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17 octobre 2019 4 17 /10 /octobre /2019 14:45

              
 

« La littérature, c'est le langage devenu langage ; la langue qui s'incarne. J'écris avec la respiration, pour découvrir le sacré, celui de la vie. »
 

Le Nobel 2019 à Peter Handke, en voilà une nouvelle ! On était bien convaincu que son soutien à la Serbie et à Milosévic l’avait définitivement rayé de la liste des "nobélisables" et lui-même en retour avait snobé et même dénigré l’Académie suédoise.
 

Un prix déjà attribué à sa compatriote Elfriede Jelinek, mais non à son autre compatriote Thomas Bernhard. Lui qui a utilisé toutes les formes littéraires est considéré comme un conteur silencieux et minoritaire, allant, des  romans aux essais introspectifs, en dialogues philosophiques, des pièces de théâtre en scénarios pour le cinéaste Wim Wenders, [1] a fini par bâtir patiemment une œuvre.
D’où son étonnement mêlé d’émotion quand il apprit la nouvelle.

 

     
 

Il a fait partie de ce qu’on appelé la contre-culture des années 60-70 marquée par une résistance aux normes, allant jusqu’à prendre la défense de la Serbie lors de la guerre de Yougoslavie. Un homme à part qui disait, reprenant le titre de l’un de ses livres : « Les gens déraisonnables sont en voie de disparition. » [2]
 

De cette œuvre multiforme, on peut retenir l’Angoisse du gardien de but au moment du penalty, son roman de plus connu, l’Heure de la sensation vraie, la Courte Lettre pour un long adieu, l’Absence, la Femme gauchère, Lent Retour, Mon Année dans la baie de Personne, la Nuit morave. S’il a écrit sur les frontières, il a été longtemps un grand voyageur cherchant cette part cachée au-delà du brouillard des paysages et de la conscience. Son ami et traducteur Georges-Arthur Goldsmith présente ainsi ce qu’il cherche : « Parvenir, à force de concentration, à ce point d’intimité où celui qui écrit bascule en celui qui le lit. »
 

           
 

Sacré programme. Le personnage de Mon Année dans la baie de Personne [3] paru en 1994 le formule autrement : « Je me réjouissais de ma marche solitaire et j’avais cependant besoin de la marche en commun ; et lorsque cette joie me remplissait, je m’enflammais pour les absents : je devais, pour que cette plénitude fût valide, la partager à l’instant avec eux, l’élargir. » Son exigence, c’est la présence, la participation active du lecteur.
 

      

Sa biographie se retrouve parfois dans son œuvre. Dans Le Recommencement, il raconte comment il s’est fait renvoyer de son collège parce qu’il avait de "mauvaises lectures", en particulier Faulkner et Bernanos, dans Le malheur indifférent, il relate le suicide de sa mère en 1971, dans Mon Année dans la baie de Personne, Georg Keuschnig est comme lui un écrivain autrichien habitant près de Paris, évoquant une année de sa vie dans une banlieue en lisière de forêt... qui ressemble à Chaville.
 


Avec sa compagne Sophie Semin

Après des années vagabondes où il voyage en Yougoslavie, au Japon, aux États-Unis ou en Alaska, où il s’installe à Francfort, à Paris et Salzbourg, il s'est posé avec sa compagne la comédienne Sophie Semin à Chaville dans la région parisienne depuis 1990.



Avec Wim Wanders

 

Dans Mon année dans la baie de Personne paru en 1994, il écrit que « la région toute entière m'est apparue comme une baie où nous jouerions le rôle d'objets échoués sur le rivage. ». Il dit aussi que c'est « la plus reculée, la plus secrète, la moins accessible des baies donnant sur la mer de la capitale. »

     

Un film intitulé Le joueur mélancolique, lui a été consacré en 2002, une mélancolie dont il dit dans Essai sur la fatigue [4] : « La fatigue n’est pas mon sujet, mais mon problème, un reproche auquel je m’expose. […] Et pour les fatigues amènes, les plus belles de toutes qui m’ont aiguillonné pour cet essai, je voudrais tout autant rester sans cœur : qu’il me suffise... d’encercler l'image par la langue avec ses vibrations et ses méandres, si possible sans cœur. »
 

 
Handke aux funérailles de Milosevic  

 

Notes et références
[1] Pour Wim Wenders, il a écrit les scénarios de L'angoisse du gardien de but au moment du pénalty (d'après son roman), Faux mouvement, Les ailes du désir, Les beaux jours d'Aranjuez. 
[2] Titre d’une pièce de théâtre publiée en 1997 aux éditions L’Arche.

[3] Titre d’un roman paru chez Gallimard en 2000 (édition française)
[4] Essai paru en français chez Gallimard en 1991 et chez Folio en 1996

 

    

Voir aussi
* Présentation de Peter Handke --
* Peter Handke en 3 livres, Le Point --
* Elfriede Jelinek et le Winterreise --

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12 octobre 2019 6 12 /10 /octobre /2019 18:16

Référence : Éric Branca, L’ami américain, Washington contre de Gaulle, 1940-1969, éditions Perrin, août 2017
 

            

Dans cet ouvrage, Éric Branca renoue avec les essais consacrés au gaullisme et au général de Gaulle. [1] Cette fois, grâce à des témoignages inédits et à la déclassification de certaines archives, il dévoile avec beaucoup de détails, les arcanes du jeu diplomatique entre la France gaulliste et les États-Unis ainsi que le rôle des plus trouble de la CIA dans les rapports souvent difficiles entre les deux pays. [2]
 

    
Avec le président Kennedy                     Avec le président Nixon

 

Titre paradoxal puisque Éric Branca traite des relations tumultueuses entre le général de Gaulle et les États-Unis. On connaissait déjà l’animosité pendant la Seconde guerre mondiale entre la France libre et les États-Unis, entre le général de Gaulle et le président Roosevelt, mais ces débuts calamiteux ont perduré jusqu’au départ du général en 1969 et même jusqu’à la disparition de son successeur Georges Pompidou. [3]
 

Le général de Gaulle confiait en janvier 1963 à Alain Peyrefitte : « Les Américains ont toujours la tentation de s'appuyer sur ce qui est mou plutôt que de s 'appuyer sur ce qui est ferme . Dans tous les pays sous-développés, ils ont la tentation de s'apppuyer sur les planches pourries qui leur sont favorables---et d'autant plus favorables que ce sont eux qui les ont pourries---, plutôt que de s'appuyer sur des régimes durs, issus d'une véritable volonté populaire ; car ces régimes-là, ils les craignent .

