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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 15:11

Dans la famille Robin, Hadrien Robin (1591-1666), prototype tourangeau des grandes familles de financiers, fut l’un des plus importants financiers du XVIème siècle et fit partie de ceux qu’on appelait « Ces Messieurs des Gabelles ». [1]

        

 

Avec son ami Claude Chatelain [2] et son parent Thomas Bonneau, il exerça un véritable monopole financier entre 1630 et 1660, participa largement à l’effort de guerre pendant la guerre d’Espagne –dite guerre de Trente ans- jusqu’à la signature du traité des Pyrénées en 1659 et sut aussi rejoindre à temps Mazarin et le pouvoir royal pendant La Fronde. Comme investisseur, il intervint en particulier dans les Fermes générales, participant aux Grandes Gabelles entre 1632 et 1663 et au Convoi de Bordeaux [3] entre 1641 et 1652. [4] De même, son autre tante Catherine Robin épousa un Charles Quentin qui n'est autre que le frère de Bonaventure Quentin, tourangeau lui-aussi, grand financier, fermier général des Gabelles de France de 1632 à 1655 et l'un des fondateurs de la compagnie de la Nouvelle-France. [5]

         

Hadrien Robin représente le symbole même des liens et alliances qui existaient entre les grandes familles qui alimentaient le pouvoir royal en liquidités. Sa tante Suzanne Robin (marié à Thomas Bonneau père) fut la mère des frères Jacques et Thomas Bonneau. Ses deux frères, alliés à Hadrien dans les affaires financières, illustrent bien ces interconnexions et interdépendances entre grandes familles. [6]  Le premier Charles-Daniel Robin épousa Madeleine Scarron, la cousine germaine de Michel-Antoine Scarron, grand financier lyonnais et principal fermier général des Gabelles de France en 1632. [7] Son second frère Daniel Robin, contrôleur des décimes de Touraine,  épousa Geneviève Colbert [8], petite cousine de Jean-Baptiste Colbert, le contrôleur général des finances,  et dont la sœur Marie Colbert épousa le financier Nicolas Camus. [9]

 

Ainsi fonctionne alors le maillage étroit entre familles de robe et patriciennes dont Hadrien Robin fut l’une des chevilles ouvrières, au centre de la toile financière avec les frères Bonneau. La parentèle avec les  "colbertides" explique aussi qu’il échappa largement aux foudres de la Chambre de justice de 1661. [10]

Le Coeur de l'État

Notes et références

[1] Voir le livre de Daniel Dessert, « L’argent du sel », chapitre II "Messieurs des Gabelles", Fayard, 2012
[2] Claude Chatelain (1610-1686), cousin de Marion de Lorme et parent du grand financier Etienne Pavillon, il deviendra secrétaire du Conseil des finances du roi.
[3] Voir la présentation du Convoi de Bordeaux
[4] Voir références Archives Nationales, MC, XVI, 261 bis, 01/08/1648
[5] Voir Jean-Pierre Surrault, Histoire de la Touraine, le rôle des grands financiers tourangeaux, L’Académie de Touraine, pages 135-137
[6] On pourrait continuer cette liste avec Bonaventure Quentin qui épousa Cathérine Paviillon, autre lignage ligérien, soeur du grand financier Etienne Pavillon, fondateur de la Compagnie du Cap Nord et Nicolas Pavillon, financier des Fermes générales, connu comme abbé d'Alet et ami intime de Saint-Vincent-de-Paul.
[7] Proche aussi du pouvoir par son parent Jean-Baptiste Scarron, gérant de l’abbaye de Cluny pour le compte de Richelieu.
[8] Voir François de Colbert, "Histoire des Colbert du XVème au XXème siècle", 2001, isbn 2-00-071101-4, page 56.
[9] Ibidem page 51 à 53. On trouve aussi dans les textes les deux patronymes de Camus ou de Le Camus
[10] Voir Inventaire d’Hadrien Robin, Archives Nationales, LI, 199, 19/01/1668

 

Jean-Paul Charmeil - Les trésoriers de France à l'époque de la Fronde - Contribution à l'histoire de l'administration financière sous l'Ancien Régime.

     Les trésoriers de France

 

Bibliographie

* L’histoire des Colbert et Daniel Dessert, Jean-Baptiste Colbert : le royaume de monsieur Colbert (1661-1683), édition Perrin, 2007, isbn 978-2-262-02367-6

* Michel Antoine, "Le cœur de l’Etat, surintendance, contrôle général et intendance des finances", 1552-1791, Fayard, 2003

* Françoise Bayard, Le monde des financiers au 17ème siècle, Flammarion, 1988

* Martine Bennini, Les conseillers à la cour des aides, 1604-1697, éditions Honoré Champion, isbn 978-2-7453-1916-6, 2010

* Christian Bouyer, Les finances extraordinaires de la France, 1635-1648, 736 pages, Université Paris-Sorbonne, 1978

* Jean-Paul Charmeil, Les trésoriers de France à l’époque de la Fronde, éditions Picard, 1964, isbn 2-7084-0176-9

 

Voir aussi : le financier Paul de Sève


Christian Bouyer   

                Christian Bouyer                                            Michel Antoine
   

         Françoise Bayard                           Daniel Dessert

 

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 14:50

MARC LAMBRON ET SON ŒUVRE

 

 

« Le petit garçon que j’étais a eu le sentiment que les écrivains étaient des enchanteurs » a-t-il écrit.

