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24 décembre 2020 4 24 /12 /décembre /2020 17:14

Ce terme assez abscons d'abstraction lyrique recouvre un mouvement pictural qui naît juste après la guerre en 1947, en réaction à toute la tradition cubiste et géométrique apparue vers 1907 des travaux de Picasso et de Braque.

 

       
De 1945 à 1956 : Bissière, Estève, Hartung, Manessier, Soulages, De Staël, Zao Wou-Ki, Mathieu, Veira da Silva, Poliakoff

 

Expression antinomique au premier abord où l'abstraction représente tout ce qui est non figuratif et lyrique le rejet de toute construction a priori, l'important mis sur l'intuition, le geste libératoire qui refuse toute théorisation.  On le voit fort bien dans l'évolution d'un Picasso qui, sans se rattacher à cette école picturale, est parti d'une structuration du tableau avec le cubiste pour finir par donner libre cours à son imagination, au geste inné pour rejoindre l'esprit de l'enfant enfoui dans l'adulte.

 

   
Georges Mathieu Torque 1965                     Hans Hartung Estampes L1970-2

 

L'abstraction lyrique est partie d’artistes pratiquant l’art abstrait et la liberté dans leur pratique. Sans évoquer les précurseurs, ce sont des artistes comme Hans Hartung dès 922 et Camille Bryen en 1936, prônant une « liberté plastique » utilisant des procédés de projection et de brossage, notamment Georges Mathieu, André Masson, Nicolas de Stael, Pierre Soulages, Jean Messagier, Zao Wou-Ki ou Olivier Debré.

 


Kandinsky 1ère aquarelle 1910          Pierre Aléchinsky L'inconditionnement humain 1970
 

Il concerne toutes les formes d’abstraction, s'opposant par là-même à l’attraction géométrique ou constructivisme, mettant l'accent sur l’expression directe et la traduction d'une émotion, exprimant quelque chose d'intime qu'ils cherchent faire surgir de l'œuvre.
 


Henri Michaux Le Cri        Kenneth Nolan Bridge, 1964
Mark Rothko Multiform 1948  

 

Les peintres de cette mouvance se sont approprié ces principes généraux pour donner naissance à plusieurs courants importants. Tous s'inspirent beaucoup des cultures primitives, de la calligraphie orientale ainsi que de l’art préhistorique et médiéval.

 

         
Karel Appel Paysages humains

La plus connue est sans doute L’expressionniste abstrait ou Action Painting représentée par Jackson Pollock, De Kooning, Hans Hofmann ou les français Georges Mathieu et Jean-Paul Riopelle. Ils mettent plutôt l'accent sur la couleur et les impulsions, qu'elles soient physiques ou psychiques.

 

     
André Masson L’âme  de Napoléon      Nicolas de Staël Le parc des princes 1952  


Le tachisme dont Hans Hartung est le précurseur, privilégie le geste qui donne vie à la figure représentée, sous des formes qui se rapprochent de la nature ou décrivent des formes spontanées de projections de peinture. Ce courant refuse toute préparation préalable, quelle soit formelle ou spatiale pour privilégier la spontanéité et puissance de concentration.
 

         
Olivier Debré,  Figure rouge 1962      Serge Poliakoff Composition abstraite 1967


Le mouvement Cobra regroupe des artistes comme Asger Jorn, Karel Appel, Pierre Alechinsky ou Arton Constant.
L'un de ses leaders Karel Appel disait :
« Un tableau n'est plus une construction de couleurs et de traits, mais un animal, une nuit, un cri, un être humain, il forme un tout indivisible.
 

         
Alfred Mannessier  Pêche au matin 1965        Jackson Pollock Number 17, 1949


Le courant du Color field painting est représenté par des artistes comme Mark Rothko, Clifford Still, Adolph Gottlieb ou  Morris Louis est centrée sur la couleur brute étalée en grandes étendues supprimant toute profondeur, cette couleur « est libérée du contexte objectif et devient le sujet lui-même. »
 

                
Maria-Helena Vieira da Silva Le jeu de cartes 1937   
Jean-Pierre Riopelle Lances 1958

 

Le courant français se regroupe dans ce qu'on a appelé La Nouvelle Ecole de Paris dont les principaux représentants sont Jean Bazaine, Albert Gleizes, Bissière, Estève, Maria Helena Vieira da Silva, Nicolas de Staël. Très influencés par le cubisme de Picasso, ils se tournent ensuite vers l'abstraction tout en préservant la composition et en réintroduisant parfois des éléments de figuration dans leurs tableaux.

 

         
Maurice Estève Joueuse de diabolo 1930      Victor Vasarely Sin Hat 33, 1972-73       Albert Gleizes Au port 1917
 

A partir des années soixante, le mouvement va avoir tendance à se fractionner dans "L'arête dure (Hard edge Peinting) avec des peintres comme Franck Stella, Ellsworth Kelly qui repartent du courant des Color Field Peinters, privilégiant une approche complètement libérée de toute référence.

 

    Bazaine Plongée 1984


Il donnera naissance au Op Art avec Vasarely, Kenneth Nolan, à la Peinture gestuelle avec Degottex et Olivier Debré et la Peinture aléatoire de Hantaï et Henri Michaux.
 

