Sur la pollution lumineuse

     
                                Mauvaise luminosité - Bonne luminosité

 

La démarche générale

Évaluer la pollution lumineuse suppose de définir objectifs et moyens et de poser un diagnostic selon 3 couleurs (en élargissant le spectre si nécessaire) :
- Résultats positifs : vert
- Résultats acceptables : jaune-orange
- Résultats mauvais : rouge


Le défi consiste bien entendu à passer du rouge au jaune et du jaune au vert, selon une démarche bien définie et d'un point de vue général :
* En définissant les objectifs et en prévoyant les moyens adaptés,
* En répertoriant les acteurs concernés par le dispositif, aussi bien la population que les acteurs publics et privés parties prenantes au dispositif,
* En listant les dispositifs existants, leurs avantages et leurs inconvénients,
(Voir aussi la section "Les principes d'un bon éclairage")
*
En cartographiant la zone géographique concernée,
* En planifiant la réalisation des objectifs définis (diagramme des tâches par exemple),
* En auditant les opérations réalisées tenant compte du respect des délais prévus, du positionnement de chaque opération selon le schéma rouge/jaune-orange/vert,
* En effectuant un bilan global.

 

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Le coût de la pollution lumineuse : gaspillage énergétique + Santé + Environnement
•  Éclairages inadaptés/mal conçus/inutiles • Gêne pour les particuliers
•  Émissions de CO2 (Sommeil de mauvaise qualité / Maladies (cancer, dépression,...)•Absence de spiritualité, de créativité (ciel non visible)
• Perte de biodiversité (faune/flore) /Perte de services éco systémiques (pollinisation, résistances faune, perturbation chaines de nourriture...)
• Difficulté d’observations astronomiques, découvertes scientifiques
• Perte de racines culturelles, patrimoine nocturne + Perte de possibilité de créer l’altruisme

 

         
Samuel Challéat, Sauver la nuit, éditions Premier Parallèle

 

Les principes d’un bon éclairage :,
1 Évaluer les différents besoins,
2. Vérifier que son emplacement est adéquat et prévoir les changements à effectuer,
3. Contrôler sa bonne orientation et sa bonne intensité,

4. Contrôler la durée et le temps d'éclairage(quand est-ce nécessaire ?),
5. Tester la température selon les couleurs, sachant que les couleurs chaudes sont réputées moins nuisibles.

 

 

L'arrêté du 27 décembre 2018 : (application en 2020)

Pour maîtriser le flux lumineux, il est interdit de diriger la lumière vers le ciel. L’arrêté exige que sur les nouvelles installations de lampadaires l’ULR (Upward Light Ratio) soit inférieur à 1%. C’est-à-dire que le flux lumineux ne doit pas dépasser la ligne horizontale du luminaire LED.

 


Seuils des températures couleur en Kelvins

 

L’unité choisie pour mesurer la température de couleur d’une lumière est le Kelvin. Plus le nombre de degrés est faible, plus la couleur est chaude.
Dorénavant, les équipements lumineux ne doivent plus dépasser 3000 Kelvins pour un meilleur confort visuel. Ce qui correspond à une lumière blanche chaude utilisée habituellement pour des ampoules domestiques.

Au-dessus de ce seuil, la lumière équivaut à celle du jour, perturbant la biodiversité. Par exemple, les insectes pollinisateurs ont réduit de 62% leurs visites nocturnes dans les zones trop éclairées.
Désormais aussi, il faudra adapter l’éclairage nocturne aux conditions de son environnement, plus d’éclairage systématique et maximum pendant tout le spectre nocturne par exemple.

 

De la notion de corridor biologique

 
Corridor biologique et réserves 

 

Aménager le territoire a consisté pendant trop longtemps à créer des équipements et des structures favorisant l’essor économique (autoroutes, remembrement…) au détriment de la faune et de la flore qui à force ne peuvent plus communiquer avec leur milieu naturel.
D’où une prise de conscience (récente) de ces effets et des solutions à mettre en œuvre pour "réparer les dégâts" autant que faire se peut et dégager une stratégie basée sur la notion de corridor biologique.

