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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 11:10

CHANTAL THOMAS ET SON ŒUVRE

 

Chantal Thomas, née à Lyon en 1945, est une romancière qui a écrit une vingtaine de romans et a obtenu le Prix Femina en 2002 pour son premier roman Les Adieux à la reine.

         

Spécialiste du XVIIIe siècle, en particulier de Sade et de Casanova, [1] elle a enseigné dans plusieurs universités françaises et américaines. Elle est directrice de recherche au CNRS et membre du Prix Marguerite Duras.

 Le Testament d'Olympe

Apolline et Ursule grandissent dans un grand dénuement et la crainte de Dieu dans la campagne bordelaise du XVIII ème siècle sous Louis XV. Ursule la rebelle préfère fuir la maison familiale tandis que sa sœur, plus soumise, entre au couvent. Elle retrouvera finalement Ursule -qui se fait appeler alors Olympe- à Paris pour recueillir ses derniers soupirs et lui avoir confié le récit de sa vie. A travers ce texte, elle suit la destinée de sa sœur qui devint la maîtresse du roi puis tombe dans une terrible disgrâce.

 

Le roman se présente en deux parties : d'abord le récit de la vie monotone d'Apolline puis la vie tumultueuse d'Ursule-Olympe par l'intermédiaire de son journal, construction basée sur le changement de personnage en plein milieu de l'intrigue, qui n'est pas sans rappeler Psychose. Les descriptions méticuleuses donnent du relief aux portraits et le rendu de la toile de fond historique doit beaucoup à la parfaite connaissance de l'époque que possède Chantal Thomas.

 

" Une fable qui se passe au XVIII ème siècle ", dit Chantal Thomas dans une interview, en un temps qui connaît un arbitraire total quand au devenir des femmes dans cette société.

 

Référence : Chantal Thomas, "Le Testament d'Olympe", Éditions du Seuil, 303 pages, 2010


Notes et références 

[1] Voir en particulier les trois ouvrages suivants : "Sade, L'œil de la lettre", Paris, Éditions Payot, Réédition sous le titre "Sade, La dissertation et l’orgie", Rivages-poche, 2002, "Casanova, Un voyage libertin", Éditions Denoël. Folio n° 312, "Don Juan ou Pavlov", Éditions du Seuil. Point-Seuil n° 218

 

Voir aussi :

 <<<<< Christian Broussas – Courmangoux, 4 août 2012 - © • cjb • © >>>>>
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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 19:16

tumb . . . . . Wiazemsky Annee studieuse.jpg
Portrait de l'auteure et . . . . . l'année studieuse avec JP. Léaud

 

Références : "Jeune fille", Anne Wiazemski, éditions Gallimard, collection Blanche, ISBN : 978-2070774098

 

Par l'auteur de "Une poignée de gens", grand prix de l'Académie française, et de "Mon enfant de Berlin" : Claire parcourt l'Europe de la guerre comme ambulancière, de Béziers en septembre 1944 jusqu'au Berlin en ruine d'avril 1945.

Présentation

A la fin de l'adolescence en 1965, Anne la petite-fille de François Mauriac, fait une rencontre essentielle pour elle, celle de Robert Bresson le cinéaste qui cherche une héroïne pour son film "Au hasard Balthazar". Elle écrit : " A mesure que le bac se rapprochait de La Rochelle, j'oubliais maman et la semaine auprès d'elle : c'était déjà : du passé, cela ne comptait plus. Une nouvelle existence m'attendait, dont j'ignorais tout, mais qui allait modifier profondément le cours de ma vie, je le savais, je le voulais. Autour de moi, des vacanciers insouciants parlaient plages, météo, sorties en mer. En les regardant, en écoutant leurs propos, j'avais maintenant l'impression d'appartenir à un autre monde. Dans mon sac, il y avait une carte de Robert Bresson datée du 10 juillet : « Je vous attends. Je suis sûr que tout ira merveilleusement bien. A jeudi. »"

 

Elle décrit le monde bouillonnant du cinéma des années soixante, l'ambiance particulière des plateaux et des films à petit budget, on y croise Jean-Luc Godard... Elle est encore une ado en admiration devant son Pygmalion, mais qui la met mal à l'aise. De cette réalité, Anne Wiazemski tire une belle fiction explorant inlassablement les ressorts de ses personnages pour en exprimer par les mots leur part d'humanité. Une espèce de journal intime réécrit longtemps après par une femme qui a mûri... comme son écriture.