               
Franck Stella Feneralia 1995     Roger Bissière Thermidor 1960 
 

L'expressionnisme est alors délaissé triomphant des années 50. Le formalisme pur définit par Clément Greenberg qui disait que "L'art ne doit renvoyer qu'à l'art et le tableau ne parler que du tableau", va aboutir à une abstraction reposant d'abord sur une approche esthétique.

 

       
Asger Jorn Kiotosmorama, 1969           Clyfford Still 1957-J N°.1 (PH- 142)
 

Voir aussi
* Vasarely à Pompidou -- Expo Hans Hartung -- Expo Bourg : Femmes peintres --
* Expo Lyon, Formes et Couleurs -- Expo 2019, Musée de Lodève --
* Evian : Expressionnisme allemand -- L'école russe de Vitebsk --

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Posté par : Frachet à - Commentaire

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22 décembre 2020 2 22 /12 /décembre /2020 12:58

La Fabrique du geste, Hans Hartung, Musée d'art moderne de Paris, 2020

     
Autoportrait 1922                  Autoportrait 1943 Crayon sur papier
« Je déguste la nature et la vie comme chacun, ça n’a rien à faire avec ma position picturale. » Hans Hartung

Hans Hartung (1904-1989) est né à Leipzig et fut blessé pendant la Grande guerre où il perd un pied. Il peindra jusqu'à la fin dans son fauteuil roulant, avec des assistants, dans son atelier d'Antibes. Le peintre a aussi procédé à des expérimentations utilisant par exemple la branche de genêt imprégnée de peinture pour frapper sur la toile, le pistolet à air comprimé, la serpette, la sulfateuse à vigne. Non seulement il peint mais encore il pulvérise, gratte et brosse la toile avec passion. 

 

     
     Le grand cheval, 1922                      Trois personnes assises, 1923

Il avait également bien des centres d’intérêt comme la photographie, les mathématiques, le latin ou l’astronomie.

   Gouache sur papier 1940 

 

À l’occasion de sa réouverture après d’imposants travaux de rénovation, le Musée d’Art Moderne présente une rétrospective du peintre Hans Hartung.

 

           
Huile sur bois 1938          T1933-3 Huile sur toile    T1936-2, Huile sur panneau Célotex

 

Une exposition d’autant plus attendue que la dernière rétrospective date de 1969. Elle nous permet en tout cas de jeter un regard différent sur l’œuvre de ce peintre essentiel du XXe siècle et du rôle qu’il a joué dans l’histoire de l’art car il fut un précurseur de l’abstraction, l’une des avancées majeures de son siècle.
 

                 
Hartung à Antibes en 1975


C'est à partir de 1932 qu'Hartung se tournera définitivement vers l'abstraction, caractérisée par l'effacement du référent, la structure de l'espace en plans, le fonds et les formes indifférenciés, reliquat de son passé cubiste. 
 

          
Dans son atelier antibois avec son pistolet      T 1945 Huile sur toile
 

Sa soif de liberté, son style s’inscrivent dans ce siècle terrible de la montée du fascisme dans l’Allemagne son pays d’origine, aux difficultés de l’après guerre dans une Europe déstabilisée par les problèmes socio-économiques.
 

        
T1938-16 Collage sur panneau de bois             Huile sur toile, 1934
 

En 1968. Anna-Eva et Hans Hartung, divorcés puis remariés, font construire près d’Antibes une maison avec des ateliers. Hartung est alors célèbre mais il continue ses recherches obstinées sur la peinture vinylique pulvérisée, les éclaboussures, l'utilisation de balais en genêt.

 

      P1958-238 Pastel sur papier

 

Le peintre s'intéresse surtout à la lumière, son rayonnement sur la toile, renoue aussi avec « la terreur ensorcelante » des orages de sa jeunesse, l'éclat des éclairs qu’il tentait de reproduire dans ses cahiers, cette explosion des éléments qui déclenchait en lui ce qu'il appelait « l’urgence de la spontanéité. »

 

 
T1947-12 Huile sur toile  T1955-9 Huile sur toile           Pastel sur papier, 1952

 

L’exposition elle-même comprend un ensemble de quelque trois cents œuvres provenant de collections du monde entier et plus particulièrement de la Fondation Hartung-Bergman. Ce sera aussi l’occasion de mettre en lumière les quatre œuvres dont le musée a fait l’acquisition en 2017.

 

     
T 1948-18 Huile sur toile                       T 1966-K40   vinyle sur toile

 

Elle met en lumière la diversité des innovations techniques qu’il a initiées dans le cadre d’expérimentations qui ont toujours été sa préoccupation, que ce soit ses recherches sur le format et la couleur à partir d’une méthodologie, le cadrage, la photographie, l’agrandissement, la répétition et les copies de ses propres œuvres. Ses recherches ont influencé nombre de ses contemporains à l’instar d’un Pierre Soulages qui a toujours reconnu ce qu’il devait à Hartung.

 

         
Composition gouache 1970              Composition 1973

 

Cette rétrospective s'articule autour de quatre grandes sections où l'on trouve des tableaux bien sûr, mais aussi des photographies, très importante pour lui et sa recherche artistique, auxquelles il faut ajouter des œuvres graphiques, des éditions illustrées, des oeuvres sur céramique... et même des galets peints.

 


  T1971-R24, 1971, acrylique sur toile      T1973-E12, 1973, acrylique sur toile


Elle est complétée par des documents d’archives, livres, correspondances, carnets, esquisses, journal de jeunesse, catalogues, cartons d’invitations, affiches, photographies, films documentaires...