Pendant la guerre, ils s'appuyaient sur Pétain, ou sur Darlan, ou sur Giraud, contre de Gaulle qui incarnait la volonté de la nation . [...] Les Américains ne pourront jamais s'empêcher de favoriser au maximum la carrière d'un Jean Monnet, car ils reconnaissent en lui leur homme , et de s'opposer à de Gaulle, car ils sentent en lui un homme qui leur résiste . Pourtant, ils devraient comprendre que le meilleur allié des États-Unis, ce n'est pas celui qui s'aplatit devant eux, c'est celui qui sait leur dire non . » [4]
 

      

Pour qui connaît peu cette situation, il peut paraître incompréhensible le refus du Général de Gaulle en 1964 de présider les vingt ans du débarquement allié en Normandie. Pour qui connaît de Gaulle, tête de cochon aux inimitiés tenaces,  c’est moins étonnant. Mais le problème n’est pas seulement une grande inimitié entre de Gaulle et certains présidents comme Roosevelt ou Johnson, c’est surtout une volonté des américains d’abaisser un allié récalcitrant qui refuse de s’aligner sans conditions sur les positions américaines.
 

Les présidents américains n’ont jamais admis que la France gaulliste quitte les instances de l’OTAN, supprime toutes les bases militaires installées sur le territoire national et joue sa propre carte diplomatique en prenant une position de pays non aligné refusant de choisir un camp entre les américain et les soviétiques au temps de la guerre froide.  Cette autonomie française et les distances prises à l’égard de l’OTAN ont débouché sur la création d’une force nucléaire qui permet de s’affranchit de la tutelle militaire américaine.
 

      
Livres de François Kersaudy sur le général de Gaulle

 

Toujours aussi paradoxal, le soutien entièrement acquis du Général aux États-Unis dans le domaine international, lors par exemple des phases les plus cruciales de la guerre froide, par exemple lors de la crise des missiles russes installés à Cuba, alors que le Département d’État et la CIA ont plusieurs fois tenté de l’éliminer de la scène internationale.
 

        

Les Américains ont en particulier torpillé la politique française en Algérie en aidant l’OAS, en finançant le FLN, ce qui est particulièrement grave, et une partie de la classe politique française, le plus connu étant sans doute le financement de Force Ouvrière en 1947 pour affaiblir non seulement le mouvement syndical français mais aussi un Parti communiste très près de la CGT . [5]

On suit avec intérêt les relations conflictuelles entre les deux pays, les coups tordus fomentés  par les États-Unis, et en premier lieu la CIA, pour dompter un "allié" parfois turbulent et malcommode à manœuvrer.  
L’auteur déplore que cette politique d’indépendant de la France vis-à-vis de ses alliés et de sujétion à tout autre pays n’ait pas été poursuivie après la présidence de Georges Pompidou, même par les présidents français qui appartenaient au courant du gaullisme, un Nicolas Sarkozy  prenait comme un compliment d'être surnommé "l'américain".
 


Notes et références
[1] On peut citer ses deux livres biographiques ("De Gaulle", Molière, 1999, réédition chez PUF en 2010, "Charles de Gaulle", éditions du huitième jour, 2006), "De Gaulle et les Français libres", éditions Albin Michel, 2010, "Jacques Chirac, Chronique, 2015
[2] Cette stratégie est allée jusqu’à vouloir isoler de Gaulle « quand ce n’est pas carrément pour l’éliminer. »
[3] L’auteur note qu’il n’y a que le président Nixon qui ait vraiment tente de se rapprocher de la France, en comprenant et en admettant sa politique d’autonomie

[4] Chapitre 11, la symphonie inachevée, page 280
[5] « … L’aide apportée dès 1945 aux nationalistes algériens ou indochinois [est allée] jusqu’au soutien direct fourni à l’OAS dans les derniers mois de l’Algérie Française. »

 

Sélection bibliographique
*
François Kersaudy, De Gaulle-Churchill et De Gaulle-Roosevelt, éditions Perrin, 2001 et 2004
* Raoul Aglion, Roosevelt-De Gaulle, éditions Plon, 1984
* David Raynolds, Churchill-De Gaulle, éditions de La Martinière, 2015
* Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, éditions Plon, 1954

 

Voir aussi mes fiches :
*
Éric Branca, Les entretiens oubliés d'Hitler --
* Rosella Postorino, La goûteuse d'Hitler --

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11 octobre 2019 5 11 /10 /octobre /2019 21:39

La peinture belge au musée de Lodève : James Ensor, René Magritte, Paul Delvaux, Pierre Aléchinski…

 

      
                                       2- Alfred Stevens La visite des condoléances 1857

 

Cette exposition au musée de Lodève dans l’Hérault, permet de parcourir les plus grands peintres belges représentés au musée d’Ixelles à Bruxelles. Elle permet d’avoir une idée de son évolution entre la fin du 19e siècle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, d’y déceler les influences et sa singularité marquée par un balancement entre le réel et l’imaginaire, une certaine propension au non-conformisme.
 

   
3- Ensor aux masques 1899          4- Georges Lemmen Nu, 1907

Pas moins de 90 œuvres sont exposées, réparties en pré-impressionnisme et impressionnisme, symbolisme, fauvisme, expressionnisme, surréalisme, abstraction et le mouvement CoBrA abstraction construite et lyrique.
 