 

Comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, voici comment il présente sa biographie (sucincte) : « Je suis né dans le quartier des Brotteaux (à Lyon). Études au lycée du Parc, puis cascade de concours républicains : Normale Sup, agrégation, ENA. J'en sors à vingt-huit ans pour intégrer le Conseil d'État. Là, en parallèle à mes fonctions de juge administratif, j'essaie de me consacrer à des activités d'écriture. Je deviens critique littéraire au 'Point', dont je tiens le feuilleton depuis 1993. Collaboration à de nombreuses publications, dont 'L'Infini', 'La Règle du Jeu', 'La Nouvelle Revue Française', 'La Revue des deux Mondes', 'Commentaire', 'Le Monde', 'Le Nouvel Observateur', 'Madame Figaro' ...  »

   

1941

Référence : Marc Lambron, "1941", Paris, Éditions Gallimard, 2011, ISBN 978-2-07-078659-6

 

1941 : année maudite, année charnière, année phare aussi pour qui comme l'auteur s'intéresse de près aux années du régime de Vichy. Pendant l'été chaud de 1978, un normalien vacancier rencontre une jeune femme dont le père, Pierre Bordeaux, ambassadeur à Rome lui semble incarner une certaine France qui a su refuser l'occupation allemande. Mais quelque chose le gêne dans le parcours de cet homme : il se trouvait précisément à Vichy en 1941. Questions.

 

On y trouvait en effet à cette époque toute sorte de gens dans ce marigot de fonctionnaires, d'espions et de 'double-jeu'. Alors la question était légitime : Pierre Bordeaux roulait-il pour le Maréchal ou manœuvrait-il pour la Résistance ? Son parcours commence en 1938 quand il est alors attaché d'ambassade dans une capitale espagnole franquiste et rongée par la guerre. Un homme écartelé sans doute, à la fois réclamé à Vichy par l'entourage du Maréchal et contacté par des sympathisants gaullistes, il louvoie jusqu'à la rencontre providentielle de Carla une journaliste insaisissable qui le conduira à la rébellion dans cette ville où se joue une curieuse partie qui tient de l'opérette et du drame.

 

Tout y est dans cette fausse capitale de fastes du temps d'Offenbach, des vrais complots et de faux amis sous le magistère débonnaire de Pétain dont on ne sait s'il prend ses décisions en connaissance de cause ou s'il se laisse manipuler par son entourage. On y rencontre toutes sortes de gens qui auront des comptes à rendre à la Libération ou qui s'en sortiront bien, comme l'historien "Benoist-Méchin" et le diplomate-écrivain "Jean Giraudoux", le dramaturge "Ionesco" et l'amiral "Darlan", les cagoulards et les speakers de Radio-Vichy. Au-delà de toute cette tragi-comédie, il y a la passion entre ces deux êtres qui se sont rencontrer pour mieux trouver leur voie vers la liberté.


Marc Lambron chez sa mère rue Garibaldi Lyon 6


Voir aussi :


- "L'Impromptu de Madrid", éditions Flammarion, Prix des Deux Magots, 1988
- "L'Œil du silence", éditions Flammarion, Prix Femina, 1993, réédition au Livre de Poche en 1995
- "La Nuit des masques", éditions Flammarion, 1990, Prix Colette, réédition au Livre de Poche en 1992
- "Carnet de bal", Gallimard, 1992 et "Carnet de bal : chroniques 2", Grasset, 2002

 

- L'enfance de Marc Lambron

 

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 14:40

Présentation

 

L'histoire que nous conte Umberto Eco se déroule dans l'Europe du XIXème siècle, entre 1830 et 1890. C'est une époque contrastée faite de révolutions, d'inventions mais aussi d'une nouvelle forme d'antisémitisme. Depuis le succès de son roman Au nom de la rose, Umberto Eco a continué son analyse sémiologique à travers Le Pendule de Foucault ou L'Histoire de la beauté.

 

Cette fois-ci, il se lance dans une histoire à rebondissements sur le modèle des feuilletons de l'époque où se déroule l'action, mélangeant personnages fictifs et personnages historiques.