 


  T1982-R11, 1982, acrylique sur toile     T1987-H5, 1987,  acrylique sur toile

 

Au-delà de son rôle de précurseur, on peut dire que le fil rouge de l'exposition est cet espèce de dialogue qui s'instaure entre l'esthétique de l'abstraction née de son rôle de précurseur et sa vision d'un art tourné vers l'avenir.

 

          
T1989-K32, acrylique sur toile      T1 1962-L21, T1 1962-L22, T1 1962-L23

 

Voir aussi
* France Culture, Entretiens -- Spectacle-sélection --
* L'abstraction lyrique, éditions L'Objet d'Art hors-série n° 24, par Vidalinc Marie-Jo - d'Alincourt Nathalie, Paris 1945-1956, Hans Hartung pages 41-71

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<< Ch. Broussas, Hans Hartung 20/12/2020 © • cjb • © >>
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19 décembre 2020 6 19 /12 /décembre /2020 21:19

    

Vous dirais-je qu’elle est belle,
Que le temps passe sur elle,
Vraie caresse du ciel
S’envolant à tire d’ailes.

Vous confierai-je mes joies
Sans fin, mes peines légères,
Ce petit je ne sais quoi
Qui m’avait séduit naguère.

Brosserais-je cette image
D’une fille au port si sage
Qui est bien où je vais,
Qui est celle qui me plaît.

Elle vous emmène dans
Son monde si apaisant
D’où perce dans ses yeux verts
L’éclat de son univers.

Peut-être dirais-je encore…
Mais pourquoi un tel effort,
Ah, aujourd’hui comme hier
Préservons ses doux mystères.

      

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<< Christian Broussas • Je vous dirais © CJB  ° 19/12/ 2020  >>
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18 décembre 2020 5 18 /12 /décembre /2020 20:18

Ce thème, basé sur l'influence de Millet sur Van Gogh, rappelle la très belle exposition qui s'était tenue au musée d'Orsay en 1998-99, qui mettait en valeur la belle collection du musée, complétée en l'occurrence par quelques prêts d'autres musées. On peut aussi se procurer le superbe livret de l'exposition, intitulé simplement Millet Van Gogh : Exposition Musée d'Orsay, 181 pages, publié aux éditions Rmn. (Réunion des musées nationaux)

 


Jean-François Millet (1814-1875)  et Vincent Van Gogh (1853-1890)


Vincent Van Gogh alors âgé de 22 ans découvrit un jour des tableaux de Jean-François Millet  et ce fut pour lui une révélation.
Jean-François Millet sera alors pour le jeune peintre un guide et une référence, écrira son frère  Théo Van Gogh dans l'une de ses lettres.

 


La sieste : Millet 1866 et Van Gogh 1889

 

Si Van Gogh a donné plusieurs versions du Semeur, et il a aussi copié de nombreuses œuvres de Millet parmi lesquelles on peut citer Soir d’hiver, La Fin de la journée, Hiver, la plaine de Chailly, La Tonte du mouton, Le Batteur

 

         
Van Gogh, d'après Millet : La fileuse et Les sarcleuses

 

Au cours de l'automne et de l'hiver 1889-1890, alors qu'à la suite de l'épisode de "l'oreille coupée", Van Gogh se trouvait à l'asile de Saint-Rémy, il peindra vingt et une copies d'après Millet, qu'il admirait particulièrement.
Ce travail de copie il le concevait comme des improvisations, des libres interprétations qu'on pourrait comparer à un travail d'un musicien jouant la partition d'une œuvre
écrite par un autre compositeur.

 

         
Les tondeurs de moutons : Millet 1852 et Van Gogh 1889

 

Van Gogh n’a pas tout de suite révélé qu'il réalisait des copies de Millet, contrairement à Delacroix qui l’avait fait pour Rubens, Manet , Degas et Vélasquez.  “Certains sont copiés d’autres pas, j’ai commencé par hasard, puis j’ai appris et me suis inspiré de ce compagnonnage " disait-il.
 Van Gogh a commencé à copier des peintres comme Delacroix, Rembrandt, Doré, puis il passa progressivement à Millet.

 


Les premiers pas : Millet 1853 et Van Gogh 1890

 

Van Gogh, tenta d'atteindre  par huit fois le niveau du semeur de Millet mais finit par abandonner comme son frère Théo le lui avait suggéré.
Je quitte parce que je n’arriverai jamais à la hauteur du semeur”. Par cette réflexion, on peut mieux mesurer le perfectionnisme de Van Gogh.

 

       
La femme au râteau : Millet 1854 et Van Gogh 1889

 

Le musée d'Orsay possède de nombreuses œuvres que Van Gogh a consacré à Millet. Pour une exposition organisée sur ce thème, il a même fait venir à Orsay La Sieste (1889-1890), peinte d’après la gravure Midi de la série Les Quatre Heures du jour (gravées sur bois de 1858 à 1860 par Adrien Jacques Lavieille d’après Millet), de Saint-Pétersbourg Matin, couple de paysans se rendant au travail (1890) et de Komaki, au Japon, Soir, la fin du jour (1889-1890).

 


Sur la route du travail : Millet 1855 et Van Gogh 1890

 

Dans l'esprit de Van Gogh, copier permettait aussi de produire une œuvre de facture nouvelle, et on mesure bien cette différence en comparant les tableaux composés sur le même thème, les couleurs beaucoup plus vives de l’impressionnisme mises en parallèle avec  les couleurs sombres d'un classique comme  Millet.