          
5- Jan Varhas Les demoiselles            6- Herman Richir, Le thé
de Van der Perre, 1887               (le couple Wytsman)

C’est la première moitié du XIXe siècle qui verra se constituer une identité artistique spécifiquement belge. À l’exemple de la France, un salon officiel des Beaux-Arts est organisé en alternance dans les principales villes de Gand, Anvers et Bruxelles. Puis les musées vont essaimer peu à peu dans tout le pays, constituant un art belge spécifique, même s’il a subi l’influence des grandes nations voisines.
 


7- Georges Morren Femme épinglant son chapeau, 1901
8- Jan Toorop, Dame à l’ombrelle, 1890
9- Théo Van Rysselberghe, Jeanne Pissarro, 1895

Les mouvements impressionnistes

La fin du 19e siècle voit éclore une avant-garde belge va créer une grande émulation culturelle qui va compter dans l'évolution picturale de cette époque. Ce foisonnement artistique dû surtout à Octave Maus (1856-1919) va déboucher sur les différents courants impressionnistes par l’intermédiaire du marchand d’art Durand-Ruel (1831-1922) et l’on peut admirer dans les grandes expositions initiées par Octave Maus la fine fleur de l’impressionnisme français, entre autres Berthe Morisot et Camille Pissarro fin 1880 puis Sisley qui influenceront un artiste comme Émile Claus (1849-1924). [Voir photo 11]
 


10- Rik Wouters Le chou-fleur 1912     11- Émile Claus La Levée des nasses, 1893

 

Un tournant sera pris en 1886 avec la toile de Georges Seurat (1859-1891) Dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte (Art Institute of Chicago), exposée à Bruxelles en 1887 avec Pissarro et Signac. Ce sera l’origine de l’émergence d’un courant belge spécifique avec Willy Finch (1854-1930), Henry Van de Velde (1863-1957), Théo Van Rysselberghe (1862-1926), Anna Boch (1848-1936), Georges Lemmen (1865-1916).
[Voir photos 9, 20, 21, 22, 4]

 

             
12- Théo Van Rysselberghe             13- Constant Permeke Niobe 1951
Portrait de Constant Permeke

Les artistes belges ont largement participé aux différentes évolutions picturales qui ont marqué le 20e siècle, le symbolisme qui va développer les thèmes des mythes et des légendes, se focaliser sur la féminité, chez Félicien Rops comme chez Fernand Khnopff.
 

       14- Paul Delvaux La fenêtre 1936  15- Fernand Khnop La chimère 1910  
16- Georges De Geetere Portrait de sa femme

 

On retrouve la fascination pour la couleur, en particulier dans le fauvisme, chez des peintres comme James Ensor le plus connu, [Voir photo 3] pratiquant la couleur pure et les touches larges mais aussi chez Rik Wouters (1882-1916), Willem Paerels (1878-1962), Ferdinand Schirren (1872-1944) ou encore Jos Albert (1886-1981). [Voir photo 17]
 

             
17- Jos Albert, Grand intérieur, 1914  
18/19- Frits Van den Berghe, Stella Van de Wiele 1916 et L’idiot devant l’étang 1926


Après la Grande Guerre, l’expressionnisme flamand vise un art plus populaire et agreste, en particulier avec Constant Permeke (1886-1952), [Voir photo 13] Gustave De Smet (1877-1943) [Voir photo 24] et Frits Van den Berghe (1883-1939). [Voir photos 18, 19] Parallèlement se développe un courant surréaliste dynamique basé sur le rôle de l’introspection et de l’inconscient, une poésie qui se dégage de ses œuvres, faite de réalisme confronté à l’étrangeté. Ces tableaux pleins de mystère se retrouvent chez les deux grands maîtres de ce courant, René Magritte (1898-1967) [Voir photo 23], le maître incontesté qui cultive une ambiguïté pleine d’ironie [1] et Paul Delvaux (1897-1994) [Voir photo 14] qui peint un univers mystérieux marqué par le silence et des décors austères.
 


20/21- Anna Boch En juin 1894 et Composition du bouquet    
22-
Willy Finch Fleurs en pot
 

Dans sa toile L'Heureux donateur  (1966), René Magritte [Voir photo 23], à travers son titre,  rend hommage à Jean Coquelet,  ancien conservateur du Musée d'Ixelles, pour ce qu’il lui doit. La toile met en perspective  de la silhouette de l'homme au chapeau melon investie par un paysage nocturne dominé par une lumière contrastant avec l'intérieur de la maison pour en augmenter l’ambiguïté.
 

                         
23- René Magritte L’heureux donateur, 1966 
24- Gustave De Smet La bonne maison 1926

 

Le groupe CoBrA (contraction de Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) prône un retour à la spontanéité de l'art, à relier au courant de l'Art Brut qui se développe en France à la même époque avec Jean Dubuffet (1901-1985) ou Chaissac (1910-1964). [2] Leur crédo : dépouiller l’art de toute référence intellectuelle. Par exemple, chez Alechinsky et Dotremont, le tableau est d’abord un ensemble de jeux graphiques sans signification explicite, ce dernier travaillant sur le concept de "peintures-mots" puis d’écriture peinte (les "logogrammes"). Leurs tableaux avec leurs figures géométriques et leurs volutes colorées donneront naissance au courant qu’on a appelé l'abstraction lyrique.
[Voir photos ci-dessous, 25, 26]

 

     
25- Pierre Alechinsky, CoBrA de transmission, 1968 Acrylique sur toile
26- Christian Dotremont, Logogramme 1972

 

Ce courant est d’abord dit "abstraction construite" et repose sur la négation de la forme. Un peintre comme Jo Delahaut (1911-1992) travaille à réduire la forme, évoluant vers ce qu’on nommera l’abstraction géométrique avec des artistes comme Luc Peire (1916-1994) [Voir photo 30] ou Dan van Severen (1927-2009).

