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8 mars 2024 5 08 /03 /mars /2024 03:58
Référence : Louis Durot, J'ai raté le train d'Auschwitz, Éditions Slatkine,  240 pages, janvier 2024
 
Une histoire vraie pour un scénario incroyable... ou quand le destin s'en mêle et change une vie.

À la suite d'une dénonciation, Louis Durot, quatre ans, et sa famille sont pris dans une rafle le 23 décembre 1943 à Plascassier, hameau de la ville de Grasse. Selon Pierre Laval, ils étaient « immédiatement déportables. »

Mais le camion tombe en panne avant d'arriver à la gare. C'est la veille de Noël et les Allemands ne veulent pas se priver de réveillon. Ils ont alors décidé de renvoyer tout les prisonniers chez eux. Les parents, comprenant qu'ils n'étaient pas quitte et qu'ils reviendraient bientôt les rechercher, décidèrent de fuir et la famille se cacha dans quatre lieux différents.
Ils renvoient le petit Louis, son frère et ses parents chez eux en leur demandant de revenir le lendemain... ce que bien sûr ils éviteront de faire.

Louis va passer les deux années suivantes caché chez une gardienne de chèvre, dans le Sud-est, recueilli par madame Guizol à Magagnosc, village rattaché aujourd'hui à la ville de Grasse.
Là-bas, il vécu avec quatorze autres enfants, réfugiés comme lui et il était le plus jeune. Le jour, ils restaient près des chèvres et la nuit, ils partaient en quête de nourriture. Son occupation favorite était d'aller jusqu'au bord de la rivière et de sculpter de petits motifs dans des bouts de glaise.

Il deviendra un artiste reconnu, dans le style Pop Art, nous faisant découvrir son travail de création et les techniques qu'il utilise. Il connaîtra des
artistes reconnus, de grands plasticiens comme Niki de Saint-Phalle, Arman, Christo, Jean Tinguely et César dont il sera l'assistant. Lui-même travaille des matières comme la mousse de polyuréthane, utilisant ses connaissances en chimie.

Quand ses parents sont venus le récupérer deux ans plus tard, ils ne les a pas reconnus et il gardera toute sa vie la curieuse impression d'avoir été adopté. Il n'a d'ailleurs découvert qu'un peu plus tard, en 1951, qu'il était juif, alors qu'il étudiait chez les jésuites.
Une histoire qui se termine bien.

 
Le village de Plascassier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il a connu une vie assez mouvementée qu'il raconte avec beaucoup de retenue et d'humour. Comme étudiant, il a réussi à vivre grâce aux dons qu'il possédait. Élève brillant, Louis passe neuf fois son baccalauréat… payé par des parents pour passer l’examen à la place de leur rejeton ! On le retrouve ensuite jouant les gigolos à Montmartre puis s'engage auprès des communistes.

On peut avancer que
Louis Durot avait une soif de vivre, de donner une grande liberté, une légèreté à son existence pour conjurer cette solitude de l'enfance qui l’avait tant marqué.

 

Voir aussi sur la Seconde guerre mondiale
* Rosella Postorino La goûteuse d'Hitler --
* Éric Vuillard, L'ordre du jour -- Dorothy Thomson, J'ai vu Hitler --
* Stephen Bourque, Au-delà des plages -- De Wagner à Hitler --


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  ©  CJB   ° 08/03/2024  >>
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