 

       
Le semeur : Millet 1850 et Van Gogh 1881

 

On peut ainsi constater qu'un même thème peut être traité de façon fort différente selon la technique utilisée et l'idée que se fait le peintre de l'esthétique. En ce sens, il est également représentatif de son époque et des tendances qu'elle représente et dont elle est l'expression.

 

   
Les travailleurs de la terre : Millet 1854 et Van Gogh 1889

 

On peut noter que Van Gogh a réalisé assez tard ces différentes ont été réalisées, centrées sur les années 1889-90, ce qui signifie sans doute qu'il est en pleine réflexion sur sa façon de peindre et de concevoir.

 

       
Le bûcheron : Millet 1856 et Van Gogh 1889

 

Les toiles qu'il peint sur le modèle de Millet ne comptent pas parmi ses œuvres les plus connues, elles représentent le plus souvent des personnages pris dans leurs tâches quotidiennes, alors que Van Gogh a peint beaucoup de paysages.

 


Van Gogh, d'après Millet : la bergère, Le faucheur à la faucille et La lieuse de gerbes

 

l'exception est sans doute celle sur La nuit étoilée qui  montre bien le rapport qu'il pouvait avoir avec son sujet, ici Nuit étoilée sur le Rhône, très différente de son autre tableau intitulé Nuit étoilée qu'il peindra l'année suivante et et qui est très représentatif de l'évolution de son style pendant la période où il résidera à Saint-Rémy de Provence.

 

 
La nuit étoilée : Millet 1860 et Van Gogh 1888

 

Voir aussi
* Millet, peintre de la condition humaine --

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17 décembre 2020 4 17 /12 /décembre /2020 18:29

Référence : Œuvres choisies Vie et Œuvre par Léocadie Handke, préface de Philippe Lançon, éditions Gallimard, collection Quarto, 1152 pages, novembre 2020

 

« Celui qui s’avance sur le champ de neige prendra garde à marcher d’un pas léger, sans peser », Handke, Les Frelons

 

         

 

Né en 1942 en Autriche, Peter Handke vit depuis longtemps du côté de Paris. Son œuvre composite comprend des romans, des pièces de théâtre, des poèmes, des essais, des traductions et des films, en a fait un des chefs de file de la littérature germanique et lui a valu de recevoir en 2019 le Prix Nobel de Littérature.

 

             

 

Peu à peu, Peter Handke bâtit une « œuvre influente (basée) sur l’expérience humaine ». On a beaucoup insisté sur sa puissance d'analyse de l'intériorité de ses personnages, à son approche intuitive de la Nature et à la prééminence du quotidien. Il se définit comme un "homme littéraire" qui sait tout ce qu'il lui doit : « Longtemps, la littérature a été pour moi le moyen, si ce n’est d’y voir clair en moi, d’y voir tout de même plus clair. Elle m’a aidé à reconnaître que j’étais là, que j’étais au monde. »

 

        

« Je vis pour raconter des histoires. » Peter Handke

 

Enfant de la guerre, il fut à la fois hanté par le bruit des bombes et choqué par la disparition sur le front, de ses deux oncles. « Mon premier paysage, écrit-il, c’est la cour de la ferme dans l’attente des bombardements américains en 1944»

Ce qui lui inspirera ce genre de réflexion : « Lorsqu’il sortit le pied gauche, le droit s’enfonça. Lorsqu’il sortit le pied droit, le gauche s’enfonça. Lorsqu’il se mit à courir, il s’enfonça des deux pieds. »

 

               

 

Très tôt, il part sillonner l'Europe et même une partie de l'Amérique. C'est une errance qu'on retrouve dans ses premiers romans aux personnages en proie à leurs démons comme L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty en 1972 ou L’Heure de la sensation vraie en 1977, quand il met en scène ces « secondes d’épouvante »« la conscience fait mal devant le grand vide qui s’y est installé ».

 

   
Timbre-poste autrichien             Peter Hanke à Paris en 1974

 

Le pessimisme qu'il professe dans ses premiers écrits va se prolonger dans « Le Malheur indifférent » en 1975  après le suicide de sa mère.

 

               

 

Le choix de ce titre, Les cabanes du narrateur, c'est Peter Handke lui-même qui s'en explique. Étant enfant, il était dit-il fasciné par les cabanes parsemant la campagne où les paysans prenaient leur repas. Tout ça n'existe plus à présent, pas même le buisson de sureau ou de noisetier qui faisait de l'ombre au banc qu'on plaçait à proximité. La cabane était minuscule, peut-être un mètre carré et demi, pas plus.

