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10 novembre 2020 2 10 /11 /novembre /2020 13:47

Référence : Michel Onfray, La vengeance du pangolin, éditions Robert Laffont, 312 pages, novembre 2020

 

         

 

Onfray et le virus, un thème alléchant s'il en est, il fallait bien que notre philosophe s'empare du sujet et nous régurgite le résultat de ses cogitations. Et comme souvent, on n'est pas déçus, ne serait-ce que dans la façon d'aborder le sujet car ce « virus virtuel n'était pas la seule réalité avec laquelle nous avions à compter » écrit-il.

 



Onfray traite de la question avec son mordant coutumier, le désossant de son scalpel acéré... « du savon, du gel et un coude : nous étions prêts, comme en 40, le virus n’avait qu’à bien se tenir. » (page 31)

"Les masques dites-vous" ? tour à tour inutiles et même dangereux puis obligatoires, salutaires, voire providentiels. En réalité : un mensonge d’un Etat qui a préféré couvrir la pénurie.

 

   

 

Dans la veine de ses chroniques écrites ou jour le jour en fonction de l’actualité comme sa "trilogie" récente composée de Décoloniser les provinces, La cour des miracles et Zéro de conduite, Michel Onfray nous raconte sa vision de la crise sanitaire et économique.

Il fut parmi les premiers à alerter sur les dangers de ce virus alors que certains n'y voyaient qu'une nouvelle variante de grippe. Pendant le temps du confinement, Michel Onfray a tenu un "journal des événements" où il a noté faits et réflexions. Il y souligne en particulier les incohérences des politiques suivies et le rôle du Président de la république, les limites de l'idéologie libérale et de ses moyens économiques.

 

   

Dans ce domaine surtout,  le sacro-saint leitmotiv de rentabilité est subitement devenu obsolète, les carences de l'hôpital apparues sous la lumière crue de ses conséquences, la dépendance industrielle du pays dans certains domaines névralgiques a largement choqué l'opinion publique. En bon philosophe, il nous renvoie à des grands anciens comme Plutarque, Sénèque et Marc-Aurèle.

 

 

Il y voit une espèce de révélateur de l'état de nos sociétés, « des folies de notre époque » marqué par la faiblesse de l'État français et de son chef aussi bien que de l’Europe de Maastricht. Il n'est pas plus bienveillant envers les intellectuels, les philosophes qui ont choisi l'économie contre les personnes âgées, dénonçant les batailles stériles entre scientifiques, la dévalorisation de l’expertise et d'une médecine médiatique, les carences des journalistes à rendre compte de la réalité.

Il y descelle une complicité de journalistes pour faire diversion : « La télévision montre donc […] le village Potemkine fabriqué pour cacher le réel, la réalité du réel, la cruelle réalité de ce réel cruel qui est que "la France n’est pas capable de produire des masques autrement qu’en laissant des bénévoles les tailler dans des coupons destinés à des slips." » (page 215)

 

  

 

« Penser le virus » écrit-il en sous-titre, histoire de revenir à la condition humaine : la vie qui recherche la mort pour perpétuer la vie. Cette vie qui nous est si chère, la crise nous a rappelé qu'elle est en fait indifférente à notre sort ! Ce que nous dit Michel Onfray à sa façon : « Car tout ce qui vit sur la planète ne vit qu’en tuant […] C’est au prix de la mort que la vie va !  » (page 250) Ce qui finalement n'est guère plus réjouissant.

 

   
 

Voir aussi
* Les fichiers de mon site Catégorie Michel Onfray --

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