Référence : Philippe Claudel, Crépuscule, Éditions Stock, 352 pages, janvier 2023
Dans ce roman, Philippe Claudel nous emmène dans une ville excentrée et froide, dont la vie quotidienne va être bouleversée au début du vingtième siècle, par le meurtre du curé et un déchaînement de violence.
Un meurtre mystérieux
C’est une petite ville qui pourrait être située aux confins de l’empire austro-hongrois près de la frontière turque (Philippe Claudel distille quelques indices tout au long de son roman), marquée par un rude climat marqué par le froid, la neige et le brouillard.
Dans cette cité où il ne se passe pas grand-chose, un événement va venir réveiller sa torpeur : Une nuit, deux enfants découvrent près du presbytère, le corps du curé, le crâne fracassé par une pierre. Un policier, Nourio, est chargé de l’enquête, aidé de son fidèle adjoint Baraj. Deux êtres pas vraiment sympathiques. Nourio est un arriviste très vaniteux entravé par ses pulsions sexuelles, qui s’intéresse à la jeune Lémia, la fille du sabotier. Baraj est une espèce de géant pas très beau mais plutôt doux et agréable sous sa carapace.
Malgré la ténacité de Nourio, l’enquête piétine et les autorités ne font rien pour l’aider. Cette affaire plombe la tranquillité du village. Le climat se tend et entre les habitants, la suspicion s’installe. Les musulmans peu nombreux et jusqu’à lors tolérés, sont montrés du doigt car dit Baraj « Tuer un prêtre, c’est qu’on est arrivé à la fin, la fin des temps, oui, un peu ».
Quand dans la ville rien ne va plus
On assiste peu à peu à un délabrement des relations, à la montée de la haine et de la violence.
La peur s’installe entre les gens, rien n’est plus pareil dans la ville. Quelques scènes, centrales dans le roman, sont symptomatiques du climat qui y règne, comme l’enterrement du curé et la procession nocturne qui suit ou la gigantesque chasse organisée par le Margrave de la cité.
On ne peut s’empêcher de penser à l’actualité quand le fanatisme, religieux en particulier, ruine les relations interpersonnelles et empêche toute tolérance. On s’enfonce progressivement dans un cercle vicieux qui se nourrit de ses propres turpitudes. Toute solution semble impossible, la vérité inatteignable comme cette enquête qui n’aboutit pas, même si en fin de compte, Philippe Claudel laisse la fenêtre ouverte à un faible espoir, grâce à Baraj et Lémia.
Sitographie de Philippe Claudel
Philippe Claudel, "Le rapport de Brodeck" -- L'archipel du chien --
Philippe Claudel, "L'enquête" -- "L'arbre du pays Toraja" --
Philippe Claudel, "Fantaisie allemande" -- "Le bruit des trousseaux --
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<< Christian Broussas • P. C. Crépuscule © CJB ° 27/02/2024 >>
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