 


 

Références : "Une année studieuse", Anne Wiazemski, éditions Gallimard, 260 pages, 2012

 

tumbAnne Wiazemski en 1969

 

Présentation


Avec "Une année studieuse", Anne Wiazemski poursuit sa quête du passé, chronique autobiographique qui égrène peu à peu ses souvenirs. Nous sommes en 1966, tournant dans la vie de cette jeune fille, parcours initiatique où elle découvre le cinéma et surtout l’amour. Alors qu’elle termine un film avec Robert Bresson, elle écrit à Jean-Luc Godard, alors juste séparé d’Anna Karina.

 

Première rencontre et sentiments réciproques. Il est touché par la candeur de cette jeune fille de 19 ans, elle est sous le charme de cet intellectuel qui cite Molière ou Ramuz et lui offre des quatuors de Mozart. « Au contact d’Anne, tu deviens presque sympathique » ironise François Truffaut. Elle est son "animal-fleur" comme il dit, sa nouvelle égérie. Curieux couple qui n’est vraiment du goût du grand-père d’Anne, François Mauriac. Ils cachent tant bien que mal leur amour dans des rencontres à la sauvette ou des chambres d’hôtel, essayant d’échapper à la vindicte du terrible aïeul. Elle est en "fac de philo" à Nanterre et joue dans "La Chinoise", le film de Godard dédié à la révolution culturelle chinoise qu’il tourne dans son vaste appartement de la rue de Miromesnil. Mais il faut bien "régulariser". Ils se marient en Suisse en juillet 1967.

 

Elle le suit des ses pérégrinations chez ses amis "chics" dans le midi ou chez Jean Vilar au festival d’Avignon. Chronique d’une nouvelle tranche de vie dans le parcours d’Anne Wiazemski qui se termine ici par la préparation du film "Week-end".

tumb      tumb
Avec Jean-Luc Godard à Avignon en 1967 . . . . . Avec JP Léaud en 1967

 

Voir aussi ses ouvrages :
"Mon enfant de Berlin", "Jeune fille" et "Canines" parus aux éditions Gallimard

 

Informations complémentaires

 <<<< Christian Broussas – Feyzin, 19 novembre 2012 - © • cjb • © >>>>
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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 11:20

Colette, une provinciale à Paris

De la rue Fontaine au Palais-Royal, Chéri et la place Colette

   

 

Une des pionnières du féminisme fut Colette, à la fois journaliste, danseuse de pantomime et écrivain au style inimitable, des lieux parisiens ont gardé son empreinte.

Capitale de ses amours libres, théâtre de ses romans et de sa vie, Paris révèle Colette en femme affranchie. Quand en 1889, certificat d’études en poche, Colette fait son premier voyage pour la capitale, la petite provinciale aux tresses infinies s’appelle encore Sidonie Gabrielle. Elle n’a pas déjà fait du nom de son père, le capitaine Colette, son nom de femme de lettres. À 20 ans, elle laisse derrière elle sa Puisaye natale pour épouser le corpulent Henry Gauthier-Villars, dit Willy, et le suivre à Paris. Les tourtereaux établissent leur nid au troisième étage du 28, rue Jacob (6e).


Colette en garde un souvenir vivace, plusieurs fois traduit dans ses romans. « Sombre, attrayant comme sont certains lieux qui ont étouffé trop d’âmes, je crois que ce petit logement était très triste. Je le trouvais pourtant agréable », écrit-elle dans Mes apprentissages (1936).

 

Ses débuts d’écrivain : la série des « Claudine »
Willy l’introduit dans les salons littéraires et musicaux de la capitale. Et comme l’argent vient à manquer, il incite sa femme à raconter ses souvenirs d’enfance.
Fureur et scandale : Colette écrit son premier roman Claudine, que Willy signe de son nom. Le jeune ménage, point de mire du Tout-Paris, se rapproche du quartier des théâtres, rue de Courcelles (17e), adresse plus propice à la vie mondaine parisienne. Colette poursuit la série des Claudine dans l’ombre de son mari : La Maison de Claudine, Claudine à Paris, Claudine en ménage, Claudine s’en va… Colette, une femme libre.

 

 Ses débuts au music-hall

Colette aussi s’en va. En 1906, elle s’émancipe de Willy et s’affranchit de la morale. La voilà jouant la pantomime au music-hall. Ses tenues très dévêtues font fureur au théâtre Marigny, au Moulin-Rouge, au Bataclan… Et sa liaison avec sa partenaire Mathilde de Morny, dite Missy, fait scandale.