Ouvrage de référence

  • Umberto Eco, Le cimetière de Pragues, éditions Grasset, mars 2011, 560 pages

Bibliographie sélective

  • 1980 : Le Nom de la rose (Il nome della rosa) - Grasset, 1982 - (prix Strega, prix Médicis étranger) dont a été tiré en 1986 Le Nom de la rose, film de Jean-Jacques Annaud.
  • 1988 : Le Pendule de Foucault (Il pendolo di Foucault) - Grasset, 1990
  • 1994 : L'Île du jour d'avant (L'isola del giorno prima) - Grasset, 1996Liens externes
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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 14:03

Catherine Hermary-Vieille, Merveilleuses

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Merveilleuses est un roman biographique de Catherine Hermary-Vieille paru le 5 octobre 2011 aux éditions Albin Michel, isbn 2-226-22070-4, 424 pages

 

tumb  

 

Après la chute de Robespierre en juillet 1794, La Terreur est vite oubliée, d'autant plus vite qu'on veut rattraper le temps perdu, s'étourdir dans les fêtes et les divertissements en tout genre qui vont déferler sur Paris. De nouvelles têtes tiennent haut du pavé, des femmes bien sûr, frivoles, légères et charmantes comme Rose et Thérésia, merveilles des Merveilleuses comme on les surnomme, entraînant les hommes dans leurs amours, et aussi dans les ambitions et les conspirations..

 

« En 1794, après la Terreur, Paris s’est enivrée de plaisirs, de frivolité et d’excentricités. La révolution était bien terminée et les merveilleuses, les muscadins et les incroyables ont alors inspiré une nouvelle société. Une époque que fait revivre avec talent, Catherine Hermary-Vieille, lauréate du Prix Fémina avec son nouveau roman Merveilleuses. »

France-Info 19 octobre 2011

 

« Amours, ambitions, secrets d’alcôves, conspirations…, Catherine Hermary-Vieille restitue avec tout son talent romanesque et sa vivacité d’écriture les mœurs de cette époque charnière incertaine et libertine, qui mène de la Révolution à l’Empire.. »

Albin Michel, octobre 2011

 

         Josephine

               Joséphine de Beauharnais 

Liens externes

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 10:31

JEAN TEULÉ et l'histoire : CHARLY 9 et Le Montespan

 

Voir aussi l'article Jean Teulé "Fleur de tonnerre"

Charly 9, le roi Charles IX

Toujours dans le domaine historique, après son "Monsieur de Montespan", et son bras de fer avec ce roi qui mettait dans son lit tous les tendrons du royaume selon son bon vouloir, il s'occupe dans ce roman du sort du roi Charles IX, troisième fils du roi Henri II, 'fin de race' de la dynastie des Valois qui se meurt dans le sang de la Saint-Barthélémy et les fureurs de la guerre civile et religieuse.

 

« Le doux Charly 9 hallucine, blasphème, délire. Il se gorge de sang, cogne sa sœur, cette putain de Margot, fornique comme un dingue... » écrit Marie-Françoise Leclère dans Le Point, reprenant les termes de Jean Teulé. Ce roi n'a pourtant pas inscrit son nom dans l'histoire sinon d'avoir été manipulé lors du déclenchement du massacre de la Saint-Barthélémy le 24 août 1572 et mourra deux ans plus tard à l'âge de 23 ans.

 

Il faut dire qu'il n'est pas vraiment aidé par sa famille, une mère castratrice qui veut le pouvoir et lui préfère son frère Henri, le futur Henri III, son frère aîné, débile qui n'a occupé de trône que quelques mois avant de succomber, sa sœur Margot, nymphomane réputée... un roi entouré de fanatiques dans le sillage des Guise, qui prend le tournis entre les Ultras, la politique sinueuse de sa mère, les complots menés par un autre frère qui mourra avant de régner... un environnement bien trop lourd pour ses frêles épaules.

 

Son esprit ne survivra pas au massacre qu'il couvrit de son manteau royal, lui qui avait pourtant in fine tenté d'arrêter la tuerie, lui qui avait une si charmante épouse Élisabeth d'Autriche et qui offrait du muguet aux gentes dames de la cour et qui est à l'origine de cette charmante fête du 1er mai.

 

                  Charly 9 et Le Montespan

Le Montespan

Au temps de Louis XIV le Roi-Soleil, que sa femme soit choie et distinguée par le roi était source de gloire et de profits. C'est ce qui arriva à Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan que l'on jalousa de sa bonne fortune. C'était mal le connaître et louis-Henri, sourcilleux et gascon de surcroît, ne l'entendit pas de cette oreille. Il se permit, chose impensable à la cour, d'orner son carrosse d'énormes cornes -symboles du cocu comme chacun sait- et de guerroyer avec la monarchie absolue, refusant avantages de toutes sortes attachés au rôle de cocu royal.

 

Mal lui en prit car il essuya bon nombre d'avanies, prison, ruine ou même tentatives d’assassinat, mais poursuivit néanmoins de sa vindicte un roi soleil qui ne pouvait supporter pareil affront, étant lui-même fort amouraché de la belle et sublime Athénaïs.

Infos complémentaires

Voir aussi
- Jean-Christian Petitfils, Madame de Montespan, Paris, Fayard, 1988
- Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan

Ouvrages de référence

  • Jean Teulé, Charly 9, éditions Julliard, 2011, 230 pages, isbn 2260018246
  • Jean Teulé, Le Montespan, éditions Julliard, 2008, Grand Prix Palatine du roman historique, prix Maison de la Presse 2008, 310 pages

Bibliographie sélective

  • Le Magasin des suicides, éditions Julliard, 2007
  • Mangez-le si vous voulez, Julliard, 2009

Liens externes : Interview de Jean Teulé

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