 

       

 

C'était le cas de celle de son grand-père, qui parlait à l'imagination du jeune garçon qui y voyait  « un lieu magique  » où un être se parle à lui-même et en même temps aux autres.  « Comme ce poète grec il y a 2500 ans, Pindare, qui a dit : " Moi l’idiot qui se trouve dans la communauté". Celui dans la cabane ne se sent pas idiot au sens négatif, mais comme un homme seul – et il parle au monde entier. C’est ça, la cabane du narrateur. »

 


Le  livre des fantômes de Peter Handke au théâtre de l’Odéon 

 

Évoquant son dernier roman, La voleuse de fruits, il dit que « la banlieue peut être bucolique, mais la campagne pas du tout. » La campagne, c’est la présence du passé, tout ce qui s’est produit "dans le temps".  Mais aujourd’hui, c’est le présent qui compte.  Et ajoute-t-il,  « l’aujourd’hui, ce n’est jamais seulement aujourd’hui. C’est cela qui est passionnant, qui me met en route, à pieds ou en vélo. » Maintenant, il manque  vraiment « des aventures de lecture.  C’est cela qui m’a mis en route pendant mes 78 ans de vie, qui m’a tenu en forme parfois même aussi. Le mouvement caché du monde, voilà la littérature. »

 

           
Peter Handke et son ami Wim Wanders    Peter Handke et Jeanne Moreau

 

Cet ouvrage arrive-t-il à point nommé pour faire le point et permettre de suivre son cheminement au fil de sa création, à travers un choix de textes qui allie les récits qui ont fait son succès dans les années 1970-80 et des textes plus récents qui prennent racine dans les paysages d’Île-de-France qui forment son quotidien et nous emmènent visiter l’une de ses cabanes.

 

Voir aussi mes fiches
* Biographie de Peter Handke -- et Handke Prix Nobel de Littérature --

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16 décembre 2020 3 16 /12 /décembre /2020 06:33

Eddy va ensuite enregistrer un album atypique intitulé Grand Écran regroupant 16 de ses chansons de films préférées dont on peut extraire Frappe aux portes du paradis, une belle reprise de Bob Dylan sur des paroles d’Eddy et des chansons connues comme Si toi aussi tu m’abandonnes, Les feuilles mortes, Hier encore d’Aznavour ou Garde-moi la dernière danse de son ami Mort Schuman. [6]

  
 

En novembre 2009, Eddy Mitchell annonce simplement : « Ma tournée en 2010-2011 sera la dernière que j'effectuerai, » un an avant la sortie de son nouvel album au titre éloquent Come Back qui, outre ce titre, contient également L’esprit grande prairie composé par ses compères Souchon et Voulzy, Laisse le bon temps rouler qui rappelle Jambalaya et sur la difficulté à Avoir 16 ans aujourd’hui.

En octobre 2010, il entame une ultime tournée  intitulée Ma dernière séance, dans toute la France et se termine à l’Olympia par trois représentations.  Son album Héros sort en novembre 2013 avec les titres Les vrais héros,  Le goût des larmes et Léo, un titre inattendu dû à sa femme Murielle, un hommage à Léo Ferré.

On veut des légendes                           L'esprit grande prairie

En 2013, il participe au concert exceptionnel donné pour les 50 ans de la maison de Radio-France. L’année suivante, il joue avec Johnny dans le film de Claude Lelouch Salaud on t'aime et en novembre c’est le début de l’aventure des Vieilles Canailles avec Johnny et Dutronc.

En octobre 2015, c’est la sortie de Big Band,  son trente sixième album studio. En mars 2016, accompagné par un big band de dix-sept musiciens, il renoue avec la scène au Palais des sports de Paris pour 13 spectacles. 

Un album au « swing intemporel » dit-on, pointant le superficiel des réseaux sociaux dans « Je n’ai pas d’amis », avec humour certains médecins dans le grinçant « Combien je vous dois ? », une certaine forme de journalisme dans « Journaliste et critique », l’intrusion du monde virtuel dans « Avec des mots d’amour ». 

L’Amérique mythique est toujours là avec « Un rêve américain », rendant hommage à Frank Sinatra dans « Il faut vivre vite », et en adaptant sa chanson « Promets-moi la lune ». (« Fly Me to the Moon)

Deux ans plus tard, après la fin de la tournée des Vieilles Canailles à Bercy, c’est l’album La Même Tribu, volume 1 dont Le second volume paraîtra en mai 2018, revisitant ainsi en duos quelques uns de ses grands succès.

Voir aussi
Eddy Les adaptations –   Encyclopédisque -- Panorama de ses chansons -

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16 décembre 2020 3 16 /12 /décembre /2020 05:31

Pour les années 1990, seulement trois albums pourrait-on dire mais Mr Eddy part chanter en Arabie saoudite pour les soldats français, un concert finalement annulé par les saoudiens puis en 1993-94 il se produit dans quatre salles parisiennes [4], terminant par un concert-synthèse à Bercy.

Il participe à la bande originale du film Rock-o-rico dont il enregistre 4 chansons adaptées par son compère Boris Bergman. Il se tourne aussi largement vers le cinéma, tournant dans 7 films dont le fameux Le bonheur est dans le pré d'Étienne Chatilliez. [5]

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Rio Grande                                Un portrait de Norman Rockwell  

En tout cas, la qualité est toujours au rendez-vous avec des succès comme Rio Grande et 18 ans demain en 1993, Un portrait de Norman Rockwell et Mister JB (son hommage à James Brown) en 1996, J’aime pas les gens heureux et Décrocher les étoiles en 1999.

Ils contiennent également de petits bijoux moins connus comme Cœur solitaire, Te perdre ou Destination terre.

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J'aime pas les gens heureux                Décrocher les étoiles                   

Début 2000, il participe à l’action caritative Noël Ensemble où il chante le classique Noël blanc en duo avec Véronique Sanson et enregistre une version du Déserteur pour Ma chanson d’enfance dans le cadre d’une autre action caritative.