  Colette sur son balcon

 

Journaliste, écrivain, engagée…indépendante !
Qu’importe, Paris offre à Colette toutes les libertés. Après la scène, elle reprend la plume. La première œuvre à être signée du seul nom de Colette, Le Blé en herbe paraît en 1923, confirmant le succès de l’auteur de Chéri.  
Sous le nom de Colette Willy, la romancière se fait connaître par ses Dialogues de bêtes (1904) ou La Vagabonde (1910). Elle est aussi journaliste pour Le Matin, La Vie parisienne, Marie-Claire, ou encore Paris-Soir. Les billets de Colette sont des petits bonheurs d’écriture. Elle raconte le courage des mères pendant la Grande Guerre ou encore plaide pour que les pigeons de Paris soient nourris pendant l’hiver…


« Chéri » adapté au cinéma
Roman de Colette publié en 1920, Chéri est adapté au cinéma en 2009 par Stephen Frears. Michelle Pfeiffer y tient le rôle principal de Léa de Lonval. Le lieu du tournage, Paris, évidemment ! Un parcours cinéma proposé par la Mission Cinéma de la Ville de Paris vous fait découvrir les lieux ou quartiers ayant servi de décors au film.

Une visite qui passe par l’hôtel particulier Mezzara (16e), au balcon duquel Léa se remémore les temps heureux passés aux côtés de Chéri, mais aussi par la place Colette (1er), à côté du Palais-Royal cher à l’écrivain, ou encore par l’église du Val-de-Grâce (5e), devenue dans le film « église Saint-Étienne-du-Mont », où Chéri épouse Edmée.

 

 

 

 La dame du Palais Royal

Après deux mariages, la naissance de sa fille dite « Bel Gazou » et quinze déménagements parisiens, Colette devient la « dame du Palais-Royal », au 9 rue de Beaujolais (1er). Elle occupe d’abord l’entresol puis l’« étage noble », au premier.

Ses fenêtres donnent sur les jardins du Palais-Royal.
« Le type du jardin pour grandes personnes, c'est le Palais-Royal. Ravagé par les jeux et le séjours des enfants, il comporte peu d'attraits pour ceux-ci. Point de sable ni de gravier, la terre battue la plus ingrate, un sol interdit à l'arrosage - seules les plates-bandes et les pelouses ont le droit d'être abreuvées, et le jardinier les soigne avec amour -, notre "cour" n'est lentement et séculairement imprégnée que des pluies, de l'urine canine et des déjections humaines, disons enfantines pour atténuer un peu." Colette - Le Fanal bleu

 

Dans son écriture riche en couleurs où elle brouille régulièrement les frontières de sa vie et la fiction, Colette dépeint son « palais » dans Le Fanal bleu (1949). Avec Cocteau, en voisins, ils fréquentent les restaurants du quartier, Le Grand Véfour, comme la très chic galerie Vivienne (2e). Au no 45, la librairie Petit Siroux, aujourd’hui Jousseaume, est le repaire de l’écrivain devenue première femme lauréate et présidente de l’académie Goncourt.

 

L’arthrose, le « lit-radeau
Immobilisée sur son « lit-radeau » par une arthrose de la hanche, Colette s’éteint doucement. En 1954, l’âme du Palais-Royal n’est plus… Sur le balcon de son ancienne chambre, un « C » gravé s’entrecroise avec un soleil. « Joyau tout en or » comme la considérait sa mère, Colette témoigne dans son autobiographie En pays connu (1949) que « quarante-cinq ans de Paris n’ont pas fait de moi autre chose qu’une provinciale en quête, sur vingt arrondissements et deux rives de fleuve, de sa province perdue… ». En pays connu.

 

« Au lieu d'aborder des îles, je vogue donc vers ce large où ne parvient que le bruit solitaire du cœur, pareil à celui du ressac. Rien ne dépérit, c'est moi qui m'éloigne, rassurons-nous. Le large, mais non le désert. »

Voir aussi

* Un musée Colette à Saint Sauveur en Puisaye : ww.saint-sauveur-en-puisaye.fr 
* La maison de Colette

 

<<< Ch. Broussas –Nietzsche, Nice - 14/03/2013 < • © cjb © • >>>

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 18:34

                <<< • • Annette Wieviorka, historienne, La solution finale • •  >>>

                         <<<<<< • • • • •  °°°°°°  © CJB   °°°°°° • • • • • >>>>>>>

 

L'Heure d'exactitude ; Histoire, mémoire, témoignage est un essai d'Annette Wieviorka réalisé à partir d'une interview de Séverine Nikel [1] paru chez Albin Michel en 2011.