      
27- Englebert von Anderlecht, Peinture bleue n°101, 1960
28- Jacques Doucet Terre de mer, 1960 (abstraction lyrique)

Tous les artistes ne se retrouvaient pas dans les différents mouvements qui bouillonnaient à l'époque. Ni dans le courant marqué par la figure de Jo Delahaut ni avec le groupe CoBrA.
 


29- Antoine Mortier Floraison en bleu, 1963

Ils se sont  souvent tourné vers l’École de Paris de l’abstraction lyrique comme Bram Bogart (1921-2012) qui relie sa gestuelle picturale aux propriétés de la couleur ou  Englebert Van Anderlecht (1918-1961) [Voir photo 27] et Antoine Mortier (1908-1999). [Voir photos 27, 31, 32]
 


 30- Luc Peire Nieuw Rotterdam, 1961

 

Antoine Mortier [Voir photo 29] va progressivement passer de la figuration à l'abstraction, rejoignant à partir de son tabeau "Figure bleue couchée", les courants de l'Action painting et l'expressionnisme abstrait. Chez lui, ce n'est pas seuement le geste qui compte mais le sujet qui est longuement travaillé et réinterprété.

               
31- Jo Delahaut Composition 52       32- Bram Bogart Aquagravure croix 1990

Notes et références
[1]
Voir  dans ses œuvres les éléments qu’il utilise, comme les (bilboquets, les quilles, les planchers, cheval et cavalier.
Voir L'art brut, La relation entre Chaissac et Dubuffet --

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10 octobre 2019 4 10 /10 /octobre /2019 15:45

      
 Photo de l'artiste                                  Bal au Moulin-Rouge 1890

 

J’avais été séduit il y a bien des années par la visite du Palais de la Berbie à Albi, situé juste à côté de la cathédrale Sainte-Cécile, consacré essentiellement aux œuvres de Toulouse-Lautrec. C'est pourquoi j'étais curieux de savoir ce que donnerait cette nouvelle exposition et ses orientations.
 

     
 Clown Cha-u-Kao                      Louis Pascal 1891

 

Cette fois, c’est le Grand Palais qui consacre une grande rétrospective à Henri de Toulouse-Lautrec, une initiative mise en place avec la participation en particulier du musée d'Orsay et du musée de l'Orangerie.
L’artiste est surtout connu pour ses sujets pris sur le vif, du monde de la nuit parisienne. Cet univers clos qu’il a si bien peint et croqué.
 

  Un salon de la rue des Moulins 1994 
 

C’est un ensemble de 200 œuvres qui sont présentées et qui entendent bien revenir sur cette « vision conflictuelle de sa modernité » qu’on lui a trop souvent reprochée, lui qui a réussi avec bonheur à si bien représenter son environnement, « avec une force unique, rendant plus intense et significative "la vie présente". »

 


Une salle du musée                                                   Les 2 amies, 1895

À travers ce Paris des plaisirs défendus, ignorés avec ostentation par la bourgeoisie, Toulouse-Lautrec se veut « interprète pugnace et cocasse, terriblement humain au sens de Daumier ou Baudelaire", sans jamais porte un jugement sur le spectacle qui s’offre à ses yeux.
 

        
 Aristide Bruant                      Yvette Guilbert                    Bal masqué

 

Au cours de l'exposition, on peut aussi prendre connaissance de sa correspondance avec des peintres de son époque, comme Édouard Manet, Edgar Degas, Forain ou Ingres qui vont l’influencer, « transformer son naturalisme puissant en un style plus incisif et caustique ».
 

   
Femme à sa toilette 1891                                   La Goulue au Moulin-rouge 1892
 

Voir aussi
* Van Gogh, La nuit étoilée -- Expo Evian, Les derniers impressionnistes --
* Expo Montélimar, De Renoir à Picasso -- Expos 2018, Edouard Vuillard --
* Berthe Morisot à Orsay, 2018 -- Les impressionnistes à Londres, 2018 --

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8 octobre 2019 2 08 /10 /octobre /2019 21:50

Référence : Haruki Murakami, Profession romancier, éditions Belfond, parution en France octobre 2019
 

           
« Nombreux sont les gens qui adorent émettre un avis ne reposant sur aucune base solide, si ce n'est la direction du vent. »

 

Haruki Murakami, optimiste, estime qu’il n’est pas très difficile d’écrire un roman, même un « roman magnifique. » Ce n’est en fait ni simple, ni vraiment impossible. En revanche, le problème essentiel est « d’écrire des romans encore et encore. » Il y faut pour cela une « capacité particulière, qui est certainement un peu différente du simple "talent" ».


Pour savoir si on dispose de ce "talent", une seule solution : « plongez dans l’eau et voyez si vous nagez ou si vous coulez. »

 

           

D'un point de vue littéraire, il est assez difficile à définir. Ses ouvrages tiennent du réalisme magique à la Garcia Marquez, marqué par une ambiance assez glauque, surréaliste, mélancolique. Si le fil conducteur tient souvent de l'enquête policière, la couleur générale tire plutôt vers la science-fiction et le fantastique, mâtinée d'un humour ironique. Ses personnages sont plutôt des êtres solitaires, qui communiquent peu, se sentent aliénés par la société libérale.

 

Dans cet essai très personnel, Haruki Murakami raconte et se raconte, portant un regard aigu et passionnant sur son métier de romancier. Partant de ses obsessions pour réfléchir sur l’acte d’écrire, L’acte de lire ou ce qu’il pense de la société japonaise, Murakami nous faire aussi entrer dans sa vie quotidienne.

 

   

À cet égard, la couverture du livre est très intéressante puisqu’elle représente le drapeau japonais, en couleur inversée et la balle de base-ball rappelle un match où le futur auteur, c’était en 1979, s’était soudain posé cette question : « Et si j'écrivais un roman ? »


Le livre qui fait la part belle à l’autobiographie,  regroupe en fait différents articles écrits sur plusieurs années,  sur le thème de son identité de romancier, ce qui explique le manque de transition entre les chapitres. C’est aussi pour lui l’occasion de se positionner face à l'écriture, les livres et la littérature, son parcours personnel.