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Paloma dort                               Je chante pour ceux qui ont le blues

Puis sort l’album Frenchy dont il écrit le texte des 11 chansons sur des musiques de Pierre Papadiamandis, aidé les inséparables Michel Gaucher (Faudrait pas rester là) et Michel Amsellem (Au bar du Lutécia) avec notamment J’aime les interdits, La route 66 et Je chante pour ceux qui ont le blues.

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L'album "Franchy"                                       Au bar du Lutétia                  

Suit l’album Jambalaya conçut sur le même modèle, avec 11 textes écrits par Eddy sur les 12 chansons, pour l’essentiel sur des musiques de Pierre Papadiamandis, où l’on trouve les titres phare On veut des légendes et Ma Nouvelle Orléans. On y trouve aussi trois chansons interprétées en duo avec Johnny, Be bop e lula de Gene Vincent, Elle est terrible d’Eddie Cochrane (avec le concours de Little Richard) et On veut des légendes.   

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     L'album "Jambalaya"                                   L'album "Grand Écran"

* Retour à la 1ère partie : Retour 1 --

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16 décembre 2020 3 16 /12 /décembre /2020 05:19

Eddy Mitchell Discographie

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1963 est l'année où Eddy Mitchell se sépare des Chaussettes noires et se tourne vers une nouvelle carrière. Il rompt avec le son brut et minimaliste des Chaussettes noires, basé sur un trio guitares-batterie agrémenté souvent d'un saxo pour se tourner vers une diversification des instruments. 
Le style est plus "yé yé", même s'il puise largement dans le répertoire anglo-saxon et les textes, dont les adaptations qu'il signe, ne sortent guère des chansons d'amour.

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C'est le cas pour ses deux premiers albums parus en 1963 et c'est encore largement vrai pour les deux albums suivants parus en 1964 qui contiennent des titres phares empruntés aux "pionniers" comme  5 adaptations de Chuck Berry [1], 3 d'Elvis Presley, Little Richard et Buddy Holly.
Cette période se clos par le titre phare "Toujours un coin qui me rappelle" bien représentatif de son style d'alors.

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Ses tenues évoluent, deviennent "plus sages" et son jeu de scène également. Il disait en particulier dans une interview : « Je pense toucher un public qui aime la variété en général [...] Je ne ressens plus le besoin de me mettre à genoux sur scène, et si j'essayais, ça ne passerait pas. »

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Tu n’a rien de tout ça             C’est grâce à toi                      Sentimentale

Eddy évolue ensuite vers le rhythm and blues surtout dans l'album Du rock 'n' roll au rhythm 'n' blues. Ses rythmes subissent l'influence d'Otis Redding et de James Brown, et de la musique soul. En fait, il continue à alterner les chansons françaises, travaillant avec des auteurs-compositeurs comme Mort Schuman (Ma maîtresse d'école, Je défendrai mon amour, Et tu pleureras ), Guy Magenta [2]Jean-Pierre Bourteyre [3] ou Jean Renard (Je t'en veux d'être belle) et les adaptations dont il écrit souvent les textes.

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L'épopée du rock & Seul            Bye bye prêcheur           Fortissimo & De la musique

Les choses vont changer à partir de 1966 quand il va travailler avec deux musiciens qui vont beaucoup lui apporter, Jean-Pierre Bourteyre [3] avec qui il collaborait déjà, et surtout Pierre Papadiamandis, à partir de leurs premiers succès J'ai oublier de l'oublier, Seul et Je ne me retournerai pas. Eddy va aussi désormais structurer ses textes, aborder d'autres thèmes que l'amour et des textes où sa personnalité va pouvoir pleinement s'exprimer. J'ai tendant à dater ce tournant de l'album Perspective 66 avec la chanson, véritable credo qui lui servira d'étendard et fera de lui le représentant essentiel du rock français. Image qu'il peaufinera par la suite avec des chansons comme L'épopée du rock ou ses hommages musicaux à Otis Redding (Otis), James Brown (Mister JB), Jerry Lee Lewis (Le fils de Jerry Lee Lewis)...

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 Chacun pour soi & Alice            Le début de la fin               Et s'il n'en reste qu'un

Son parolier
Ralph Bernet [2] sur des musiques "rock" de Guy Magenta [2], jouera un grand rôle en confortant cette image de chanteur un peu à part qui défend ses valeurs avec Fortissimo où il faut vivre sa vie "fortissimo", Société anonyme, critique d'une certaine société libérale et dans une certaine mesure Bye, bye prêcheur. Duo créateur malheureusement interrompu par la mort prématurée de Guy Magenta.

L'album suivant, centré sur le duo Eddy Mitchell-Pierre Papadiamandis, atteint des sommets avec des titres phares comme Chacun pour soi ou Alice, et de beaux morceaux tels que Au-delà de mes rêves, Mes promesses ou Le début de la fin.

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Je n'aime que toi                               Otis                           Miss Caroline et Paul

Les années suivantes sont beaucoup plus difficiles pour Eddy Mitchell qui peine à se renouveler. S'il connaît encore quelques succès comme Je n'aime que toi (Moine, Papadiamandis) ou Otis, hommage à Otis Redding, il subit comme il dit lui-même « sa traversée du désert » qu'il a du mal à expliquer. Même le concours de son compositeur favori Pierre Papadiamandis, ne suffira pas à enrayer la désaffection du public. Les quelques réussites qu'il connaît alors, Miss Caroline et Paul en 1969, Les vieux loups et l'accident l'année suivante ou Alice au pays des amours en 1974, cachent une réalité en demi teinte.

