, « recourbés comme de petits vieux » et des haies de tamaris, paysage si différent de Sainte-Marine, de ses champs, ses prés verts, ses roses et ses hortensias bleus.

 

  Le port de Sainte-Marine


Restait encore sur la plage un blockhaus plein de ronces. A la Torche, il se sentait « à l'extrémité du monde » (pen ar bed) sur cette avancée dans l'océan. Il y est souvent revenu, « peut-être parce que j'ai pensé que ce lieu ne devait pas changer ».
Mais, même « dans l'éclat de la mer, la neige aveuglante des nappes d'écume », il nous confie qu'il aperçoit quand même «  la violence de l'Histoire... les dents noires fossiles du grand requin de guerre.  »

 

  La plage de La Torche

 

Voir aussi mes fiches :
* Le Clézio,
L'homme du secret -- * Le Clézio et la bretagne --
* Récapitulatif : Ma Catégorie Le Clézio -

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<< Ch. Broussas, Le Clézio, Bretagne 20/03/2020 © • cjb • © >>
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20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 05:27
Référence : J. M. G. Le Clézio, Bitna, sous le ciel de Séoul, éditions Stock, 218 pages, 2018

Des histoires dans l’histoire

« Je m’appelle Kim Se-Ri, mais je préfère Salomé, je ne peux plus sortir de chez moi à cause de la maladie. J’attends celui, celle qui viendra me raconter le monde. »

         

Ce défi contre la maladie et la mort, c’est une pauvre étudiante coréenne Bitna, qui va le relever, conter des histoires à Salomé, qu’une maladie incurable cloue au lit. L’une lutte contre la pauvreté et l’autre contre la douleur.
Solidaires par obligation à travers des récits puisés dans la réalité ou dans l’imaginaire, la frontière entre les deux va peu à peu s’estomper et disparaître.

       
                                            Devant la rivière Han qui traverse Séoul

Bitna est une jeune provinciale, fille de marchands de poisson, venue à Séoul poursuivre ses études. Salomé trouve en sa conteuse quelqu'un qui puisse la faire voyager, lui « raconter le monde ».  Les histoires puisent aussi bien dans le réel que dans l'imaginaire. 


   Lors du prix Nobel en 2008

Il y a cette tour nommée « Good Luck !» et un concierge éleveur de pigeons voyageurs censés transporter des messages dans son village natal de Corée du Nord. D'autres messages se baladent entre la tour et le salon de coiffure

  Avec la reine Victoria de Suède

Il y a aussi cette chanteuse qui déçoit sa grand-mère très chrétienne pour devenir une star éphémère ou cette orpheline que recueille une infirmière. Qu'un homme dangereux la suive et Bitna le transforme en conte pour Salomé, une histoire rêvée basée sur ce que Le Clézio appelle « la réalité assassine ». 

           
                                         Devant les marches du palais impérial de Séoul

Mais Bitna a aussi sa vie, elle n'est pas constamment avec Salomé. Elle voudrait bien plaire à un garçon mais elle aime aussi la volupté de la solitude, de la lecture et (comme l'auteur) les longues marches dans l'infini de la capitale coréenne où dit-elle, « la rue, c’était mon aventure. »

        

Salomé ne peut plus se passer des histoires de Bitna, qui l’aident à vivre et même à respirer et Bitna a besoin de cet argent pour vivre à Séoul, même si la situation lui pèse. Mais le pouvoir entre elles n'est pas à sens unique et Salomé a aussi les moyens de retenir Bitna...




Salomé qui préférait les histoires qui finissent bien se heurtait à Bitna qui la rabrouait : « Non, Salomé, la mort est hideuse. » C'est qu'à Séoul, elle avait appris la dureté de la condition urbaine, à se battre comme tous les pauvres et les déshérités venus comme elle, chercher un avenir hypothétique dans la grande ville.

 

On rencontre Séoul, cette mégalopole qui a grandit autour de la rivière Han, avec ses artères toujours saturées et des ruelles interlopes. Sous le ciel de la capitale, se lève nous dit-il, « le vent de l’envie des fleurs ». Malgré tout, Le Clézio a aimé cette ville et ses habitantes, même si une certaine nostalgie se dégage de son écriture.

Le Clézio avait déjà utilisé Séoul dans son ouvrage Tempête paru en 2014. Ce roman est aussi une grande pérégrination dans la capitale entre les quartiers de Sinchon et d'Oryu-dong, le jardin secret du palais Changdeokgung, un temple bouddhiste et les bords de la rivière Han symbolique d'une partie de l'histoire du pays et sa partition; rien ne lui échappe de cette situation, les invariants comme les évolutions qui conduisent par exemple  à donner des prénoms occidentaux et écouter des chanteurs comme Adamo.

        
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<< Ch. Broussas, Le Clézio Bitna 20/04/2020 © • cjb • © >>

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19 avril 2020 7 19 /04 /avril /2020 14:21

 « Écrivain de la rupture » selon l’Académie Nobel


La sortie de son dernier récit consacré  à son enfance en Bretagne et à Nice m'a incité à revenir sur son itinéraire que j'avais déjà retracé en 2012 dans un article sur son parcours et son œuvre à plusieurs occasions.

Au fil des années, j'ai rendu compte de plusieurs de ses livres, que ce soit sur son œuvre et sa portée [1], celui qui suivit l'attribution de son Prix Nobel de littérature, centré sur deux de ses ouvrages, Désert et Ritournelle de la faim, une biographie intitulée Voyageur et citoyen du monde ou des articles plus récentes comme Tempête en 2014, Alma en 2017 qui revient sur ses racines mauriciennes ou Chanson bretonne, sur son enfance en Bretagne et à Nice.