 

     

Murakamu reconnaît avoir eu un parcours atypique, même pour un japonais ? Il avoue être quelqu'un de solitaire, plutôt individualiste et contestataire, sans doute à l’image de beaucoup de ses principaux personnages. Son quotidien, c’est quelque cinq heures d'écriture le matin et la course à pieds tous les jours. Il évoque avec un certain détachement son rapport à ses lecteurs (les nombreux courriers qu’il reçoit) et les critiques parfois violentes qu’il subissait à chaque parution de ses ouvrages.

 

     

 

 Toute cette agitation le laisse assez indifférent, prenant du plaisir à écrire et en retravaillant ses textes jusqu’à la dernière minute. Sur le plan personnel, il aime la musique et la littérature, ce livre est truffé de références à des auteurs comme Raymond Carver ou Fitzgerald,  dont il assure aussi la traduction des livres en japonais. Autodidacte, il n’a guère d’appétence pour le système éducatif de son pays.


Il a aussi travaillé comme journaliste-essayiste, par exemple sur les voyages en Europe, le jazz, la course de fond, ses activités de prédilection, et sur les deux désastres japonais, le séisme de Kobe et l'attentat chimique à Tokyo en 1995, qui l'ont beaucoup marqué.

 


Voir aussi
*
Murakami, Le meurtre du commandeur -- Le passage de la nuit --

* Murakami, L’incolore Tsukuru Taraki -- 1Q84 -- Profession romancier --
* Marguerite Duras, Écrire

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8 octobre 2019 2 08 /10 /octobre /2019 11:13

   

« Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité. »
Antoine de Saint-Exupéry

 

Venez, venez, je vous offre mes rêves,
Vous serez ainsi comme ma relève,
J’en ai plein les poches, plusieurs milliers,
A vrai dire toute une infinité
Pour vous tous, les jeunes, selon vos goûts,
Pour aspirer aux espoirs les plus fous.


Oh, Il m’en reste encore tant et tant
Mais je suis maintenant pris par le temps,
Une simple vie n’y pourrait suffire
Et pour en apprécier tous les plaisirs,
Ce que je ne pourrai réaliser,
Je vous en fais don bien volontiers.


Oh, les rêves, ça ne coûte pas cher,
Ça pèse peu et ça ne compte guère
Mais c’est un peu comme l’air qu’on respire,
Un impondérable pourrait-on dire,
Qui, au moindre petit souffle, vibre
et nous suggère qu’on est libres, libres.
 


 

Aussi, prenez-en le plus grand soin,
Ne les abandonnez pas dans un coin
Car voyez-vous, ils me sont si précieux,
Un don des cieux quasi miraculeux,
Ils sont comme de pâles primevères
Qui éclosent au sortir de l’hiver.

 

Aujourd’hui, je vous les offre mes rêves,
Prenez, prenez les tous, ils sont ma sève,
Toute ma vie, ils m’ont accompagné
Et simplement m’ont aidé à aimer,
Je n’ai rien d’autre pour tout héritage,
Je n’ai vraiment qu’eux pour tout apanage.

 

Les rêves sont comme des papillons
Voletant, qui s’échappent et puis s’en vont,
Ne tentez pas de les emprisonner,
Ne jouez pas avec leur liberté,
Il faut y penser encore et encore
Il faut y croire fort, vraiment très fort,
Pour qu’ils puissent alors se réaliser,
Il faut apprendre à les apprivoiser.
 

 

<< Christian Broussas – Mes rêves... - 01/10/2019 - © cjb © >>

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8 octobre 2019 2 08 /10 /octobre /2019 11:02

Dites, notre bon ami Cornélius,
C’est quand même un cas, un sacré Gugus.
Chez lui, il s’ennuyait fort le pauvre homme,
Il ne se sentait pas toujours en forme,
Alors, il inventait des tas d’objets,
Étudiant,  multipliant les essais,
Des machines d’une grande beauté
Mais peut-être sans grande utilité,
Peu importe il en avait tant et tant
Pour les tout-petits comme pour les grands.


L'esprit constamment en ébullition,
Il créait toutes sortes d'inventions,
Et puis un jour, un jour vraiment béni,
Ça devait bien être vers les midis
Soudain, une idée géniale lui vint,
Ah, il n’avait pas travaillé en vain,
"Euréka" cria-t-il, j’ai inventé
la machine à fabriquer des baisers !
 

Il me faut confectionner sans tarder
Des baisers par centaines, par milliers,
De tous les formats, de toutes couleurs,
Des ronds, des carrés, en forme de cœur,
De gros baisers sucrés pour les enfants
Très sages et même pour les plus gourmands.
 

Envolez-vous mes baisers les plus doux,
Je vais préparer un truc un peu fou
Pour mieux duper cette fichue sorcière
Et sa vilaine langue de vipère,
La faire très belle, la transformer
En une douce petite mémé.
Quelle bonne farce, quelle fierté
De ce bon tour que je vais lui jouer !

Car dans la vie, il faut parfois un rien,
Un mal peut aussi devenir un bien
Par la magie de l’ami Cornélius

Un véritable professeur Nimbus,
Et la sorcière, méchante mégère,
Peut devenir une belle grand-mère.
 

Et si alors vous êtes vraiment sages,
Elle vous distribuera des images,
Elle vous racontera des tas d’histoires,

Si belles que vous ne pourrez qu’y croire.
Vous y passerez de si bons moments
Que vous vous en souviendrez très longtemps.

<< Christian Broussas – Cornélius - 05/10/2019 - © cjb © >>

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7 octobre 2019 1 07 /10 /octobre /2019 20:13


L'entrée du musée place des Terreaux         Vue d'une salle de l'exposition

 

Cette exposition qui s'intitule « Penser en formes et en couleurs » est particulièrement importante puisqu'elle illustre le rapprochement entre le musée des Beaux-Arts (MBA) et le musée d’art contemporain de Lyon dans le « pôle musée » initié en 2018. 