  Annette Wiewiorka

 

Cet essai est né d’entretiens menés par Séverine Nikel, du magazine L’Histoire, avec l’historienne Annette Wieviorka. L’heure d’exactitude. Histoire, mémoire, témoignage revient sur le parcours intellectuel de l’historienne de la mémoire de la shoah. « Une occasion de réinterroger avec elle ces notions autour du thème sans doute le plus brûlant de l’histoire publique de ces dernières décennies. »

 

Annette Wieviorka, spécialiste de la mémoire de la Shoah depuis la publication de sa thèse, Déportation et génocide en 1992, a participé ensuite à la mission Mattéoli sur la spoliation des Juifs de France et au soixantième anniversaire de l’ouverture des camps d’Auschwitz. Dans ce livre, elle tente une synthèse de la mémoire de la Shoah et ses évolutions marquantes et s'efforce de répondre au pourquoi du succès actuel de cette question, les malentendus qu'il implique, le sens du "devoir de mémoire" et de ce qu'est un témoin et s'intéresse à la portée de cette notion. [2]

 

Elle note les progrès réalisés dans la diffusion de cette notion, du travail de mémoire accompli depuis les débuts où il n'y avait guère que « Les cadres sociaux de la mémoire de Halbwachs ou l’entretien de Pierre Nora avec J.-B. Pontalis, paru dans la Nouvelle revue de psychanalyse.  » Il s'est produit une conjonction entre la volonté des porteurs de mémoire d'apporter leur témoignage et des historiens. La mémoire de la Shoa est devenue un des socles de l’unification européenne, non sans répercussions sur la reconstruction historique, les témoignages et leurs enjeux. [3]

 

Pour elle, ce qu'on appelle "la mémoire" est alors un sujet neuf et il fut impératif de bien définir ce qu'on mettait derrière des termes "mémoire" ou "mémoire collective", [4] leur mode de fonctionnement et de quels instruments disposent les historiens, en particulier concernant les témoignages.

 

Tout au long des entretiens avec Séverine Nikel, elle va préciser la façon dont elle intervient à partir des éléments de sa méthode : le travail avec des témoins vivants, le rôle de l'historien sur un point aussi crucial que l'extermination, l'appréciation de la fiabilité des témoins et de leur lieu de mémoire. Pour cela, elle se réfère aussi à de grands historiens de cette époque comme Saul Friedländer ou Christopher Browning.

 

Jean-Pierre Rioux y voit déjà une réponse aux questionnements qui sont la base de l'ouvrage sur la transmission, guidé par la conscience qu'ils auront à vivre à l’ « heure d’exactitude » qui succèdera avec le temps à « l’ère du témoin ». [5] C'est ce constat qui impose aux historiens de poser des règles précises pour donner une représentation des faits la plus claire possible et toujours les replacer dans le contexte de l'époque.

 

                      

Informations complémentaires

Bibliographie
  • Annette Wieviorka, "Déportation et génocide", 1992 et "Ère du témoin", 1998
  • Sur Auschwitz : "Auschwitz expliqué à ma fille", Éditions du Seuil, Paris, 1999, ISBN 2020366991, "Déportation et génocide. Entre la mémoire et l'oubli, Hachette, "Pluriel" », 2003, "Auschwitz, la mémoire d'un lieu", Hachette, "Pluriel", 2005, ISBN 2012793029, "Auschwitz, 60 ans après", Robert Laffont, 2005, ISBN 2221102983
Voir aussi
  • Site de la fondation Shoa
Liens externes
 Notes et références
  1. Séverine Nikel est rédactrice en chef - responsable des collections - de la revue L’Histoire.
  2. Voir l'article de Bruno Frapa "De la mémoire à l’histoire" dans La Croix du 16/11/2011
  3. Voir Entretien avec Annette Wieviorka sur le site nonfiction.fr du 24/11/2011
  4. Cf L'émission Mémoires Vives avec interview audio
  5. Jean-Pierre Rioux, Maison de l'histoire de France, 22 novembre 2011
<<<<<< Christian Broussas – Courmangoux, 5 août 2012 - © • cjb • © >>>>>

 

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