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30 janvier 2020 4 30 /01 /janvier /2020 22:29
James Tissot, L'ambigu moderne

Dans un précédent article intitulé "Les impressionnistes à Londres", j'avais évoqué James Tissot parmi les artistes français ayant fui, à partir de 1870, la guerre avec la Prusse et la Commune pour gagner Londres

    
James Tissot, Autoportraits, 1865 et 1898 


Jacques-Joseph Tissot - dit James Tissot, (1836-1902) s'il fut un peintre et un graveur français, était un anglophile convaincu, en témoigne le prénom qu'il se choisit, classique plutôt qu'impressionniste comme on l'a souvent écrit, préraphaélite, a beaucoup donné dans le portrait mondain.

        
Un bal, 1878                       Une histoire ennuyeuse, 1872

Il a fait l’objet de plusieurs expositions dont les plus récentes à Nantes intitulée "James Tissot et ses Maîtres" en  2005 et New-York en 2009.

      
Portrait de Mlle L. L. 1864        La japonaise au bain 1864


Ses premières œuvres sont marquées par le néoclassicisme de ses maîtres lyonnais Hippolyte Flandrin (1809-1864) et Louis Lamothe (1822-1869), représentant par exemple des scènes en costume médiéval autour du mythe de Faust, comme en 1860 La Rencontre de Faust et de Marguerite

 
Quiétude (Portrait de Kathleen Newton), 1881

Très doué dans les portraits de la bonne société, (Portrait de Mlle L.L., 1864), il évoluera de la peinture historique aux scènes de son époque.


Une histoire intéressante 1872

En 1870, James Tissot participa à la guerre franco-prussienne dans les Tirailleurs de la Seine puis à la défense de Paris pendant l'épisode de La Commune dont il reste un dessin "les Éclaireurs de la Seine". Il quitta la France en 1871 pour l'Angleterre où il fut reconnut comme le meilleur portraitiste de l'époque victorienne.

 
Portrait de Katheleen 1880          Katheleen dans un fauteuil 1878

Comme ses contemporains Alfred Stevens ou Claude Monet, James Tissot explora ce qu’on appelait le japonisme, incluant dans certains tableaux des objets et des costumes japonais.
(Voir par exemple ci-dessus le tableau La japonaise au bain de 1864 ou ci-dessous Jeunes femmes regardant des objets japonais de 1869).



                    La sœur du capitaine 1873


En 1882, il est de retour en France après le décès de sa compagne Kathleen Newton [1]. Il avait trouvé à Londres une source incomparable d'inspiration, surtout avec Kathleen, qui sera pendant sept ans son modèle favori et qu'il représentera donc à de nombreuses reprises. Divorcée et mère de deux enfants, elle mourra encore jeune de tuberculose et il ne pourra s'en consoler.

  
Sur la Tamise 1874                       
Jeune femme dans un bateau


On peut en voir quelques exemples ci-dessous avec les tableaux Octobre et Quiétude ou ci-dessus avec le portrait à la robe rouge datant de 1880 et Katheleen dans un fauteuil de 1878. 

   
La lecture du journal 1874                      Vacances, 1876

En fait, son retour en France va se révéler assez difficile. Dès 1883, il tente de s’imposer, exposant au Palais de l'Industrie une centaine de tableaux de sa période anglaise mais c’est un échec. Il décide alors de peindre la grande série de La femme à Paris qu'il présentera trois ans plus tard. 

  
Au bord de la mer 1878             Le parfum de Madeleine


Il essaie de s'adapter au goût français porté alors sur les scènes de spectacle ou de cirque, ce qui donnera Les femmes de sport, Ces dames des chars ou L'acrobate

   Le dernier soir 1873

 La palette se fait plus sombre, la touche plus marquée. Il accentue aussi les regards féminins, tournés vers le spectateur, joue avec les espaces, évolution qu’on peut voir dans La femme à Paris ou La Demoiselle de magasin.

     
Octobre 1877                            Le banc de jardin (Kate & ses enfants)

Il retourne vivre à Paris mais ne tarde pas à s’installer dans son village du Doubs, berceau de sa famille, dans la vallée de la Loue, pas très loin d'Ornans, la patrie de Courbet, où il résidera jusqu’à la fin. En 1888, visitant une église, il a une véritable révélation qui le poussera à se consacrer désormais à l’illustration de la Bible.

    
La mondaine                               Jour de fête à Brighton


James Tissot aimait particulièrement représenter les femmes dans les festivités du Paris du Second Empire, dans leurs plus beaux atours mais aussi dans leur solitude (voir La demoiselle de magasin par exemple). Il fréquentait des artistes comme Degas, Whistler ou Manet et emménage dans un superbe hôtel particulier avenue Foch où il affiche sa collection d’objets japonais (Jeunes femmes regardant des objets japonais, 1869).

      
Jeune femme regardant des objets japonais, 1869 - 

La demoiselle de magasin,  1883-85 - 

Deux événements vont fortement impacter sa vie : la guerre franco-prussienne et la Commune. Peut-être pour une certaine sympathie envers la Commune, il préfère s’installer à Londres en 1871. 

 
 Portsmouth Dockyard, 1877

Déjà connu, il connaît vite un beau succès avec des sujets sur la vie des londoniens, comme sa série sur le thème de la Tamise (Le Pont du HMS Calcutta, vers 1876 ou Portsmouth Dockyard, 1877). 


             Le Pont du HMS Calcutta, vers 1876 


Il a abordé d'autres thèmes comme les rapports de classes ou les comportements sociaux des Britanniques à l'occasion des festivités dans un style impressionniste rappelant certains Monet ou Renoir. En outre, il se fait connaître outre atlantique par ses eaux-fortes, comme cette série à propos du roman des Goncourt Renée Mauperin.

      
Jeune lectrice                            Le bouquet de lilas  


Il fut un homme multiple mû par le désir de compléter la technique picturale qu'il maîtrisait à la perfection en abordant d'autres disciplines telles que la gravure et à l'orfèvrerie, s'essayant également à l'estampe et l'aquarelle.

  Bal sur un bateau, 1874

Notes et références
[1] Fou de douleur, en quelques jours, il abandonne sa belle maison de St John's Wood, y laissant son matériel et des tableaux inachevés, et s'enfuit à Paris pour y confier son chagrin à son ami Edmond de Goncourt.


            
Femme tenant des objets japonais        La princesse De Broglie

Voir aussi
* James Tissot, Souvenirs du siège de Paris -- Ame voyageuse --
* Présentation et diaporamas : Album photos sur OverBlog -- James Tissot L’art magique et L’œil des chats sur Blogspot --
* James Tissot et ses maîtres par Cyrille Sciama, éditions
Somogy éditions d'art, 199 pages, novembre 2005
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<< Christian Broussas, James Tissot 29/01/2020 © • cjb • © >> 

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