 

              
Jawlanski  Tête de femme Méduse       Jean Dubuffet, Paysage blond, 1952
Lumière et ombre 1923

 

Cette décision impliquait aussi un rapprochement entre leur fond des artistes contemporains couvrant les XXe et XXIe siècle, les relations entre les deux collections et met l'accent sur les diverses approches d'artistes de cette époque autour du thème de la couleur.

 

L’exposition tire son titre d’un aphorisme de Georges Braque, qui fut publié en 1917 par Pierre Reverdy dans la revue Nord-Sud : « Le peintre pense en formes et en couleurs ».

 

       
Jean Bazaine Les comédiens 1947   
Fernand Léger, Les 2 femmes au bouquet, 1921

 

À travers quelque 120 peintures, sculptures, installations, dessins et objets, une soixantaine d’artistes représentatifs des deux collections seront présents dans l'exposition.

Parmi les artistes représentés, des peintres connus du XXe siècle, Robert Delaunay, Fernand Léger, Jean DubuffetHans Hartung ou contemporains comme Olivier Debré, Pierre Soulages, Serge PoliakoffJean Fautrier ou moins connus tels Georges Adilon, Steven Parrino, Alan Charlton, Bernard Aubertin, Lucio Fontana, Olivier Mosset, Christian Lhopital ou François Morellet.

 

               
Robert Delaunay Rythme 1934             Steven Parrino Turning Blue 1984
 

Les artistes choisis aiment exploiter toutes les possibilités de la couleur, vecteur de la façon dont les visiteurs la perçoivent. Ils recherchent aussi une certaine qualité vibratoire et lumineuse propre à la couleur, la capacité de simuler une impression de mouvement sur la surface plane de la toile.
 


Georges Braque Femme au chevalet 1936
 

Chaque tableau doit pouvoir donner une idée de l'intention du créateur et des conditions de sa création. L'exposition est délibérément centrée sur les liens, les associations entre les œuvres, sans souci de sen tenir à la chronologie. Elle est organisée par thématiques pour mieux mettre en valeur la filiation entre les œuvres retenues, au-delà des modes et des écoles.
 

       
Serge Poliakov Composition                   Hans Hartung Pas-72, 1948
 

L’exposition s’ouvre par l’ensemble Ambiente spaziale, de Lucio Fontana (1967), mettant en parallèle des effets de lumière noire et de peinture fluorescente, puis le tableau intitulé Rythme de Robert Delaunay (1934), basé sur les travaux du chimiste Michel-Eugène Chevreul. Toutes deux ont largement influencé l’utilisation de la couleur dans la conception d’une œuvre picturale.
 


Danseurs de Christian Lhopital et sculpture d'Etienne Martin
 

La peinture Paysage blond de Jean Dubuffet, des séries Paysages du mental évoque des territoires imaginaires assez éloignée des techniques picturales occidentales, ce qui explique qu’on la rapproche parfois de la création collective des aborigènes Warlukurlang Panapardu jukurrpa, Flying Art Dreaming.
 

  
Fred Deux, La patiente, 1972     Olivier Mosset, Escort, 1987
 

Le tableau mural tout en longueur Painting in 36 parts d’Alan Charlton, ensemble de panneaux dans des tons de gris qui permet d’en avoir une vision structurée, rappelle les tonalités grisâtres dans les dessins de Fred Deux.
 

                            
Fernand Léger La botte de navets 1951     Bernard Aubertin Monochrome rouge A5
 

Autre exemple retenu : Le tableau La Botte de navets de Fernand Léger repose sur la dissociation entre le dessin et la couleur. Cette technique rappelle des œuvres plus récentes de Phil Sims dont le principe repose sur l’étendue du champ coloré, et de Steven Parrino dont le tableau Turning Blue utilise comme technique une toile entièrement bleue, détachée du châssis, froissée puis refixée dans une position différente pour remettre en cause l’objet tableau dans sa dimension et sa planéité.
 


Face à face, le bleu de Parrino et le jaune de Sims font pendant aux couleurs primaires de La botte de navets de Fernand Léger
 

Voir aussi
* Expo Lyon, Présentation --

<< Christian Broussas – Formes/Couleurs - 07/10/2019 - © • cjb • © >>

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6 octobre 2019 7 06 /10 /octobre /2019 14:51

Comment nous sommes devenus américains
 

Référence : Régis Debray, Civilisation, Comment nous sommes devenus américains, éditions Gallimard, collection Blanche, 231 pages, 2017
 

       
 

« Je me demande si tout ceci –l’Europe- ne finira pas par une démence ou un ramollissement général. "Au quatrième top, il sera exactement… la fin d’un monde". » Paul Valéry, Cahiers, 1939
 

Paul Valéry, qui savait les civilisations mortelles, ne souhaitait pas qu’on perde trop de temps à définir de vagues entités. Mais quand même, que représentent ces deux notions de culture et de civilisation ? La culture, c’est d’abord une singularité vitale enracinée dans un peuple et un sol, la civilisation est elle, inerte et sans racines. Pas de civilisation sans culture mais elle possède en plus « un grand rêve et une force mobile. »

 

    
 

Pour en évaluer les conséquences, Il faut une bonne connaissance de la situation géo-politique et historique du monde, ce qui devrait inciter, selon l’auteur, « les enfants de la télé qui nous gouverne à mieux étudier l’histoire et la géographie avant de se mêler d’affaires qui leur sont étrangères. »

 

L’Occident dominateur a bien rempli sa fonction de mythe, « qui est de changer une histoire en nature et la contingence en évidence. » L’évolution en son sein est due à la primauté de "l’homo economicus". En 1919, on trouvait une civilisation européenne avec en périphérie une culture américaine et en 2O17, une civilisation américaine dont les cultures européennes « semblent au mieux des variables d’ajustement. »
Comme disait le secrétaire d’état américain Dean Rusk, « Si vous ne faites pas attention à la périphérie, celle-ci change et devient le centre. »

 

              

De la CIA au Rap, en passant par Mac Do, on constate sans l’ombre d’un doute l’imprégnation de la culture française par les États-Unis, que Régis Debray analyse avec une ironie frondeuse, à travers  aussi bien la vie quotidienne et l'histoire de l'humanité. On part de la Grèce antique et  l'Empire romain pour évaluer les mécanismes  des transferts d'hégémonie pour mieux éclairer notre présent dans une démonstration  ambitieuse et fort bien documentée.
 