 

    Exemple de pont-corridor
 

Le corridor biologique (ou écologique) désigne au moins un milieu reliant plusieurs habitats vitaux pour une espèce ou une population. Ces milieux naturels indispensables à la circulation de la faune et de la flore (propagules) pour satisfaire leurs besoins (manger, dormir, hiberner, se protéger de prédateurs, se reproduire, se reposer) ont souvent été endommagés par les activités humaines et une technologie prédatrice. Il faut donc "réparer" (reconnecter) dans la mesure du possible les circuits et structures écopaysagères.
C’est en quelque sorte comme réparer les mailles d’un filet percé (en plus complexe).

 

 
Corridors continus et discontinus

 

La plupart du temps, deux solutions sont utilisées : restaurer les mailles du réseau d'un habitat fragmenté, protéger ou restaurer les habitats endommagés. Cette évolution a progressivement engendré une législation pour protéger ces milieux, ensemble de textes aussi bien locaux que nationaux selon le niveau d'intervention, aussi bien préventifs que curatifs selon l'état du réseau.

On a recours à des procédés assez simples comme créer un pont au-dessus d'une autoroute pour faciliter la circulation des animaux ou une échelle à poissons pour permettre aux poissons de circuler dans un cours d'eau comme celle qui permet aux saumons de pouvoir franchir un obstacle.

 
Les tritons tracent leur liaison bio

On peut aussi mettre en place des moyens plus importants en réalisant par exemple des "couloirs d'eau" pour permettre une circulation des eaux interrompue par la construction d'un barrage. On en trouve un bel exemple au sud de Lyon avec la création sur le Rhône du barrage de Pierre-Bénite où la construction des couloirs d'eau a permis de réalimenter les zones humides en aval (les lônes lyonnaises), pour faire revivre la faune et la flore et de réactiver la roselière de Vernaison à hauteur du parc Bernard Clavel.


Malheureusement, la roselière du village de Pierre-Bénite a disparu, ce qui montre bien les limites d'une telle action curative qui ne peut pas tout réparer et l'absence dans ce cas de toute politique préventive et de définition d'actions de préservation du milieu naturel. 

On est parfois obligé d'utiliser des techniques plus sophistiquées  pour réparer des milieux naturels particulièrement sensibles comme dans le cas de l'étang de l'Or présenté ci-dessous, qui a consisté (entre autres) à construire un système de vannes pour aller pomper de l'eau dans un fleuve côtier (le Vidourle) pour diminuer la teneur en sel des eaux saumâtres de l'étang et rétablir ainsi un certain équilibre indispensable à cet environnement entre l'eau douce et l'eau salée.

 

Un écosystème local : le cas de l’étang de l’Or dans l’Hérault


L'étang de l'Or et les étangs palavasiens

 

L'étang de l'Or et ses rivages, au sud de Montpellier, c’est une étonnante diversité biologique. Au fil de ce mélange saumâtre d'eau douce et salée, on découvre un univers lagunaire très riche avec ses paysages, sa faune et ses oiseaux, ses reptiles, ses insectes, sa flore où on trouve par exemple la luzerne ciliée, plante endémique qui fait partie des espèces menacées en France.
C’est un site exceptionnel pour l’accueil des oiseaux d’eau, intégré au réseau Natura 2000 qui doit concilier conservation de la biodiversité et maintien des activités humaines dans un voisinage très urbanisé.

 


L'étang de l'Or & son éco système, faune & flore

 

L’étang de l’Or compte encore quelques pêcheurs professionnels, pêchant surtout l'anguille mais aussi des alevins de loups, des dorades, des soles, autant de poissons migrateurs venant de la mer pour grandir dans la lagune, véritable nurserie ouverte dès le mois d'avril. De plus, quelques espèces protégées s’y abritent.