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Les vieux loups, L'accident           C'est facile                   Alice au pays des amours

Cette difficile période peut aussi s'expliquer par la disparition à la fin des années 60 de trois de ses principaux auteurs-compositeurs, Jean-Pierre Bourteyre [3], Guy Magenta [2] et Ralph Bernet [2], créateurs expérimentés difficiles à remplacer rapidement. Les nouveaux auxquels il s'adresse seront sans doute trop nombreux pour donner une unité à l'ensemble.

Le déclic viendra sans doute de la tournée qu'on lui propose pour renouer avec le temps des Chaussettes noires. Pour lui, pas question mais ça lui donne l’idée de repartir sur ses fondamentaux, le rock, la country… avec Pierre Papadiamandis.

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                                                   C'est un rocker

1974, c'est le renouveau avec l'album Rocking in Nashville, la rencontre avec Charly mc Coy et la reprise de 4 Chuck Berry dont C'est un rocker et À crédit et en stéréo puis avec l'album suivant Made in USA qui contient Je vais craquer bientôt (Eddy-Papadiamandis) et Je ne sais faire que l’amour (Eddy-Mc Coy).

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Dès lors, Eddy va enchaîner les succès avec le couple moteur Mitchell-Papadiamandis  qui compose en particulier les 3 grands succès que furent La fille du motel (1976), La dernière séance et Il ne rentre pas ce soir (1978).
Les adaptations choisies par Eddy, qui en signe aussi les textes, complètent ce panorama avec bonheur avec notamment Sur la route de Memphis, Pas de boogie woogie, Et la voix d’Elvis, Tu peux préparer le café noir.

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La décennie suivante sera au diapason, avec une stratégie quelque peu différente qui sera désormais la marque de sa différence : des textes très travaillés qu'Eddy écrit sur des musiques le plus souvent de Pierre Papadiamandis, au fil de leur collaboration une véritable osmose se crée entre eux, parfois avec d'autres musiciens.

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Désormais, les adaptations qui avaient largement contribué à son succès de ses débuts, deviennent beaucoup plus rares. Les "pionniers du rock" s'éloignent pour donner naissance à un grand équilibre entre le texte et la musique. Le parolier Claude Moine s'affirme ainsi et se hisse à la hauteur du chanteur Eddy Mitchell.

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Les années 1980 seront très prolifiques d'où émergeront dans chaque album quelques titre phare comme Couleur menthe à l’eau et Happy birthday en 1980, Le cimetière des éléphants et Elle ne rentre pas ce soir en 1982, Comme quand j’étais môme, Le blues du blanc, Nashville ou Belleville en 1984, Manque de toi, Oldie but goodie, Vieille canaille en 1986, La peau d’une autre, 60-62, M’man en 1987 et Lèche-bottes blues, Under the rainbow en 1989.

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Accès à la deuxième partie : Suite 2 --

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15 décembre 2020 2 15 /12 /décembre /2020 22:38

Référence : Jean Verdon, La vie quotidienne au Moyen Âge, édition Perrin, collection Tempus,381 pages, 2015, Poche, 2020

 

            

 

« Une synthèse originale et simplifiée. » Le Figaro Histoire

 

Jean Verdon, spécialiste des mentalités à l’époque médiévale, est l’auteur de La femme au Moyen Âge en 2001 et 2018, Voyager au Moyen Âge en 2007, Le plaisir au Moyen Âge, en 2010, Le Moyen Âge ombres et lumières en 2013 et S’amuser au Moyen Âge en 2016.

 

               

 

Présenter la vie quotidienne au cours de tout le Moyen Âge est tâche ardue sinon impossible pour une époque qui s’étend sur dix siècles, de la fin de l’Empire Romain à la Renaissance. Si ces sociétés évoluent assez  peu au cours des siècles, la condition des populations est bien différente entre les contemporains de Clovis et ceux qui vivent à la fin du XVe siècle.

Il s’agit ici de tracer les différentes lignes d’évolution qui permettent de comprendre comment  s’habillaient, mangeaient, s’amusaient, priaient les populations de ces temps anciens, de leur naissance à leur mort. Avec cette limite que pour mener à bien cette analyse, nous possédons beaucoup moins de données historiques pour le début du Moyen Âge et le règne des Mérovingiens que pour le XVe siècle.

 

              

 

Au Moyen Âge, on perçoit le temps de manière bien différente qu’actuellement. Non seulement l’espérance de vie est beaucoup plus faible mais les gens sont moins sensibles au passage du temps. En témoignent la longueur des voyages qui se font alors à traction chevaline.

Le temps lui-même est fonction des saisons qui rythment le travail, surtout pour les paysans qui forment l’essentiel de la population française.  C’est un temps « naturel » qui le restera jusqu’au XVe siècle, époque de l’invention de l’horloge mécanique qui changera radicalement le rapport au temps. Cette invention se répandra surtout dans les villes, beaucoup plus tard dans les zones les plus reculées, l’Église en profitant pour conforter son pouvoir en scandant le temps à travers les cloches de l’église de chaque village.

 

               

 

L’année est alors domine par trois événements essentiels : Noël le 25 décembre, l’Annonciation le 25 mars et le jour de la Résurrection pour Pâques. Le millésime  n’apparaît que dans les actes officies, les gens se raccrochant à des événements  locaux ou familiaux pour avoir des repères temporels.