L’américanisation s’immisce partout. En 2008, les ministères furent évalués par une entreprise privée américaine, passant au-dessus de l’inspection des Finances. Á Sciences-Po, réformée elle aussi par une firme américaine, plus de la moitié des cours sont dispensés en anglais et le cours sur les politiques culturelles en France appelé « Cultural Policy and Management ».


On ne dit plus « prolétaires » mais « milieux défavorisées », « clochards » mais « SDF », « santé gratuite pour tous » mais « care ». On est passé au black-blanc-beur et « la quête de l’égalité a été remplacée par le mirage de la diversité et le sociétal a étouffé le social. »

 

           

 

L’idée essentielle de Régis Debray est que « l’Amérique c’est de l’espace tandis que l’Europe c’est du temps. »  Aux États-Unis, domine le symbole de l’Easy Rider alors qu’en Europe, c’était le terroir. [1] Maintenant, ce serait plutôt des espaces en Europe (salle d’attente, voies piétonnes, "open bars" et  "open spaces"  un peu partout. On passe du "Qui tu es" au "Où tu es" à travers la géolocalisation, le peuple et devenu une « population », alors que le peuple, c’est d’abord « une langue, des habitus, un passé, une gastronomie, du et des liens. »
 

Notes et références
[1]
Voir son essai intitulé
Éloge des frontières où il réhabilite la notion de frontière --
 

Voir aussi
* Commentaire de Libération et de Médiapart
* Régis Debray,
Un été avec Paul Valéry --

<< Christian Broussas Debray Civilisation - 05/10/2019 - © • cjb • © >>

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6 octobre 2019 7 06 /10 /octobre /2019 14:30

Une  sympathique journée dans le centre-ville de la capitale bretonne par une belle journée de fin d’été.
 

        
                                                                                  La préfecture

Parmi les "incontournables", principaux monuments de la ville, nous avons pu apprécier le palais du Parlement de Bretagne construit tout au long du 17è siècle, après sa longue restauration suite à l’incendie qu’il a subi, quelques beaux  hôtels particuliers (du 17è au 19è siècle), les deux grandes places royales de l’hôtel de ville et du Parlement de Bretagne, l’Opéra et sa coupole du 19è siècle) ainsi qu’une belle collection  de maisons à pans de bois s’étageant du 15è au 17è siècles que j’ai particulièrement appréciées.

    
Maisons à  colombage du 15è siècle

 

Les plus anciennes sont à encorbellements parfois très prononcés et les plus récentes plutôt du style à façades verticales. Nous avons longuement flâné à travers le quartier dans la rue Saint-Sauveur, la Place du Champ-Jacquet, la rue Saint-Michel et surtout la rue du Chapitre avec une superbe maison d’angle.
 

La rue du chapitre
Dans cette rue siégeait la communauté des chanoines de la cathédrale (ou chapitre) sépare la ville médiévale de la partie reconstruite après le grand incendie de 1720.

 
Maisons anciennes de la rue du Chapitre 

 

Ses nombreuses maisons à pans de bois témoignent de l’importance du bois comme matériau de construction (et donc des risques d’incendie) jusqu’au 17è siècle et de l’évolution qu’on peut constater entre les immeubles du 15è siècle (au n°3) et du 17è siècle (au n°5).
Les plus riches choisissaient la pierre, matériau noble des hôtels de Brie (1624) et de Blossac 1728), construits pour des parlementaires.

 

     
                   Les hôtels de Brie (1624) et de Blossac 1728

 

La place et la rue Saint-Sauveur
Elle est d’abord intéressante par son église, située au cœur du secteur protégé,  sur la place Saint-Sauveur, à proximité de la place du Parlement-de-Bretagne. Seules deux façades, celle du sud s’ouvrant  sur la rue Saint-Sauveur, et, au-delà, sur le jardin de l’hôtel de Blossac.


 
    

 

La rue Saint-Georges
C’est l’une des rues les plus animées du centre ville, où nous avons dîné le soir, qui va de la place du Parlement-de-Bretagne à la rue Gambetta où se trouve le palais Saint-Georges. Avec ses nombreuses terrasses de restaurants et de cafés, elle est vraiment l’une des plus animées du quartier.

 

Le long de la rue St-Georges

Elle comprend aussi plusieurs hôtels remarquables dont l’hôtel de Mucé, l’hôtel de la Moussaye, l’hôtel de Ferron et de beaux immeubles tout au long de la rue.
 

   
Hôtel de Mucé                                                        Hôtel de Ferron

 

Lumineux et très solennel/imposant, le Palais du Parlement est le symbole de l’art royal du 17è siècle. Ce bâtiment a retrouvé toute sa magnificence disparue après le grand incendie de 1994.
 

Place Hoche, rues Hoches et Victor Hugo

       
Immeubles d’angle Rue hoche/rue Victor Hugo et rue hoche

La rue Victor Hugo possède quelques éléments de l’ancien couvent des Cordeliers qui fut en janvier 1789 le témoin d’un des premiers mouvements révolutionnaires. Les immeubles des 7-9 et 11 sont ornés de balcons et portails en fonte moulée représentant les bustes de François 1er et de Françoise de Foix, femme du comte de Chateaubriant.
 

     
La rue et la place Hoche Église et Hôtel Galicier


La place du Parlement-de-Bretagne
La Bretagne est dotée d’un parlement aux fonctions juridique et politique. Le palais du 17è siècle, est remarquable par ses décors picturaux et sculptés. Après le grand incendie de 1720, l’architecte Ange Gabriel crée une place royale avec au centre une statue de Louis XIV.

