Référence : Sylvain Tesson, Un été avec Rimbaud, coédition France Inter et Equateurs Parallèles, 217 pages, mai 2021

 

         

 

« Lire Arthur Rimbaud vous condamne à partir un jour sur les chemins. » Sylvain Tesson

Ce "nouvel été" avec Rimbaud cette fois-ci, est le neuvième titre de cette collection.
« Arthur Rimbaud, nous dit Sylvain Tesson,  ne voulait "qu'une chose": "exprimer l'inexprimable"; pour Rimbaud, "le poète doit être Voyant ou mort ! »

Pourquoi diable Arthur Rimbaud, ce jeune homme insupportable, est-il tant adulé, est-ce dû à sa précocité, son insolence, son côté rebelle ou sa vie scandaleuse avec Verlaine… ou une poésie incomparable ? C’est l’option de Sylvain Tesson qui écrit : « La vérité de Rimbaud, sa valeur et son éternité se tiennent dans ses vers et non dans les contradictions ou les accordements de sa vie, de son œuvre, de son époque. »

 

                   

 

On peut dire en tout cas qu’il nous offre une belle occasion d’approfondir ses recueils et sa correspondance, la maturité de ce génie juvénile et cette vie aventureuse qui ont fait sa légende. Au-delà de ces considérations, il restera toujours la vertu cristalline de ses vers, « ce verbe qui est une énigme » ajoute Sylvain Tesson, « tout juste peur-on tenter d’en décrypter les mystères. »
À une époque où pèsent de plus en plus les pouvoirs socio-économiques, il est temps d’embarquer dans le « bateau ivre » avec Sylvain Tesson.

 

           
                                                                           Sylvain Tesson Le marcheur

 

On se balade ainsi dans les paysages réels ou imaginaires du poète, suivant le cap tracé par René Char qui disait: « Rimbaud poète, cela suffit et cela est infini. »
On se balade des Ardennes à la corne de l’Afrique à la découverte du jeune homme qui bouleversa la poésie et lutta contre ce qu’il considérait comme son ennemi : l'ennui.

Dans la première partie, Le chant de l’aurore, on découvre un Rimbaud élève modèle, récompensé pour ses vers en latin. Il sera poète mais pas un poète de salon. Peu présentable ce jeune homme défendu par Mallarmé et Verlaine, comme il l’écrit lui-même : « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans. »

 

         

 

C’est dans la deuxième partie, Le chant du verbe, que nous trouvons des expressions devenues célèbres comme « abracadabrantesques » ou « l’amour est à réinventer. » Pour lui, Le  « je est un autre » comme s’il était double et avait des comptes à régler avec lui-même. Il traverse ensuite Une saison en enfer, même si, écrit Tesson, « toute saison est éphémère. »

La troisième partie intitulée Le chant des pistes, est la saison du marcheur, comme Sylvain Tesson lui-même, qui écrit que « le mouvement procure l’idée et pourvoit aux images. » Ceci renvoie à un vers d’un de ses premiers poèmes, Ma bohème : « Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course des rimes. »
N’empêche, constate Sylvain Tesson, une si grande postérité pour une production aussi mince, il faut remonter à Héraclite pour trouver un tel exemple.

 

     

 

Mes fiches sur la série "Un été avec" :
Sylvain Tesson, Un été avec Rimbaud, 2021 --
Antoine Compagnon, Un été avec Pascal, 2020 --
Régis Debray, Un été avec Paul Valéry, 176 pages, 2019 --
Patrick Boucheron, Un été avec Machiavel, 2017 --
Antoine Compagnon, Un été avec Baudelaire, 2015 --

Laura El Makki, Un été avec Proust, 2014 --

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