       
Le Clézio à 23 ans en 1963                            En 1991 à Cannes


Après un premier succès en 1963 avec son roman Le Procès-verbal, histoire d’un mal de vivre qui conduit  à la folie, JMG Le Clézio est plutôt lié au Nouveau roman jusqu’à la fin des années 70. Romancier, conteur,  nouvelliste éclectique, il est surtout connu pour sa trilogie sur l’île Maurice, saga familiale qui comprend Le Chercheur d’or, Voyage à Rodrigues et La Quarantaine ainsi que des récits largement autobiographiques comme L’Africain, portrait de son père, Onitsha, sa grande fresque Révolutions centrée sur sa vie à Nice et à Maurice ou Ritournelle de la faim axé sur sa mère Ethel, sans doute l’un des ses ouvrages les plus accomplis. [1]

JMG Le Clézio À Montréal en 2008
 
Interview : Trois questions essentielles
 
Pourquoi écrivez-vous ?
« Écrire est pour moi une nécessité vitale, conditionnée par un besoin intérieur. » Ce besoin, c’est une réaction contre la société occidentale qu’il qualifie de "violente et d’artificielle". Pour lui, le rôle de l’écrivain est de « retranscrire les expériences et déchiffrer ce que cela dit des comportements humains. »

 
Qu’en est-il de votre "roman familial" ?
Son œuvre, pense-t-il, repose sur une période précise de sa vie qui se situe entre l’âge de 6 ou 7 ans, « où naît la conscience d’exister. » Il considère cette tranche d’âge cruciale, le temps où « on engrange des sensations et des émotions suffisantes pour constituer un répertoire qui durera toute une vie. » Ceci est vrai pour tout écrivain et que lui a toujours fait « de l’autofiction sans le savoir. »

 
Comment écrivez-vous ?
Son credo : partir à la campagne avec du papier et un stylo bille, choisir un endroit très tranquille, s’asseoir à l’écart, « regarder longtemps autour de soi… et dessiner avec les mots ce qu’on a vu. »
Il dit aussi écrire parfois dans un bistrot, mêlant des bribes des conversations ambiantes, des images, des articles de journaux. Ceci ne signifie pas privilégier l’immédiat et « confondre la "mise en récit", le lieu de l’instantané  et la "dactylographie" qui est le lieu de corrections. »


  JMG Le Clézio en 2018
 

  L’écrivain-monde


« Écrire, c'est comme l'amour, c'est fait de souffrance, de complaisance, d'insatisfaction, de désir. » 

Il apparaît comme un homme assez secret, peu bavard, d’une élégance discrète, un globe trotteur qui sillonne la planète pour se rendre compte par lui-même des conditions de vie en Asie, en Afrique ou en Amérique latine.  

Sa façon d’envisager la littérature repose toujours sur les mêmes idées car  « l'écriture est la forme parfaite du temps », écrit-il dans son essai L'Extase matérielle, constatant que « la beauté de la vie, l'énergie de la vie ne sont pas de l'esprit, mais de la matière. » Dès son premier roman, il obtient le prix Renaudot, exprimant le malaise d'une dominée par la consommation.

Il aura toujours le sentiment d’être un déraciné, sans véritables points d’attache, né à Nice, réunissant des origines bretonnes et mauriciennes, issu d’un père anglais, médecin de brousse, qu'il rejoint en 1948 au Nigeria. Le long voyage en bateau vers l'Afrique restera pour toujours gravé dans son esprit. Déjà, âgé de huit ans, il prend des notes, pense à de futurs récits. Après ses études, il la littérature à l'université du Nouveau-Mexique aux États-Unis.

 

JMG Le Clézio en 2019


Il voyage au hasard des circonstances, scrutant le monde, tâtant son pouls, partageant sa vie entre le Mexique, l'île Maurice, Nice et la baie de Douarnenez. Il s’en évade pour aller à la rencontre des "civilisations oubliées" chez qui il fait d’importants séjours.


Par exemple, il part vivre pendant quatre ans avec des Emberas, dans la forêt tropicale du Panama, expérience impressionnante dont il dira qu’elle : « a changé toute ma vie, mes idées sur le monde et sur l'art, ma façon d'être avec les autres, de marcher, de manger, d'aimer, de dormir et jusqu'à mes rêves. »

De sa révolte initiale, dominé par un sentiment d’exil né de son déracinement et de la découverte de la colonisation, il évolue vers une vision plus écologique et diversifiée de l’humanité.  Il revient aussi sur ses origines dans des œuvres biographiques où il évoque en particulier son grand-père à la recherche d’un trésor hypothétique dans Le Chercheur d’or, son père dans L’Africain en 2004 ou sa mère dans Ritournelle de la faim.  

On le dit solaire et méditatif, en phase avec une société qui s’interroge sur la précarité de la condition humaine, inquiet du devenir des peuples premiers et des désordres que l’homme inflige à la nature.  


A Stockholm pour son prix Nobel

 

Notes et références
[1] Ma contribution intitulée L'homme et son œuvre concerne les ouvrages suivants : Le procès-verbal, Révolutions, Onitsha, Ritournelle de la faim, le Mexique et Diego et Frida, la trilogie mauricienne.



Voir aussi
* France Culture, Le Clézio Paradoxe et secret : Vie secrète, Une œuvre plurielle, Absolument moderne, Dans la forêt de ses paradoxes

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