Ici vont se dérouler en particulier la révolte du papier timbré en 1675 et les prémices de la Révolution françaises en janvier 1789. Le bâtiment accueille aujourd’hui la cour d’appel de Rennes.
 

Le Palais de justice a été édifié sur la vaste place du Palais bordée d’immeubles des 17 et 18è siècles. Le bâtiment aux lignes pures et sobres, dû à De Brosse l’architecte du Palais du Luxembourg, tient tout un côté de la place. Il comprend quatre pavillons d'angle avec circulation en galerie autour d’une cour intérieure, construite en brique et tuffeau. Il se compose aussi d’un rez-de-chaussée en structure granitique et d’un étage construit en pierre blanche.
 

 
 

La cathédrale Saint-Pierre
L’effondrement partiel de 1754 posa le problème d’une large reconstruction de l’édifice. Ce défi connut beaucoup d’aléas et la nouvelle cathédrale fut finalement inaugurée qu’en 1845. Ce qui explique qu’on ait un ensemble néoclassique avec une façade classique.  

 

     
La cathédrale : la façade principale et le vaisseau

 

La façade et ses deux tours classiques de granit de 48 mètres de haut fut édifiée en plusieurs étapes aux XVIe et XVIIe siècles. Elles comptent quatre niveaux  complétés par un couronnement. La façade possède aussi cinq blasons de tuffeau qui représentent les Beaumanoir, Charles d’Albert d’Ailly, les évêques de Lavardin et de La Mothe-Houdancourt, Charles de La Porte et est dotée de 22 colonnes de granit garantissant sa solidité.
 

        
Les Grandes Orgues                                            Le retable

L’intérieur est particulièrement remarquable avec son revêtement en stuc orné de peintures et de dorures. Dans l’une des chapelles se trouve un magnifique retable du 16è siècle en bois sculpté et doré, de grande dimension et de facture très réussie, représentant différentes scènes de la vie de la Vierge. C’est la plus belle pièce d’un ensemble qui est très homogène.
 

Les places du Champ Jacquet et Sainte-Anne
La rue et la place du Champ-Jacquet tirent leurs noms de la porte Jacquet des anciens remparts. Cette place possède de hautes maisons à pans de bois du XVIIè siècle et l’hôtel  Hay de Tise. Au milieu de la place se trouve la statue de Jean Leperdit, maire de Rennes à l’époque de la Révolution.

 

  
La place du Champ-Jacquet avec  la statue de Leperdit  


La place Sainte-Anne est située au nord du cœur historique, contiguë à l’église Saint-Aubin. Elle est bordée de belles maisons à colombage, de l’hôtel de Bretagne et de l’ancien hôtel particulier de Jean Leperdit.

 
  L’hôtel de Bretagne                                   Place Sainte-Anne

 

La piscine Saint-Georges et Les Halles

Un bijou art déco que la piscine Saint-Georges qui fut construite entre 1923 et 1926, avec des mosaïques d'Isidore Odorico.

La façade témoigne de la diversité et la polychromie des matériaux : un soubassement de granit en pierre de taille, au-dessus un parement de briques jaunes s’orne de bandeaux de brique rouge et de frises en grès, le tout marqué par des baies cintrées avec des arcs de briques rouges ou des décors de grès flammé et par deux pylônes monumentaux encadrant la halle.
 

   
Les halles Martenot                                   Piscine-bains Saint-Georges
 

Les Halles Martenot située place des Lices, font face aux hôtels particuliers à pans de bois et en pierre et se déclinent en deux pavillons à colonne de fonte et polychromie de briques, séparés par la place de la Trinité. Elles ont été terminées en 1871.

À travers l'association de matériaux nouveaux et anciens (granit, brique peinte, fer et verre), les Halles représentent un superbe exemple d’innovation dans la droite ligne des pavillons Balthard.


L’hôtel de ville, l’opéra et le palais du commerce

L’hôtel de ville
Il a été bâti au 18è siècle, un peu après le grand incendie de 1720. Une tour centrale en retrait porte le "gros" (l’horloge), reliée deux grands pavillons par l’intermédiaire de deux bâtiments incurvés. L’aile droite renferme ce qu’on appelle "le panthéon rennais", tous ceux qui sont "morts pour la France".

 

        

L’opéra de Rennes est une salle à l’italienne situé place de la mairie, du côté est, face à l’hôtel de ville. Il est inséré dans un ensemble de logements et de galeries marchandes avec une verrière à l’arrière du bâtiment. La forme proéminente de sa façade correspond au creux de la mairie, située juste en face de lui.

C’est l’un des plus petits opéras de France qui accueille surtout aujourd'hui de l’art lyrique et organise des manifestations comme l'opéra en plein air. 
 



Le palais du commerce

Le palais du Commerce date de la fin du 19è siècle.

   

Ce vaste bâtiment, situé au sud de la rue de la République, est une ancienne bourse et a été plus particulièrement le siège de la bibliothèque, de l'école des Beaux-Arts, d'un bureau de poste et du café de la paix.
 

L'ensemble monumental est en forme de "U", tourné du côté nord. Deux ailes symétriques encadrent un pavillon central surmonté d'un toit à quatre versants qui se termine par un lanterneau.
Le corps des ailes comprend onze travées et onze arcades.
                                
Les naïades de place de Bretagne

La place de Bretagne a été réaménagée et est maintenant piétonne. On y trouve depuis 2000 l'œuvre Des baigneuses pas très académiques, ensemble de quatre sculptures dues au plasticien Gérard Collin-Thiébaut.
 

                
 

Voir aussi mes fiches :
* Balade littéraire en Bretagne -- Bretagne et Côtes d'Armor --
* Julien Gracq en Bretagne -- Le "raz" de Julien Gracq --
* Max jacob en Bretagne -- Gustave Flaubert en Bretagne --

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