 


L'étang de l'Or, vue de l'éco système

 

C’est un milieu aquatique qui demeure fragile, surveillé par des équipes du CNRS ou d'Ifremer (Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer) dans ses unités de Sète et de Palavas.

Le taux de salinité de la lagune a tendance à augmenter, l’équilibre entre eau douce et eau salée est menacé, avec pour conséquences de détruire les roselières qui abritent des espèces protégées, de s'infiltrer dans le sol et nuire aux cultures. Le Symbo suit donc attentivement le taux de sel par litre d’eau.

 

Exemple de milieux continu et discontinu :

1- Dingy Saint- Clair (74) : Vallée barrée par un torrent, le Fier, mais permettant le maillage des haies et boisements.
2- Espaces boisés isolés empêchant les invertébrés de circuler.

 

Le Symbo (SYndicat Mixte du Bassin de l’Or) a pour objectif de coordonner et animer, sur le Bassin de l’étang de l’Or :
- La prévention des inondations et la défense contre la mer, la gestion équilibrée et durable de la ressource en eau ;
- La préservation, la gestion et la restauration de la biodiversité, des écosystèmes aquatiques et des zones humides.

 

Étang de Vic-la-Gardiole

 

Dans ce cadre, et en particulier pour le second point, il exerce les missions suivantes :

  • Assure l’animation et la concertation relative à la prévention des inondations, à la gestion et à la protection de la ressource en eau et des milieux aquatiques
  • Anime les démarches de protection et de préservation des espaces naturels et de la biodiversité des sites Natura 2000 de l’étang de l'Or (ou étang de Mauguio)
  • Exerce la mission de gestion courante des ouvrages hydrauliques de la Porte de Carnon et de la station de pompage de Tamariguières et de ses ouvrages associés.
  • Intervient dans l’élaboration d’études sur les pollutions des eaux superficielles, de transition et souterraines, la protection des eaux superficielles et souterraines, la mise en place et l’exploitation de dispositifs de surveillance de la ressource en eau et des milieux aquatiques.
  •  

      
L'Étang de l'Or vers Carnon-Pérols                    et vers Lansargues

 

Pour ce qui nous intéresse plus particulièrement dans cette présentation, le syndicat a pour rôle de s’assurer que les flux qui viennent des eaux douces et des eaux de mer assurent bien la bonne salinité des eaux saumâtres des étangs lagunaires. Leur circulation représente la condition indispensable aux échanges entre étangs et au sein d’un même étang (l’étang de l’Or en l’occurrence), seule solution du continuum d’échanges pour la conservation de la faune et de la flore locales.

 

    
Pêche dans l'Étang de l'Or                         L'Étang de l'Or et le salaison 



Dit autrement, ceci revient en fait à créer un corridor biologique entre les zones différenciées de l’étang de l’Or et un large corridor biologique entre les étangs lagunaires qui forment un ensemble dans la Petite Camargue entre le canal du Rhône et l’étang de Tha, entre L’étang de l’Or et les étangs dits palavasiens (Étangs de Méjean, de l’Arnel, du Grec à Palavas, du Prévost, de Vic et d’Ingril à Frontignan).
 

Ceci est d’autant plus délicat à gérer que l’ensemble de ces étangs est traversé par le canal du Rhône à Sète, suite du canal du Midi.
On peut avoir accès à ces milieux naturels en visitant en particulier le site naturel des Salines de Villeneuve à Villeneuve Lès Maguelone, à l'ouest de Montpellier, quelque 276 hectares autour de l'étang de Vic et le Parc Naturel du Méjean, espace protégé et paradis pour les oiseaux, à Lattes au sud de Montpellier.

 

Voir aussi
* Suivi de biodiversité -- Corridors bio Grand Genève -- Corridors, agir, participer -- L'étang du Méjean --

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<< Christian Broussas, L'écologie 23/07/2021 © • cjb • © >>
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