On voit que la notion de temps a un rôle considérable, d’abord l’information qui prend beaucoup de temps pour circuler, beaucoup de gens prenant connaissance d’une information plusieurs mois après sa  survenue, comme la fin d’une guerre ou l’avènement d’un souverain.  Il faudra attendre d’autres progrès et de nouvelles inventions pour réduire l’espace et accélérer le temps.

 

                     
                         Communautés montagnardes au Moyen Âge

 

Les chiffres  ne sont pas forcément significatifs. D’une région à une autre, la façon de mesurer  les distances, les matières,  est variable, crée beaucoup de difficultés et ralentit la circulation des marchandises à l’intérieur du royaume.

Se marier par amour, il n’y faut pas compter, même si la sexualité joue un rôle non négligeable dans la vie du couple et dans la société. L’éducation est d’abord religieuse, basé sur la théologie et la scolastique, avec souvent des étudiants déjà remuants. Sur tout en hiver, les gens mangent beaucoup pour accumuler des calories, à une époque où le climat est souvent très froid et où les demeurent sont particulièrement mal isolées.

 

                   
Robert Delort : Le Moyen Âge et La vie au e Moyen Âge

 

Vers la fin du Moyen Âge, la ville se développe et la population a tendance à croître, même si guerres, maladies et famines sévissent périodiquement. À côté de la structure sociale classique composée de ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent, se développe le nombre de marchands et d’artisans.

La religion reste omniprésente et structure la société et impose à tout homme de penser à son salut et de préparer sa mort, même s’il ne perd aucune occasion pour s’amuser et mettre entre parenthèses ses dures conditions d’existence.

 

         
Voyager au Moyen Âge                       S'amuser au Moyen Âge

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15 décembre 2020 2 15 /12 /décembre /2020 22:31

Référence : Ruth Fivaz-Silbermann, La fuite en Suisse, préface de Serge Klarsfeld, coédition Calmann-Lévy/Mémorial de la Shoah, 1448 pages, novembre 2020

Les Juifs à la frontière franco-suisse durant les années de «  la Solution finale  »
Itinéraires, stratégies, accueil et refoulement
.
 

 

           
                                                  Ruth Fivaz-Silbermann

 

« La Suisse aurait dû accueillir tous les Juifs à partir de 1942. » Ruth Fivaz-Silbermann

 

Ce "pavé" est le fruit d'une thèse qui renvoie aussi à sa propre histoire familiale. Il est basé sur un ensemble d'archives suisses sur les réfugiés, de dossiers préfectoraux français et de documents issus d'organisations d’entraide mais l'histoire de ses patents a aussi pesé lourd sur sa décision d'entreprendre ce travail.

 

  
                       Photos de réfugiés juifs

 

C'est l’Anschluss en 1938 qui pousse ses parents Mary et Victor Silbermann à fuir Vienne. La moitié de la famille ne reviendra pas des camps mais ses parents parviendront à obtenir un visa du consul de Suisse à Venise et se retrouve à Zurich. Tous deux sont alors internés au camp de Girenbad près d’Hinwil. Libérés, ils s'installent à Zurich où son père fait des traductions clandestines pour vivre.
En 1945, ils parviennent à obtenir le droit d’asile (sur quelque 65 000 réfugiés, seuls 2000 l'ont obtenu) et s'installent à Genève.

 

         



À l’été 1942, «  la Solution finale de la question juive  » se met en place en France. Beaucoup de Juifs qui n'avaient pas encore pris la mesure de la menace, tentent de fuir en Suisse, solution qui paraît la plus simple, en traversant si possible la zone libre. Mais beaucoup d'entre eux seront arrêtés et déportés.

 

           
L’exposition au musée de la Résistance et de la déportation à Nantua (01)



La Suisse, peu favorable à cet afflux de population, entrouvre néanmoins ses frontières avec une certaine mauvaise volonté. Les chiffres reflètent bien la situation : quelque 12  500 Juifs venus de France y sont effectivement accueillis mais près de 3  000 sont refoulés et largement mis en danger.
( En frontière de la zone occupée par exemple, le taux de déportation est 50%, une personne sur deux n'ayant pas réussi de survivre à son refoulement)

 

          

 

On y suit le fonctionnement des réseaux, payants ou bénévoles, des passeurs, l'essor des réseaux de la résistance juive de plus en plus présents en Suisse.
On y rencontre d
es Juifs qui se décident à prendre la fuite après l'exécution de la "solution finale", le personnel qui a participé à la politique d’extermination, les dirigeants suisses et les politiques qu'ils ont suivies.

 

            
Enfants juifs réfugiés           La frontière de St Gingolf en avril 1943  



Ruth Fivaz-Silbermann estime que la Suisse a pratiqué une politique restrictive en n’autorisant l’entrée dans le pays qu’aux personnes avec visa ou sous protection des Conventions de La Haye. « Officieusement néanmoins, dès l’été 1942, une politique d’urgence plus souple a été appliquée sous la pression de l’opinion publique et des lobbys pro-réfugiés », écrit-elle. Des instructions de tolérance ont été émises et la Suisse a accueilli au total quelque 22 000 juifs pendant la guerre. » Elle ajoute qu'aucun des 4000 refoulements enregistrés sur l’ensemble de la frontière helvétique ne lui semble vraiment justifiable.

 

 
                                           Camion de maquisards à Divonne 01

 

* Voir mon site Autour de l'histoire, Le XXe siècle --

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